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Le libéralisme réellement existant ou la tyrannie du vide
La tyranie du vide
par : Terouga, août 2004
Par l'abstraction de son travail, l'ouvrier devient de plus en plus mécanique, indifférent, sans esprit. L'élément spirituel devient acte vide. La force du Soi réside dans une riche perception de l'ensemble. Or celle-ci disparaît.
HEGEL, Realphilosophie II.
Qu’est-ce que le libéralisme ?
En quoi vivons-nous dans un monde où le libéralisme s’est imposé tout au long de la décennie 80 avant de devenir hégémonique dans les années 90 ?
Quelles conséquences cela a-t-il eu au niveau économique ? Social ? Individuel ? Sexuel ? Logiquement il ne peut exister de sphère qui échappe à cette révolution économique qui a mis fin au monde issu des années de reconstruction.
Ni humaniste (mais humanitaire), ni républicain (mais communautaire) le libéralisme « réellement existant » marchandise tout, y compris le corps des sujets dans une surenchère visant à remplir le vide créé par l’anéantissement des valeurs collectives et des liens sociaux.
A) Le libéralisme « réellement existant »
Le mot « libéralisme » est un héritage des XVIIIe et XIXe siècles, il qualifiait une doctrine basée sur l’individualisme et l’utilitarisme. Plus tard des militants utilisèrent ces idées afin de lutter pour plus de « libertés » (expression, économique, politique, moeurs, etc.). Face à des aristocraties d’Ancien r égime réactionnaires, et devant une morale catholique rigide et largement hypocrite, les Libéraux luttèrent indistinctement pour améliorer la société et étendre les libertés et la démocratie politique. C’est pour cela que l’expression eut longtemps une connotation positive comme aux États-Unis où les « libéraux » luttèrent pour plus de libertés pour les Noirs, les Ouvriers, etc.
Après la seconde guerre mondiale l’influence de la doctrine recule mais reste la base théorique de petits groupes d’économistes, comme F. Hayek hostiles à la planification économique qui relève l’Europe des ruines : les « néo-libéraux » se préparent.
C’est après l’usure des recettes keynésiennes (en vogue depuis le milieu des années 30) dans les années 1970-80 que les néo-libéraux reviennent aux affaires et appliquent leur programme. Le même que celui qui plongea le monde capitaliste dans le chaos après 1929 : lutte contre l’inflation, les déficits publics, la fonction publique, les aides de l’État, les droits de douanes, etc. Le libre-échange et la finance deviennent prioritaires par rapport à la production.
Toute la décennie 80 fut donc mixte : coups de force néo-libéraux avec Reagan et Thatcher, atermoiements en France (1981-84), Italie, Allemagne, Japon… Petit à petit, parallèlement au déclin de l’URSS et du mouvement ouvrier en général, les idées et les réflexes libéraux se généralisèrent en Occident. Aux USA, l’État fédéral intervient de moins en moins dans le social. En Europe la « construction européenne » proposa et imposa carrément des mesures dépouillant les États de toute action économique décisive : généralisation du libre-échange, politique du franc fort (chômage de masse) et puis perte de souveraineté monétaire (naissance de l’euro).
Les années 90 débouchèrent sur le résultat de cette tendance de fond : ce que nous appellerons le libéralisme « réellement existant ». Par cette expression il faut entendre que dans tous les cas de figures c’est la solution libérale qui s’impose : le capital sur le travail, l’individu sur le collectif, le mouvement sur les acquis, etc. La « société de marché » devient petit à petit possible.
Il appartient aux historiens du futurs de rebaptiser cette tendance car là nous sommes bien loin de lutte pour plus de « libertés ». L’idée de liberté implique un « libre » choix que l’individu a devant lui. Il peut, ou non, choisir telle ou telle solution, etc. Là, c’est tout l’inverse : l’individu ne choisit pas sa vie comme il choisirait « librement » une boite de lessive mieux vendue qu’une autre ! Il subit la concurrence plutôt qu’il n’en profite, même si la vulgate publicitaire est là pour lui faire croire le contraire. Il y a une augmentation phénoménale de la puissance liée à l’argent : rentabilité du capital financier, licenciements facilités, chômage persistant, affaiblissement de l’État (qui intervient de moins en moins dans l’économie), spéculation foncière, surendettement des ménages, etc. Partout où l’intérêt collectif et la rentabilité s’affrontent, cette dernière l’emporte, fragilisant davantage les gens [1] et discréditant d’autant plus l’arbitrage démocratique (élections) et politique (État régulateur). L’homme politique qui a été le plus clair sur le non-engagement de l’État fut L. Jospin [2] ; on sait ce qu’il advint de lui aux Présidentielles malgré le fait que l’ensemble de la bourgeoisie (grands propriétaires, héritiers, artistes, patrons de media de masse) ait été derrière lui ou Chirac. Ceci dit il n’est pas le seul à raisonner ainsi, le plus « décomplexé » sur ces questions reste A. Madelin.
B) La mort de la civilisation d’après-guerre.
Épouvanté par la misère des années 30, les horreurs de la guerre et l’influence des partis communistes, l’Europe et l’Amérique élaborèrent la « civilisation d’après-guerre » basée sur un capitalisme contrôlé, planifié et dirigé. Les rapports entre les Hommes et l’esprit des lois devaient procéder des idéaux humanistes élaborés au XIXe siècle aux confluences du christianisme social et des théories socialistes. Les Droits de l’Homme devenaient synonymes de droit au logement, à l’Education, à la Santé, à la Sûreté, à la Paix sans distinction d’origine, de lieu de résidence, de revenus. Les vieux rêves de Zola ou Jaurès prenaient vie de façon inattendue, derrière le général de Gaulle ou la Démocratie Chrétienne.
Dans les années 80, toutes les sécurités qui empêchaient le capitalisme de dérailler furent, une à une, démantelées. Ainsi quand l’Europe adopta le traité de Maastricht qui rendait obligatoire l’économie de marché, la libre concurrence et la non-intervention de l’État, la France et le reste des pays développés plongèrent dans un monde nouveau, un univers étrange où tout allait devenir marchandises, cela bien au-delà des prévisions de départ.
Les bases de cette civilisation d’après-guerre furent toutes définitivement sapées dans les années 1990. Ainsi les années 90 ne furent-elles qu’une plongée dans la cavalerie libérale : privatisations, chômage, baisse des impôts, baisse des charges sociales, tyrannie du management, concurrence acharnée… Une recette tentée avec « succès » par l’Argentine (privatisations massives, baisse des salaires et des pensions de retraites, surestimation de la monnaie…), la plus libérale des tentatives fut logiquement la plus implacable…
Dans le cadre de la reconstruction l’État avait le rôle de locomotive, suite aux grandes nationalisations d’après-guerre il ouvrait ou fermait le robinet du crédit, contrôlait la valeur de la monnaie, les prix, les salaires. Cette planification indicative qui encadrait le capitalisme permit de reconstruire et de moderniser la France. L’exemple typique fut les usines Renault, nationalisées après la guerre : elles furent durant ces années le laboratoire social de la France : innovation, production et hausse des salaires étaient associés dans un équilibre fragile mais efficace. Durant quelques années il exista donc un équilibre entre Capital et Travail par l’arbitrage de l’État et des commissaires au Plan.
De même pour la généralisation des services publics (Éducation et Santé) : la construction de milliers de collèges, de lycées, d’hôpitaux permis de réduire les inégalités entre les gens et d’employer des « cadres intermédiaires » (institutrices, infirmières…) par centaines de milliers permettant au passage une promotion des Femmes « libérées » du travail domestique et des maternités trop fréquentes (le baby boom dura assez peu de temps) même si les femmes les moins qualifiées restent généralement attachées aux tâches domestiques.
Sur le plan politique des partis de masse encadraient et structuraient la pensée politique des adultes et des jeunes : la droite paternaliste et sociale avec le Général d’un côté et le Parti plébéien et pétitionnaire de l’autre. Là aussi un équilibre imparfait mais stable permis aux gens de participer plus que jamais à la vie politique (succès des organisations parallèles à ces partis, forte participation électorale). Il n’y avait pas de place pour les partis « extrémistes » plus ou moins associés aux années noires (libéraux anti-inflationnistes et réactionnaires philo-fascistes).
Papa était agent de maîtrise dans une grande entreprise, maman était employée de bureau ou femme au foyer, ils eurent 2,5 enfants dont le plus doué aura le bac, ils achetèrent une maison à crédit et votaient à toutes les élections…
Que reste-il de tout ça aujourd’hui ?
Quasiment plus rien. L’État a privatisé la quasi-totalité de ses entreprises et songe à faire de même avec EDF-GDF (au nom de l’Europe sans doute). Les services publics souffrent de sous- financement et sont volontairement mal gérés pour inciter la petite bourgeoisie à les fuir (écoles privées, cliniques, etc.). Les Femmes sont les premières victimes du chômage et de la baisse des salaires, etc.
Papa a retrouvé du travail après une période de chômage, maman va perdre son travail, ils ont un enfant qui « ne fout rien aux études ». Ils peinent à payer le crédit de la maison, ils se foutent tous de la politique, « tous les mêmes, etc. », se méfient de l’euro…
L’État ayant volontairement abandonné ses prérogatives économiques et sociales au début des années 90, la situation était mûre pour le grand chaos.
C) La grande implosion
Avec un État volontairement incapable d’agir pour corriger les déséquilibres créés, la société reçu le choc de plein fouet. Telle une boule de bowling dans un jeu de quille, rien ne devait être épargnée par l’onde de choc. Alors que le capitalisme débridé de Reagan devait être plus que contrôlé par un État sourcilleux de ses intérêts, c’est le contraire qui advint : l’État et ses hauts fonctionnaires participèrent au « bordel ambiant ».
Dès que la question sociale fut mise de côté par ceux sensés la traiter (la gauche), la société plongea dans un abîmes de doutes et de fuite en avant :
- la famille éclatée :
Fragilisée par la précarité économique, le chômage et l’individualisme, la famille (matrice de toutes les solidarités) implosa la première. Les années 80-90 virent fleurir des tas de déviances ayant comme point commun la destruction du modèle traditionnel.
Les relations Hommes / Femmes se crispèrent sous les coups d’un féminisme hystérique et philo-lesbien (analysé brillement par A. Soral [3]) : les divorces s’envolèrent tandis que le nombre d’enfants par femme chuta et que les familles monoparentales ou recomposées émergèrent sans créer de nouvelles stabilités. Les divorces représentaient 5 % des mariages en 1914, 35 % en 2001 L’explosion du divorce date des années 1970 où la généralisation de la pilule semble avoir encouragé et déculpabilisé les candidat(e)s aux relations sexuelles [4] détachées de toute motivation.
Cette augmentation phénoménale du nombre de divorces créa de nouveaux marchés pour les capitalistes, mais aussi aggrava les inégalités : les mères seules avec enfants furent, très souvent, des célibataires et des célibataires très appauvries ! On arrive en 2003 au nombre astronomique de un million d’enfants de France vivant sous le seuil de pauvreté. Ces enfants vivent en majorité dans ces familles monoparentales… Ainsi la généralisation du divorce a-t-elle été une incontestable liberté pour certain(e)s, mais cela a aggravé les inégalités et a généralisé l’instabilité des couples et des familles.
- le chômage de masse :
Cause partielle de la question précédente : le chômage. Officiellement nous sommes depuis plus de 10 ans dans une période de « fort chômage ». Autour des 9-11 % de la population active. Reste que les modes de calcul et les radiations périodiques d’inscrits à l’ANPE minimisent énormément ce chiffre (chômage partiel, sous-emploi, etc.). Un ancien commissaire général au Plan, H. Guaino, avait été écarté car il avait avancé le chiffre de 9 millions de personnes plus ou moins touchées par le chômage ou le sous-emploi, ce qui dépasse très largement les 30 %.
On le sait le chômage touche inégalement les gens. Là aussi le libéralisme réel aggrave des inégalités qui existaient avant les années 90 : jeunes, femmes, personnes sans qualification, immigrés, handicapés légers… Le libéralisme a fait le ménage, triant et sélectionnant ses petits soldats productifs.
- le monde du travail
Durant cette décennie 90 les richesses se sont concentrées dans un nombre plus restreint de mains. La stagnation des salaires, les taux d’intérêt parfois élevés et la baisse des prélèvements fiscaux, ont empêchés toute diffusion de la petite propriété. Logiquement le capitalisme s’est concentré davantage : fusions ou OPA au niveau international. Les petits agriculteurs, commerçants, artisans ont tous été laminés par les nouveaux monopoles tels que la grande distribution, les multinationales, etc. Certes il existe encore une galaxie de PME vivant de la sous-traitance, mais jamais leur situation a été aussi critique : dépendante des donneurs d’ordres, elles n’existent que pour limiter toute « concentration ouvrière » sur un même site et généraliser davantage la concurrence. De même la généralisation des franchisés mène plus à être son propre exploiteur que son propre patron.
Par ailleurs, les conditions de travail se sont dégradées tout au long de la décennie 90 : chômage, activisme anti-syndical, dégraissage et à présent chantage aux délocalisations (contre les maigres avantages des 35 heures), le salarié de base comme son immédiate hiérarchie sont sur la sellette, et bien mal défendues par des « syndicats » telle que la regrettable CFDT.
Plus que jamais la jeunesse méprise et cauchemarde à l’idée d’être ouvrier ou salarié… Précarité, concurrence, terrorisme patronal font s’envoler, non la résistance collective, mais la dépression individuelle et le suicide.
- la sexualité
Il conviendrait de détailler ce sujet par un article de fond, mais dans la grande implosion de la société auquel nous assistons, la sexualité a une place tout à fait centrale. Peut-être parce que toutes les valeurs passées reposaient entre autres sur le contrôle apparent de la sexualité. Il s’agissait dans tous les cas de figures de ne pas laisser le corps livré à lui-même et au plaisir pour le plaisir. Tels les empereurs romains lubriques et dépravés de l’historiographie chrétienne, les « vicieux » et autres « femmes de petite vertu » devaient être étroitement surveillés par l’Église jadis ou l’État hier. L’abolition des maisons closes en 1947 devait logiquement aboutir à l’abolition de la prostitution, conséquence d’une société inégalitaire et pourvoyeuse de misère…
Aujourd’hui il n’existe quasiment plus d’instruments traditionnels de contrôle social sur la sexualité. Depuis la fin des années 1970 les interdits en matière de chair ont tous été abolis (homosexualité) ou fortement contestés (pédophilie) [5].
Parallèlement à l’imposition d’un libéralisme économique décomplexé, les moeurs se sont aussi « libéralisées » (et non libérés), mais là aussi le bonheur consumériste et l’équilibre de l’offre et de la demande promis par la théorie libérale ne furent pas au rendez-vous : livrant l’Homme à ses désirs [6] et en valorisant ses pulsions [7] le lien social induit par la sexualité n’a pas vraiment survécu à la « révolution sexuelle » qui a fait de la performance un objectif et de la non-performance un problème. Face à ce vide social et sexuel les sujets ont réagit de façon contradictoire. Comme dans le monde du travail où les uns se veulent définitivement chômeur et où d’autres se tuent au surmenage (deux façons de « gérer » l’absence de solidarités), les réactions face à la déréglementation de la sexualité sont opposées même si elles procèdent d’une même volonté de maîtriser le processus.
Chacun se bat avec les armes qu’il a sa disposition :
- Islam néo-tribal (qui a tendance à réglementer les rapports sexuels) pour les enfants d’immigrés réduits au rôle de consommateurs frustrés.
- Féminisme sexiste et hystérique pour les femmes exclus du « marché » matrimonial.
- Enfin pour les factions les plus intégrées de l’oligarchie bourgeoise : sexualité(s) débridée(s), exclusives, compulsives, violentes dont la seule signification est de se distinguer d’une sexualité « normale » (liée au couple, aux sentiments, etc.) [8].
Première valeur « sexuelle » en système libéral : le corps.
Dans toutes les micro sectes qui fleurissent dans le cimetière du lien social on trouve l’obsession du corps : corps que l’on exhibe sans vergogne (porno amateur, string apparent, etc.), corps qui pose problème (voile islamique, anorexie…). Corps réceptacle public du plaisir solitaire, cette idée dérivée de l’art contemporain est très en vogue dans la bourgeoisie mondialiste. En effet, la lecture de la revue les Inrockuptibles (organe central des lili-bobo) ou des livres de C. Millet montrent bien que la sexualité « branchée » n’est envisagée que comme une gigantesque masturbation anonyme, mondialisée et exclusive.
À cela se surimpose les communautés dont l’un des objectifs est de contrôler les corps des adeptes : refus des mariages mixtes chez les intégristes Juifs, Protestants et Musulmans, valorisation sociale de l’homosexualité visible et bourgeoise… Ces stratégies extrémistes se doublent, par ailleurs, de quotidiens très conformistes chez le reste de la bourgeoisie, moins « branchée » que les artistes à la mode, mais tout aussi attachée à la gestion des ses intérêts.
Si les media de masse utilisent la sexualité et le corps comme support publicitaire, c’est bien que le libéralisme a créé un vide que le corps ou le sexe tente de combler : partouzeurs dépravés, cerbères de la virginité ou maniaques du régime de l’été, jamais le corps et sa gestion n’ont été aussi important dans les têtes…
- politique
Qui mieux que F. Mitterrand et son parti « socialiste » incarnent mieux le travestissement général de la social-démocratie ?
Porté au pouvoir par un ras-le-bol général de ce qui allait devenir le libéralisme réel, la gauche unie et populaire a été le meilleur vigile des intérêts capitalistes. Jusqu’à ce que Jospin paie comptant les ultimes mensonges de l’oligarchie, la gauche a utilisé toutes les ficelles possibles pour détourner la colère populaire : création du FN, agitation écologique, culpabilisation humanitaire (resto du cœur, téléthon, sidaction…), « gauche plurielle » (avec l’escroquerie écologiste), ou encore les représentants de commerce ratés dans le genre Harlem Désir ou Bernard Tapie, faux dévots, mais vrais faussaires !
À droite ? Même cirque pitoyable où les leaders se bouffent le nez et le reste sans idées ni programme à proposer.
Le discours sur la « fracture sociale » du candidat Chirac en 1995 partait pourtant d’une analyse sérieuse et lucide sur le libéralisme ravageur. Mais qu’en fit le président Chirac ? Aucun président sortant de la V° république n’arriva plus bas à un premier tour des présidentielles suivantes (19 % en 2002 contre 38 % à Mitterrand en 1988).
Jospin, Raffarin… Maastrichtiens !
Certains purent compter sur la ritournelle trotskyste. Il n’en fut rien. Si le monde a changé, l’extrême gauche reste bloquée, divisée et minuscule et sert de temps à autre de parasite au PS (LO) ou d’agitation publicitaire (LCR). Même chose pour le FN qui parasite la droite…
Nous devons à JP Chevènement en 2002 d’avoir tenté de dépasser les scenarii usés de la vie politique. Crédité de scores énormes dans certains sondages (jusqu’à 15 % [9]) il chuta à 5 % sans pourvoir se relever par la suite, lâché par les quelques alliés potentiels.
Nous en sommes là. Abstention, vote-sanction et exécutif impuissant à agir face aux traités européens. Gageons simplement que le peuple saura renvoyer le camp du OUI au référendum européen dans les cordes. Danois, Norvégiens, Suédois et Suisse ont tous rejeté partiellement ou complètement les diktats des Libéraux.
Nous en sommes là, réduits à gérer un « vide » créé par un système fou.
Au creux de la vague, la société, laminée par 10 ans de libéralisme « réellement existant », reste abrutie par la tornade qui n’a pas fini de souffler. Pourtant, ici et là il reste des miettes d’espoirs et de lutte nationale et collective : mobilisations contre la décentralisation et pour les retraites, campagne pour le NON à la Constitution Européenne, rejet catégorique des majorités libérales et des démagogues bavards, etc.
Dans la confusion et la contradiction des bonnes volontés universitaires et militantes tentent de riposter théoriquement (ATTAC…), nul n’est dupe des guerres américaines et du bla-bla chiraquien.
Il reste un avenir commun et fraternel par delà les communautés farouches et les sectes élitiste. Loin de toutes vieilles lunes utopiques il nous reste la République.
[1] La « réforme » des retraites ou de la Sécurité Sociale vont dans ce sens : moins de droits collectifs et plus d’opportunités pour les fonds de pension et les assurances privées…
[2] L’État resta « neutre » devant la fermeture de l’usine Renault Vilvorde et ne bougea pas plus quand Michelin annonça des licenciements aussi énormes que ses bénéfices. De même L. Jospin candidat refusa de qualifier son programme de « socialiste ».
[3] « Abécédaire de la bêtise ambiante », « Socrate à St Tropez » ou « Misères du désir »…
[4] Nouvelle « économie » libérale du désir analysée finement dans les romans de M. Houellebecq
[5] Suite aux slogans de mai 68 « il est interdit d’interdire » ou encore « jouissez sans entraves », jusque dans les années 80 certains signèrent une pétition exigeant la dépénalisation de la pédophilie.
[6] JC Guillebaud dans « la tyrannie du plaisir » (1998) montre comment la libéralisation sexuelle a mené à des impasses théoriques et sociales.
[7] Pulsions découvertes par la psychanalyse et mises en valeur par le surréalisme dans les années 1920-1930
[8] Inutile de rentrer dans les détails des sectes orgiaques et provocatrices : BDSM, échangisme, mélangisme, zoophilie, satanisme, etc. Que des « situations » où s’exercent le mépris et l’exploitation du plus faible.
[9] Signe que sa posture patriotique et populaire trouvait un certain écho.
Date de dernière mise à jour : 02/07/2021