QUE FAIRE Valeurs et Actions Républicaines

BROCHURE républicaine

Que faire ?

Perspectives pour la République Sociale

 

 

Le combat pour la République sociale

par Hajoma

Sommaire

Préambule

 

La Nation contre l’oligarchie

 

Le totalitarisme marchand

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              La lutte « contre » le chômage : une escroquerie

              Le chômage : une stratégie antipopulaire

              L’emploi au cœur des enjeux politiques

    •  

                 La reconstruction du « mur d’argent »

                La concurrence destructrice

    •      L’isolement individualiste

          La réaction communautariste

          L’Europe, tombeau de la République

  •     La politique du chômage

        La destruction de la nation

 

Le chemin du renouveau

  •  

              Le revenu universel

              Déconnecter la protection sociale du coût du travail

              La protection sociale élargie

              Piloter la croissance

              Défendre l’environnement

              Réguler les échanges internationaux

    •  

                     Rétablir l’indépendance de l’Administration

                    Ranimer la démocratie

    •         Sortir de la nasse européenne

              Renforcer l’État

              Réaffirmer l’égalité et la laïcité

              Vers un nouvel équilibre mondial

  •     L’économie de la croissance

        Mettre en œuvre les droits sociaux

        Canaliser le capitalisme

        Un moyen incontournable : la souveraineté nationale

 

 


 

Chômage, précarité de l’emploi et des revenus, remise en cause de la Sécurité Sociale, insécurité, crise du logement… Depuis plus de 30 ans ces fléaux qu’on avait cru surmontés depuis les réformes de la Libération ont réapparu, la majorité du peuple de France vit dans l’inquiétude du lendemain, face à des changements économiques et une perte de contrôle des politiques suivies que nul ne semble en mesure de maîtriser.

La crise de la société française se manifeste d’abord par un affaiblissement spectaculaire des liens sociaux [1] :

Ø             liens familiaux : les personnes vivant seules représentaient 20,2 % des ménages en 1968, 31 % en 1999 ; les familles monoparentales sont passées dans le même temps de 2,9 % à 7,4 % du total. en 1972, 7,05 % des mariages avaient aboutit à un divorce après 10 ans ; en 2002 cette proportion s’était élevée à 19,7 %.

Ø             liens professionnel : en 2004, un actif sur trois était soit chômeur, soit pourvu d’un emploi précaire, soit d’un emploi à temps partiel ;

Ø             liens de voisinage : si la statistique appréhende moins bien leur dégradation, on en trouve l’écho dans les enquêtes sur l’isolement relationnel, et dans la récurrente « question des banlieues » dont les faits divers traduisent d’abord la faiblesse des relations et du contrôle social dans ces quartiers.


 


Cet isolement entraîne une dégradation des ressources et des conditions de vie que traduisent mal les seuls indicateurs de revenus.

Sur ce dernier plan, le ralentissement n’en est pas moins spectaculaire : le salaire moyen a été multiplié en 23 ans par près de 2,4, de 1955 à 78. Dans les 23 années qui ont suivies, - celle de l’explosion des politiques ultralibérale « européennes », cette progression n’a été que de 13 %. De plus, ce chiffre ne prend pas en compte les ravages de la précarité et de l’instabilité familiale sur le niveau de vie réel.

Dans le même temps les inégalités de salaires restaient élevées (les 1% les mieux payés gagnent à peu près 9 fois le revenu maximum des 10% les plus pauvres), tandis que les inégalités de patrimoine explosent : Depuis 25 ans les taux d'intérêt (qui représentent la « fourchette basse » des revenus du patrimoine) sont restés très supérieurs à la hausse des prix (en d’autres termes : l’argent placé  fait beaucoup de petits), tandis que la valeur du patrimoine immobilier s’envole (+ 70 % pour les logements anciens entre 1998 et 2004 en euros constants).

En 2001, 3 557 000 personnes étaient officiellement considérées comme « pauvres » (revenu inférieur à 602 €/mois pour une personne seule), chiffre que la récession économique n’a pu qu’aggraver ces dernières années [2]

    Déliquescence politique

L’influence mondiale de la France paraît également en déclin – comment s’en étonner puisqu’elle-même ne sait où elle va ? Plus grave, son indépendance est compromise par le transfert de pouvoirs essentiels aux institutions de l’Union Européenne : monnaie, concurrence, justice, droits et libertés…

Les gouvernements successifs, de « droite » comme de « gauche », ont mené la même politique du chien crevé au fil de l’eau, laissant les puissances économiques étendre leur influence et le lien social se déliter. Les partis qui, naguères, représentaient les différents secteurs de la population, même imparfaitement, se sont totalement coupés du peuple et des problèmes qu’il rencontre. Ils se mènent une concurrence féroce pour les places ; mais, quant au contenu des politiques proposées, les uns comme les autres, le PS comme l’UMP, les Verts comme l’UDF, n’ont d’autre projet que de nous « adapter » à une mondialisation libérale qu’ils nous présentent comme une fatalité.

« Fatalité »… précisément, c’est ce mot que nous voulons bannir du vocabulaire politique : les bons apôtres de la « fatalité » n’ont d’autre dessein que de nous dissuader de changer le cours de la politique désastreuse où ils nous ont entraînés. Incapables, et pour cause, de présenter quelque progrès à leur actif, ils n’osent « défendre » le désastre de leur bilan que sous ce nom : « fatalité ».

Non, l’insécurité sociale et économique, l’affaiblissement de la nation, la fragmentation de la société ne sont pas des « fatalités », mais le résultat inévitable et volontaire des politiques de Giscard d’Estain et son compère Barre, de Mitterrand et des socialistes, et bien évidemment de Chirac et de Jospin. Ces politiciens ont leur conscience ailleurs, dans les cénacles du capitalisme mondialisé, au forum de Davos ou au G8. Leurs partis ne sont plus que les cadavres décomposés de leurs références historiques. À la tradition de la Révolution française et de la République, à la vision glorieuse de la Nation portée par le gaullisme, aux courageuses réformes sociales inspirées par la social-démocratie, ont succédé les médiocres « copier-coller » de la pensée unique, tout juste capable d’enrober de bonnes paroles les ravages du totalitarisme libéral qui la guide.

Le marché est devenu l’institution toute puissante de nos sociétés, non plus un procédé pour vendre et acheter des biens, mais une machine à broyer des hommes réduits au statut de « ressources humaines », privés d’emploi et de dignité au hasard des besoins de l’entreprise.

  •  

      La novlangue oligarchique

Le « marché » est la figure moderne du « destin », de la « volonté de Dieu », vocables dont les dominants ont toujours maquillé leurs stratégies de pouvoir.

Les oligarques sont passés maîtres dans le double langage. Chaque phrase a deux significations,

- une signification littérale, pour rassurer le peuple,

- et une signification implicite, pour les initiés :

« réformer » (l’école, la Sécu, les services publics, etc. …) veut dire liquider ; « rigueur budgétaire » veut dire réduction de la protection sociale, « construire » (l’Europe) veut dire détruire (la Nation, les droits sociaux) ; « ouverture sur le monde » veut dire affaiblissement national et absorption dans l’empire américain…

Aujourd'hui, la plupart des citoyens ont appris les subtilités de cette « novlangue [3] », et se laissent moins embobiner. Malheureusement, nombreux sont ceux qui ont abandonné tout espoir de peser sur l’évolution du monde, certains d’être encore et toujours trompés par une caste de politiciens professionnels sans conscience. Le mensonge organisé, la novlangue oligarchique, jette dans le désespoir ceux qui en comprenaient les ressors, mais en viennent à ne plus imaginer une action politique qui ne se double d’escroquerie… De la sorte, l’oligarchie triomphe encore, en démoralisant ceux qu’elle ne parvient plus à tromper

C’est contre cette spirale du déclin que nous avons constitué l’Association « Valeurs et Actions Républicaines ». Nous voulons mobiliser le meilleur des traditions de la Révolution Française, du marxisme, de la Résistance et du Gaullisme, pour donner les moyens politiques au peuple de construire sa souveraineté, et d’en finir avec le sous-emploi, l’insécurité physique et sociale, la concurrence de tous contre tous et l’avilissement national.

La vocation de Valeurs et Actions Républicaines est de contribuer à restaurer l’idée de souveraineté populaire. La société est ce que nous en faisons collectivement, aucune règle supérieure ne l’enchaîne aux malédictions du sous-emploi, de la violence ou de la pauvreté. Le cœur de ces malédictions, le cancer que l’oligarchie a installé au cœur même de notre Nation, c’est le chômage. En finir avec ce facteur d’angoisse et de démoralisation, source d’inégalités sans cesse renouvelées et qui transforme le citoyen en assisté, est la première tâche que nous nous fixons. Aucun prétexte « économique », aucun « engagement international » ne peut être opposé à cet impératif catégorique. Lorsque le mouvement social se sera forgé cette certitude, il trouvera sans coup férir la force et les moyens techniques d’en faire une réalité.

Pour reconstruire la citoyenneté, redonner vie à la démocratie, bâtir l’espoir et la solidarité sociale, nous voulons traduire en actes les principes de la Libération, inscrits dans le Préambule de la Constitution de 1946  :

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    •  

        « [...] 5. Chacun a le devoir de travailler et le droit d'obtenir un emploi. Nul ne peut être lésé, dans son travail ou son emploi, en raison de ses origines, de ses opinions ou de ses croyances.

        6. Tout homme peut défendre ses droits et ses intérêts par l'action syndicale et adhérer au syndicat de son choix. [...]

        8. Tout travailleur participe, par l'intermédiaire de ses délégués, à la détermination collective des conditions de travail ainsi qu'à la gestion des entreprises.

        9. Tout bien, toute entreprise, dont l'exploitation a ou acquiert les caractères d'un service public national ou d'un monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité.

        10. La Nation assure à l'individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement.

        11. Ellegarantit à tous, notamment à l'enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de sa situation économique, se trouve dans l'incapacité de travailler a le droit d'obtenir de la collectivité des moyens convenables d'existence. [...]

        13. La Nation garantit l'égal accès de l'enfant et de l'adulte à l'instruction, à la formation professionnelle et à la culture. L'organisation de l'enseignement public gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l'État. »

Notre ambition est immense : nous ne prétendons pas incarner une perspective qui existerait par avance, le « socialisme » par exemple, comme d’aucuns le psalmodiaient naguères sans réfléchir à son contenu. Nous voulons – nous DEVONS - construire une perspective nouvelle.

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      Nos références

Cette perspective bien entendu n’est pas une création ex nihilo, nous nous enracinons dans des traditions historiques, politiques et théoriques puissantes. Mais la synthèse que nous en proposons n’a pas de précédent. D’où nous vient cette arrogance ? Non pas de traits particuliers de caractère, ni même d’un choix de notre part : dans les décombres de la pensée politique du XXe siècle, la reconstruction doctrinale s’impose à tous ceux qui ne se résignent pas au totalitarisme marchand.

Quelles sont ces traditions ?

Ø   De la Révolution française, nous retenons la référence à la Nation – ensemble organisé des citoyens égaux et solidaires, le « corps politique » comme on disait à l’époque.

Ø   Du marxisme, nous retenons plus particulièrement l’analyse de la lutte des classes : le capitalisme génère la division de toute société en deux classes principales, la bourgeoisie et le prolétariat, caractérisées par leur place dans les rapports de production. La bourgeoisie tient son pouvoir de la propriété du capital, et elle génère une idéologie favorable à cette domination.

    La permanence de la lutte des classes

Pour la vulgate marxiste, cette lutte des classes peut disparaître par la victoire du prolétariat et sa dictature. Cette croyance revient à abandonner pour l’avenir toute analyse concrète des conditions par lesquelles les groupes transforment une position favorable dans la division du travail en domination économique et politique. Un appareil de production complexe, une société étendue supposent une division du travail extrême, et en particulier des tâches spécifiques de coordination, de direction, d’organisation. C’est une nécessité technique, mais sur cette nécessité se greffent les stratégies de ceux qui occupent ces tâches et y trouvent un appui extraordinaire pour asservir la société à leur intérêt propre [4].

Pour les petits bourgeois niais et les hagiographes du système en place, c’est le capitalisme lui-même qui effacerait la domination de classes au profit d’une « société de classes moyennes », cultivées et participant à la gestion des entreprises. Hélas ce mythe n’a connu un commencement de réalité que quand la lutte des classes a contraint la bourgeoisie à redistribuer une partie des fruits de la croissance, dans l’après-guerre. Sitôt le capitalisme délivré des contre-pouvoirs, il s’emploie à précariser, déqualifier, prolétariser, les catégories qui avaient cru pour un temps s’inviter au festin (techniciens, fonctionnaires, professionnels de la santé, etc.). Toute classe dominante, a fortiori imprégnée du culte de la concurrence et de l’individualisme, tend à renforcer ses privilèges jusqu’aux limites que lui assignent l’état de la société.

La bourgeoisie ne peut donc être abolie, elle peut revêtir diverses formes, des capitaines d’industrie des débuts du capitalisme aux bureaucrates soviétiques, en passant par les patrons « civilisés » des sociétés social-démocrates, mais dans tous les cas la société industrielle [5] sécrète sa classe dominante autour de la maîtrise du capital. Cette classe dominante cherche par essence à renforcer sans cesse sa domination, qui prime pour elle sur l’intérêt général. Elle agrège autour d’elle les intellectuels, politiciens, hauts fonctionnaires…, que nécessite l’exercice de sa domination – ce que nous appelons l’oligarchie.

    La Nation, condition de la démocratie

Pour cette raison, nous ne pensons pas que le marxisme ait « dépassé » la Nation. La Nation, c'est le peuple organisé en collectivité réelle, et opposé aux oligarchies de tous poils. La souveraineté nationale doit être prise au pied de la lettre : la nation, corps politique constitué, est la référence ultime de toute politique [6]. Ni Dieu, ni de soi-disant « races » ou cultures éternelles, ni le marché, ni des traités transnationaux ne lui sont opposables. À l’horizon historique concevable, elle continuera à se composer de classes aux intérêts divergents. L’État, le politique, ont pour vocation de dépasser ces conflits de classe, en réalisant et en se portant garant de compromis sociaux. La croissance économique que permet un capitalisme régulé est le gage que ces compromis soient mutuellement avantageux.

La Nation, le corps politique, est donc constituée de ces classes réunies en une configuration spécifique par des institutions politiques.

Bien sûr, la Nation n’a pas la même importance pour les différentes classes. La bourgeoisie est par nature apatride, sa domination s’organise autour de principes juridiques (la propriété, le marché…) qui mettent en œuvre sa puissance économique.

Tout renforcement de la Nation en tant que corps politique agissant remet en cause ce principe de domination, en lui opposant un principe démocratique, celui de l’intérêt collectif des citoyens égaux. Le prolétariat, dépourvu de ressource dans l’organisation économique, ne surmonte sa vulnérabilité que par sa participation au corps politique.

La Nation n’est pas « à mi-chemin » entre les classes, elle est le moyen par lequel le prolétariat accède à la citoyenneté et desserre l’étau de la dépendance économique. Pour la bourgeoisie au contraire, la Nation est une contrainte – qu’elle peut tolérer, voire tenter d’utiliser à son profit, mais dont elle cherchera toujours à s’émanciper. Pour paraphraser Marx, ce sont les bourgeois qui n’ont pas de patrie, et non les prolétaires !

La vulgate marxiste en effet s’est fourvoyée dans une généralisation paresseuse de configurations historiques particulières, où l’oligarchie agitait l’idée nationale contre les revendications ouvrières, ou à l’appui de rivalités inter-impérialistes, pour réaliser l’ « Union Sacrée » dans des guerres de conquête, dont la 1ere Guerre Mondiale fut la sanglante apogée.

À vrai dire la Nation n’est pas la seule notion à avoir été victime de pareils hommages du vice à la vertu. S’il fallait renoncer à tous les concepts victimes de telles instrumentalisations perverses, il faudrait abandonner aussi République (déconsidérée dans les aventures coloniales…), Démocratie (refrain des agressions bushistes dans le monde entier !), Socialisme (prostitué par le stalinisme), lutte des classes etc., etc.

Si nous reprenons ces concepts, ce n’est pas par goût des grands mots, mais parce que ces notions sont opératoires, et fondent notre stratégie politique.

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      Qu’est-ce que l’oligarchie ?

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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