Demain dès l'aube (ciné)

 

Les angles morts de la raison

le pianiste devra se battre en duel pour défendre « l’honneur de son régiment » !

Le film s’ouvre sur une scène de duel. 

Un duel en costume napoléonien. Une scène qui pourrait être décalée et burlesque, mais qui, au contraire, impose une tension qui ne nous quittera pas.

Le personnage principal est un pianiste professionnel qui, autour de 40 ans, traverse une période incertaine. Devant surveiller sa mère malade il s’installe dans sa chambre de jeunesse et vérifie que son jeune frère va bien. Ce dernier, fragile, est un passionné de l’époque napoléonienne. Il participe fréquemment à des reconstitutions où des passionnés communient dans l’amour de « l’empereur ».

Notre pianiste, dont la retenue est très bien rendue par Vincent Perez, se prend doucement au jeu initié par son frère. Il lui révèle les sourdes rivalités qui opposent les hussards depuis… la bataille de Wagram !

Au début du film, malgré le sérieux de l’histoire et les problèmes qui surgissent, on est tenté de sourire devant ce monde parallèle où des gens ordinaires dans le civil se déguisent en grands officiers de Bonaparte, prennent des postures impériales ou se croient à la veille d’une grande bataille… Mais on se rend compte très vite que cet univers opaque et surprenant a sa cohérence et surtout génère paranoïa et schizophrénie.

Ne peinant pas à trouver sa place sur cette planète anachronique, le pianiste doit bientôt se battre en duel pour défendre « l’honneur de son régiment » ! Et c’est là que l’histoire prend en virage tragique et que le spectateur retient son souffle dans ce quasi huit clos initiatique.

Réalisateur exigeant et brillant, Denis Dercourt avait déjà exploré les angles morts de la raison dans La tourneuse de pages (2006). Musicien de formation, il ponctue son film de morceaux de piano époustouflants.

Interview de D. Dercourt : http://www.dailymotion.com/video/xa4lup_demain-des-laube_shortfilms