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IRAK : à qui profite le chaos ?
Août 2005
IRAK : à qui profite le chaos ?
Géopolitique de la défaite américaine
par : Terouga
Dès la « victoire » américaine autoproclamée en Irak (1er mai 2003) les actions de sabotages puis de résistance armée à l’envahisseur se sont développées à un rythme pour le moins soutenu. Aujourd’hui le nombre de soldats américains morts sur place dépasse officiellement les 1800 [1] et le nombre de blessés dépasse les 13 000. La guerre coûte une centaine de milliards de dollars par an et le pays n’est nullement « sécurisé », pas plus pour les soldats et mercenaires occidentaux que pour les civils irakiens régulièrement victimes des violences qui secouent le pays. Plus que jamais les routes du pétrole sont peu sûres.
Si la zone sunnite est plus instable que le sud chiite, aucun secteur de l’Irak n’est à l’abri de déstabilisation. Seuls certains espaces de la zone kurde semblent calmes, mais cette situation tient plus aux milices locales installées depuis 1991 qu’à un quelconque effet stabilisateur des GIs.
L’échec quasi-total (militaire, politique, financier, moral) de cet épisode de la « guerre contre le terrorisme » est devenu évident pour tous, y compris, ses principaux responsables. Après avoir hésité à rétablir la conscription, les oligarques du Pentagone et de Washington tentent de trouver une sortie honorable à ce bourbier [2]. Cela explique les rumeurs de négociation avec les cadres de la résistance. Alors qu’en novembre 2006 auront lieu aux États-Unis les élections à mi-mandat, les bushistes les plus lucides savent qu’un retrait partiel ou total est souhaitable.
Alors que la situation est plus bloquée et plus pourrie que jamais, il reste à analyser en profondeur la mécanique infernale qui tue chaque jour en Irak et les conséquences sur la région et le monde car c’est bien les rapports de forces internationaux de demain qui se jouent actuellement là-bas.
I. Le ventre mou du chaos irakien
A) L’occupation coloniale génère sa propre résistance populaire
La guerre en Irak qui se poursuit depuis 2003 a les caractéristiques de l’occupation soviétique en Afghanistan et de la guerre civile libanaise.
Nous avons une armée moderne et civilisatrice (de type coloniale donc) qui s’impose à une population qui ne la souhaite pas. Or, devant la brutalité de toute occupation de ce type (soldats sûrs d’eux face à une société tribalo-clanique), l’engrenage de la violence était pour le moins prévisible : nous sommes devant la règle absurde de l’amalgame. Connaissant peu le terrain, presque pas la langue et très mal renseignés, les Occupants occidentaux tapent au hasard et exercent des représailles collectives sur les civils. Arrestations arbitraires, violences gratuites, humiliations, tortures avérées, vols, etc. La liste des exactions américaines décuple à l’infini les envies de vengeance et autres velléités de résistance à cette occupation qui n’a que le contrôle du brut comme objectif… Par exemple la ville de Falloudja est devenue antiaméricaine quand les occupants ont tué plusieurs dizaines de civils en avril 2003. Il s’agissait pourtant de manifestants pacifiques. Par la suite, la résistance de la ville a plus été le fait des habitants humiliés que de groupes sanguinaires d’islamistes. La destruction de la ville lors de la reconquête US (combien de civils tués ?) n’a nullement abouti à des preuves allant dans ce sens.
Comme en Afghanistan ou en Algérie, une armée s’acharne donc chaque jour sur une population de plus en plus favorable aux résistants, eux-mêmes de plus en plus soutenus, équipés et aidés face à la brutalité redoublée des Boys…
En Irak les groupes patriotiques appliquent les méthodes de la « guerre révolutionnaire » : ils agissent en accord avec la vox populi dégoûtée par l’attitude des occupants, mais aussi font en sorte que peu de voix dissidentes ne se fassent entendre [3]. On évalue leurs troupes à plus de 20 000 hommes ayant par le passé subi un entraînement. Rappelons que dès la « fin » de la guerre plus de 300 tonnes d’explosifs disparurent de la surveillance américaine…
Ainsi, comme en Afghanistan, les « bonnes intentions » des occupants ne rencontreront jamais les souhaits de la population, et la résistance est programmée pour se nourrir des exactions des soldats impuissants à viser juste dans un monde qu’ils ne comprennent pas.
Reste que les violences qui touchent l’Irak ne proviennent pas uniquement du face-à-face armée américaine / résistance patriotique.
B. les escadrons de la mort
Le cas irakien a aussi des éléments de la guerre civile libanaise : en effet, d’autres acteurs de la violences ont une place entre la brutalité de l’occupation et les actions de la résistance patriotique. Ainsi du côté des Américains, il existe des officines plus ou moins secrètes dont le rôle est de lutter contre les résistants avec d’autres « méthodes ». Ainsi quelques groupes irako-américains ont-ils été formés afin d’appliquer en Irak les méthodes des « escadrons de la mort » sud-américains. Méthode utilisée aussi par les généraux algériens qui montaient des faux maquis et groupes islamistes pour discréditer et lutter contre les réseaux du FIS.
Après la défaite du Vietnam, dans les années 70-80, les experts de la CIA ont mis au point des recettes de contre-insurrection : face à la popularité des guérilla d’Amérique centrale, les conseillers américains sur place ont mis sur pieds des groupes armés formellement indépendants des autorités locales, mais en fait issus des corps de police ou des troupes militaires alors débordées par les réseaux révolutionnaires. Comme la population des quartiers pauvres et des campagnes misérables soutenaient plus ou moins activement les rebelles, la lutte devaient porter sur ces populations : en parallèle de milices « d’autodéfense » (de type harkis) ces groupes illégaux et mouvants prirent pour cible les populations susceptibles de soutenir ou de basculer du côté des rebelles. Cette politique d’une brutalité inouïe réussi presque partout. Aujourd’hui seuls les rebelles colombiens ont su éviter la victoire des « autodéfense unies de Colombie » (AUC) considérés comme des organisations terroristes y compris aux USA. Reste que cette politique de représailles collectives et de terreur permit peut-être au régime oligarchique colombien de ne pas sombrer. De notoriété publique ces groupes ont des liens très étroits avec l’armée ou même certaines officines américaines para officielles (galaxie néo-conservatrice, anticommuniste, christiano-réactionnaire...).
C’est, fort logiquement, ces méthodes illégales que l’ambassadeur américain en Irak applique avec la plus grande discrétion officielle. Rappelons à toutes fins utiles que J. Negroponte était ambassadeur américain en Amérique du sud [4] sous Reagan dans les années 80, années d’inflation des « escadrons de la mort [5] ».
Ainsi, pour qui sait lire les dépêches d’agence sur l’Irak on voit fleurir des groupes clandestins dont les actes semblent aller dans le sens d’actes de terreur plus ou moins ciblés contre la rébellion ou ses soutiens. De même des témoignages troublants d’explosifs installés dans des voitures de civils irakiens après un passage dans une base US vont dans ce sens.
Il est indéniable que la résistance irakienne tue aussi des civils innocents en visant les occupants, mais il semble que pour les groupes de résistance identifiés les cibles soient avant tout des centres de recrutements des collaborateurs des américains, ces recrues elles-mêmes, les soldats occidentaux ou encore des politiciens justifiant le caractère « démocratique » du régime compradore (comme A. Chalabi, ex préféré du Pentagone).
C’est là un point commun avec la guerre civile libanaise où une myriade de groupes très variés et en perpétuelle mutation se livrait à une guerre de moins en moins lisible puisque échappant au clivage clair de deux camps clairement identifiés.
C. le groupe de Zarkaoui
Dans cette stratégie du pire où le chaos semble dominer, le groupe dit de Zarkaoui / Al Qaïda semble jouer ce rôle de structure contre-terroriste. Nous ignorons si Zarkaoui est vivant, nous ignorons même s’il dirige effectivement quelque groupe que se soit, mais son parcours, ses actes, ses revendications, ses discours supposés semblent aller dans le sens d’un groupe totalement instrumentalisé et monté de toutes pièces par les services de presse des occupants : spécialisés dans les actes abjectes (décapitation de civils occidentaux capturés…), les tueries aveugles ou encore les cibles chiites, il tend à discréditer aux yeux de l’opinion occidentale une résistance irakienne qui lui a toujours dénié toute efficacité et toute représentativité. Certains groupes l’ont même identifiés comme cible à abattre.
Si des groupes djihadistes-intégristes agissent bel et bien en Irak (Armée Islamique en Irak, Ansar al Islam…) la plupart d’entre eux semblent collaborer avec les réseaux baasistes et agir véritablement contre les occupants et leurs collaborateurs armés. Le leader de la résistance baasiste (Al Douri) n’a jamais caché avant la guerre sa volonté d’islamiser la population et le parti Baas avec comme objectif de décupler le rejet d’une éventuelle occupation.
D. les milices chiites et kurdes
Entre les soldats américains et la résistance nationale, il existe donc tout un panel de groupes qui agissent de façon plus ou moins autonome les uns des autres : ainsi les partis chiites ont chacun leur milice armée. Si certains ont rejoint ponctuellement la lutte anti-impérialiste (« armée du Madhi » de Moktada al Sadr), d’autres semblent plus tentés de pactiser avec les occupants le temps de contrôler l’espace politique et social, c’est le cas de la bridage Badr, formée en Iran par les Pasdarans et solidement implantée dans le sud du pays. On soupçonne ce groupe de participer à des attentats contre des leaders sunnites proches de l’ancien régime…
Reste à dire un mot des milices kurdes qui jouent aussi un rôle dans la fragmentation militaire du paysage irakien…
II. Frontières, violences, ingérence
A. Syrie, Arabie, Iran : gagner du temps
Autre point commun avec la guerre civile libanaise, l’ingérence des pays frontaliers. Fort logiquement, les pays voisins de l’Irak sont très inquiets par la décision américaine de se jeter sur ce pays pétrolier. Si l’Irak de S. Hussein avait des relations détestables avec quasiment tous ses voisins (à l’exception de la Jordanie) le stationnement de près de 140 000 soldats sur place fait peser une menace sur l’Iran, la Syrie ou même l’Arabie Saoudite… Laisser la situation se détériorer pour les Américains revient pour ces pays à gagner un temps précieux et décourager Bush et son équipe de renouveler l’expérience [6]
Alors que l’occupation s’épuise dans un perpétuel chassé-croisé avec les insurgés, les pays voisins tentent de tirer avantage du chaos irakien. L’occupation américaine ne va plus se compter en années… La priorité du Pentagone n’est plus d’écraser la résistance. Cette stratégie a monté l’ensemble de la population contre les américains, il s’agit plutôt « d’irakiser » la guerre, c’est-à-dire de former et soutenir une armée irakienne à la solde de quelques officiers US. Cet objectif est loin d’être atteint [7] alors même que l’armée de terre américaine est épuisée [8] .
Avec la floraison de groupes djhadistes révolutionnaires, ces régimes frontaliers seront peut-être tôt ou tard menacés par ces mêmes réseaux (c’est le cas de l’Arabie Saoudite), mais en attendant, ces pays préfèrent laisser ces « volontaires » aller se battre à Bagdad. Sans spécialement aider, créer ou armer ces groupes, les pays frontaliers ont tout intérêt à laisser faire. Le naufrage de l’occupation américaine et ses coûts politiques et humains ne peuvent que laisser de l’oxygène interne à ces régimes sous tension.
Notons aussi que Riyad et Téhéran se disputent traditionnellement la zone du Tigre et de l’Euphrate : au soutien logistique des milices chiites de l’Iran répond le soutien tactique des Saouds aux groupes arabes sunnites d’Irak…
B. la Turquie et Israël : éviter la reconstitution d’un Irak stable
De même la Turquie ne saurait laisser un Irak fédéral proaméricain se stabiliser. En effet, cette hypothèse entraînerait automatiquement un Kurdistan quasi-indépendant et donc un « modèle » pour les Kurdes de Turquie. Ainsi les Turcs, ex alliés des Américains dans cette affaire ont-ils tout intérêt à « aider » la minorité turcophone, les Turcomans, en Irak ou même monter des attentats contre les leaders Kurdes.
Autre pays intéressé au chaos en Irak : Israël. Pays développé mais minuscule et dépendant des États-Unis, ce pays n’a aucun intérêt à voir émerger des régimes indépendants dans sa région. Difficile de dire si les réseaux du Mossad sont si étendus qu’on le dit, en tout cas, la politique du pire en Irak sert très largement Israël : elle justifie le côté « barbare » de toute résistance arabe, elle empêche le relèvement d’un Irak stable et indépendant. Pour finir, des troubles avec la Syrie ou même l’Iran pourraient parasiter ces adversaires rhétoriques de l’État hébreu.
III. La Mésopotamie, nœud des rivalités impériales
Reste que si nous passons de l’analyse régionale à l’analyse mondiale, la question irakienne est encore davantage condamnée à occuper le devant de la scène. Avec les plus grosses réserves de pétrole du monde après l’Arabie, l’Irak ne peut qu’intéresser les gros consommateurs de pétrole brut. Énorme consommateur mondial militariste, les USA sont logiquement les plus impliqués en Irak. Davantage ravitaillée par l’Algérie ou la Russie, divisée politiquemen, l’Europe est logiquement en position de retrait, mais cela ne saurait être le cas de la Chine dans quelques années.
Sur la question irakienne, la Chine Populaire a été d’une prudence proportionnelle avec le rapport de force. Il était en effet plus facile de soutenir la Corée du Nord que de sauver l’Irak. Mais dans la décennie à venir la Chine Populaire sera dans la situation actuelle des USA : réserves de pétroles sur le territoire national [9], mais consommation bien supérieure.
Pékin a déjà signé des accords pétroliers faramineux avec l’Iran et la Russie [10], de même la Chine a toujours entretenu de très bonnes relations avec le Pakistan. Dans une perspective de hausses de la consommation et de raréfaction lente des réserves mondiales, l’empire chinois en gestation ne peut raisonnablement laisser le chaos ou l’impérialisme américain s’installer en Irak.
Des risques de conflits directs ou indirects entre les deux empires du XXIe siècle ne manquent pas : conflit stratégique entre le Japon (et les USA) et la Chine, surenchère autour de la Corée du Nord, réunification ratée avec Taiwan, etc. Les points de rupture sont connus, mais il y a fort à parier pour que la question énergétique se cristallise, comme toujours, au Proche-Orient. Un axe sino-iranien avec la bienveillance pakistanaise pourrait contribuer à blackbouler l’axe américano-sunnite [11], définitivement rompu depuis le 11 septembre et l’invasion ratée de l’Irak.
Conclusion : de l’impasse à l’abîme
De plus en plus de voix officielles aux États-Unis pronostiquent un retrait partiel de quelque 30 000 soldats courant 2006. Cette décision sera-t-elle appliquée ? Est-ce un nouveau rideau de fumée de G. Bush destiné à tromper une fois de plus son opinion ? Une augmentation du nombre de soldat (160 000 hommes) est même annoncée pour fin 2005.
Reste que cette nécessité de limiter les pertes et le coût financier traduit la faillite de l’intervention de 2003. En abattant le dernier régime arabe stable et à même de rivaliser à la fois avec la théocratie iranienne et le féodalisme saoudien, les États-Unis ont joué à quitte ou double : soit ils recréaient des provinces « romaines » associées au centre impérial et fidèles politiquement [12], soit, ils laissaient les Iraniens et leurs alliés chinois avancer vers Bagdad. De même ils ont définitivement ligué contre eux les pires ennemis des Chiites, à savoir les réseaux wahhabites terroristes.
Au jour d’aujourd’hui le nombre des attaques contre les Américains se sont stabilisées à environ 65 par jour, mais les responsables du Pentagone sont les premiers à reconnaître le perfectionnement constant de ces attaques à l’explosif plus ou moins imparables…
La seule issue aurait été dès 2004 de mettre l’occupation au service de la population [13] et d’éviter ainsi la généralisation des violences de droit commun et d’autres gangs prospérant sur la liquidation de l’État. Forcé de tolérer des milices kurdes (au risque de déstabiliser la Turquie) et des groupes chiites (au risque d’épargner le nucléaire iranien) pour subir au mieux la résistance irakienne, la politique de Bush est plus que jamais dans une impasse stratégique et politique. Impasse qui pourrait se transformer en désastre si d’aventure Bush attaque l’Iran.
En voulant garantir l’approvisionnement en brut de demain, les oligarques américains ont définitivement achevé de déstabiliser le deal néo-colonial qui gérait la région depuis les années 50. Le chaos irakien n’arrange qu’à très court terme les intérêts impérialistes dans la région.
[1] G. Munier évoque le chiffre de 9000 morts concernant les pertes US ( http://que-faire.info/Principal/Interview%20AFI.htm#haut ) . Il affirme que les soldats qui n’ont pas encore la nationalité américaine ne sont pas comptabilisés. Et, en étudiant le nom des soldats tués, rares sont les noms hispaniques ( http://216.239.37.104/translate_c?hl=fr&ie=UTF-8&oe=UTF-8&langpair=en%7Cfr&u=http://icasualties.org/oif/&prev=/language_tools)
[2]Rumsfeld lui-même évoque un retrait
[3]Ce fut le cas en Algérie quand le FLN élimina le MNA et assura l’encadrement violent de la population.
[4]J. Negroponte a été ambassadeur au Nicaragua et au Honduras où il a été la cheville ouvrière de la mise en place des « escadrons de la mort ». Il a coordonné l’aide militaire aux rebelles antisandinistes au Nicaragua et le trafic de drogue. Par la suite, il fut ambassadeur à l’ONU (où il diffama H. Blix) puis en finalement en Irak dès 2004. Il est aussi l’homme clef des services de renseignements.
[5]Cette politique est illustrée par le film SALVADOR d’O. Stone.
[6]Contrairement aux aventures coloniales américaines, la construction de l’empire romain en Orient dès les années 50 av JC est faite d’étapes très progressives et d’alliances avec les clientèles locales les mieux implantées.
[7]Sur les 138 000 soldats irakiens à la solde des occupants, seul 1/3 est jugé fiable…
[8]L’infanterie en Irak est déjà à sa 3° rotation et il y a 15 % de déficit dans le recrutement, sans compter les suicides et autres désertions.
[9]Essentiellement en mer de Chine et dans le nord-ouest.
[10]Voir sur cette question http://que-faire.info/Principal/Chine-EU.htm
[11]Accords militaires et pétroliers entre Roosevelt et le roi Saoud dès 1945.
[12]C’est l’idée libre-échangiste du « grand Moyen-Orient ».
[13]Comme avec le plan Marshall après la guerre en Europe
Date de dernière mise à jour : 02/07/2021