voyou nationaliste ou nationaliste violent ?
Lorsque Périclès, stratège d’Athènes, justifiait l’usage des fonds donnés pour protéger l'alliance des cités, il répondait sèchement à ses détracteurs : « L'argent donné n'appartient plus aux donneurs, mais aux receveurs. » Peut-on mieux résumer la logique implacable du plus fort ?
les conflits israélo-arabes deviennent le théâtre récurrent de ces ingérences
Depuis des siècles, l’Occident regarde vers le Moyen-Orient avec une obsession tenace. Inutile de remonter jusqu’aux Croisades. Dès le démantèlement de l’Empire ottoman, les puissances européennes, puis les États-Unis, investissent la région financièrement, militairement, politiquement. De nouveaux États fragiles y voient le jour, souvent sous tutelle occidentale. Après 1948, les conflits israélo-arabes deviennent le théâtre récurrent de ces ingérences. En soutenant Israël sur tous les plans l’Occident favorise un « colonialisme démocratique » qui rappelle celui de la France en Algérie : les colons, entre eux démocrates, s’imposent par une supériorité revendiquée, parfois implicite, souvent assumée, toujours violente. Était-il possible qu’il en soit autrement ?
Les interventions occidentales, souvent brutales, suscitent en retour des mouvements de résistance. Comme les Japonais ou les Chinois du XIXe siècle, confrontés à l’impérialisme, Arabes et Perses tentent de se dévelloper et forgent leurs propres idéologies de réveil : islamisme dès 1938, baasisme ou khomeynisme… Des doctrines rivales, mais toutes unies dans leur rejet de la domination occidentale.
Avec la chute de l’URSS en 1991, les États-Unis deviennent l’unique superpuissance. Leur supériorité est totale même avant l’avènement d’Internet. La guerre éclair contre l’Irak en 1991 démontre leur capacité à écraser un adversaire, où qu’il se trouve. Israël incarne alors le prolongement local de cette domination : modèle démocratique, puissance technologique, capitalisme performant… Tout y reflète l'influence occidental. La guerre d’agression de 2003 contre l’Irak, puis le saccage de Gaza après 2023, ne sont que des répliques modernes d’une politique néocoloniale : face aux "barbares" réels ou supposés, la riposte est impitoyable quand l'hégémonie du Nord est parasitée.
Dans la région, aucun État ne dispose des moyens de contester sérieusement l’hégémonie américaine. Certains s’alignent (Égypte, Arabie saoudite, Jordanie). D’autres, ciblés, durcissent leur régime (Syrie avant 2011, Iran). Quelques-uns sombrent dans le chaos (Irak, Yémen). Et partout, les populations civiles, traumatisées, finissent par choisir les voix les plus extrêmes, faute d’alternatives crédibles.
À l’échelle mondiale, les critiques fusent
À l’échelle mondiale, les critiques fusent : de l’Afrique à l’Amérique latine, en passant par l’Asie, on dénonce un droit international à deux vitesses. Pourquoi sanctionner la Russie ou l’Iran tout en tolérant les crimes d’Israël ? Ce double standard alimente les alliances de circonstance : la Chine, la Russie ou la Corée du Nord pactisent avec l’Iran, non par affinité idéologique, mais pour contrer une stratégie d’encerclement occidentale héritée du XIXe siècle. Les déclarations démocratiques des occidentaux ne valent rien...
au final, aucune perspective politique, sinon celle du chaos
La dernière guerre contre l’Iran reprend tous les codes connus : dictature réelle mais utilisée comme prétexte, récit de libération démocratique, agitation d'une menace imminente, supériorité militaire écrasante, et, au final, aucune perspective politique, sinon celle du chaos et du terrorisme. Le précédent irakien est parlant : refusant de se soumettre, Bagdad fut sanctionné, puis envahi, puis détruit… pour enfanter Daesh, monstre hybride né de l’impérialisme et de l’islamisme ! Au XIX°s les Chinois se sont soulevés contre les Européens implantés en Chine comme chez eux (guerres de l'opium) : la violence y fut horrible, la répression brutale bien sûr, et, Engels expliqua alors que la sauvagerie de la révolte était proportionnelle aux injustices du colonialisme occidental...
aux USA on se fait souvent élire avec des idées isolationnistes et... on bombarde !
L’Histoire, avec sa grande hache, est toujours à l’œuvre. Elle bégaie, mais avec plus d’armes, plus d’hommes, plus de haines. Le pragmatique Trump est-il un nouveau George W. Bush ? Probable, aux USA on se fait souvent élire avec des idées isolationnistes et... on bombarde ! Une façon de faire oublier les déficits abyssaux, l'inflation ou les inégalités...
Une chose est sûre : toutes les dominations sont temporaires, et toutes les sociétés évoluent. Pourtant, pendant que le monde s’enlise dans une répétition tragique, les véritables enjeux, comme le changement climatique, restent ignorés. Et l’Humanité gaspille son sursis.
Peut-être que cette énième guerre des civilisés contre les barbares n’est plus un remake du Moyen Âge, mais plutôt l’avant-goût de notre futur : une Humanité armée jusqu’aux dents, s’entretuant entre deux canicules historiques.