QUE FAIRE Valeurs et Actions Républicaines

La nouvelle économie de l'intime

Septembre 2005

La nouvelle économie de l'intime :

Nouveaux marchés, nouvelles névroses

par : Terouga

* Le musée Léopold de Vienne offre vendredi une entrée gratuite à chaque visiteur qui se présente nu ou en maillot de bain (…). A la mi-journée, près de trois cents hommes et femmes en sous-vêtements ou en maillot de bain et dix en tenue d'Eve sont venus, selon le musée, se rafraîchir devant l'exposition "The Naked Truth" ("La vérité toute nue"), une série de nus et autres tableaux qui ont scandalisé Vienne au tournant du 20ème siècle. (source : Yahoo actualités

* L’amour avec un grand sujet de société : le Zapping amoureux , la flexibilité amoureuse ne cesse de gagner du terrain, ce n’est pas nouveau mais on n’en sort toujours pas…génération adolescente for ever ? (Source : Jalouse n°82 Juillet-Août 2005)

 

20 ans de cancer néolibéral :il appartiendra sans doute aux chercheurs de la fin du XXIe siècle de trouver un mot pour qualifier le système économique et social qui a été créé à la fin des années 80 dans les pays industrialisés. À la fois ploutocratie ultra-libérale et État providence perverti, nous vivons depuis le traité de Maastricht sous la dictature molle d’une bande de politiciens issus du mouvement de mai 68, tout ceci dans une ambiance dépolitisée par les mœurs et la praxis de la présidence Mitterrand.

Cumulant les défauts de l’État Providence inadapté au fort chômage (assistanat, trouble de l’ordre public, délinquance…), de la « pensée 68 » (culture de l’excuse, minorités activistes, etc.) et du chaos libéral (inégalités croissantes, modèle américain…), la société française semble soumise à une pression qui monte, doucement mais sûrement, depuis le milieu des années 80 [1]

Impliquant systématiquement des effets sociaux contraires, ce néolibéralisme [2] n’en finit pas de bouleverser la société dans son ensemble de l’individu jusqu’à la Nation.

1.       Vie privée et intimité, des conquêtes sociales ?

L’histoire de l’intimité des populations est une question très délicate et très difficile à traiter dans la durée. Il est souvent redoutable de tenter une analyse rationnelle de faits sociaux aussi cachés et déformés par le jeu des témoignages et des enquêtes. Par définition, les sciences humaines en général, et l’histoire en particulier sont faites pour étudier le public, expliquer les faits officiels, expliciter l’économie, etc. Mais qu’en est-il de l’intime ? Très logiquement d’autres sciences sont nées pour gérer les problématiques dérivant de l’univers caché de l’intérieur des familles. Perpétuellement concurrentes et complémentaires la psychanalyse et la psychologie ont tenté d’y voire plus clair. Certains travaux psychanalytiques, échappant au côté oligarchique de cette discipline, ont mis en évidence les nouvelles névroses induites par le libéralisme, la dépression incarnant le nouveau « mal être » des laissés-pour-compte partiels ou totaux du libéralisme [3]

Reste que pour ce qui nous intéresse, la « vie privée », par opposition à la « vie publique », répond aussi à des problématiques sociales et économiques. On n’échappe pas à son habitus social dans son travail ou sa façon de voter, on n’y échappe pas plus dans l’intimité. L’économie familiale procède de l’économie tout court : à l’incertitude de l’emploi ou du logement correspond une instabilité tendancielle des couples, au contraire dans des sociétés rurales très stables dans la gestion du foncier, le couple et la famille deviennent ces monstres de paternalisme et de monogamie où l’infidélité ou l’homosexualité sont des « péchés » menaçants pour l’ordre social [4]

Dès lors, la souffrance sociale qui découle actuellement de la société française provient bel et bien de l’économie et non d’une quelconque immoralité. Quand une économie tend à redistribuer des richesses (d’une façon plus ou moins équitable [5] ) alors la société se stabilise et se civilise : inutile de bouger ou de changer perpétuellement de secteur pour gagner sa vie pour épargner ou investir. Le vécu familial se polarise donc assez vite, et toute une culture « petite bourgeoise » connue pour son conformisme se développe. Un fort attachement aux acquis sociaux finalise le consensus social qui tient lieu de « morale » publique.

Or, dès que le taux de chômage réel augmente au-delà de ce que la société peut supporter, alors ce même consensus vole en éclats et c’est le grand sauve-qui-peut. C’est ce phénomène protéiforme que nous subissons en France depuis le milieu des années 80. Ainsi deux instabilités bien distinctes ont-elles décuplé le phénomènes : décomposition des familles « prolétariennes » à cause du chômage, et activisme néo-libertin d’une certaine oligarchie sans pitié .

Dans les périodes de stabilité sociale et de croissance économique partagée, la vie privée devient une sorte d’acquis social correspondant au repos, aux loisirs, aux activités associatives qui échappent a priori à la tyrannie du travail. Le travail, les activités rémunératrices étant du domaine public, réglementé par des rapports de classe, la « vie privée » est le bon côté de la médaille, mais reste associée à l’économie publique. Pas de légitime repos sans la fatigue du travail.

Ennuyeuse ou tumultueuse, la vie privée n’est jamais que la conséquence logique et économique de la vie publique. Dans les périodes de redistribution de richesse, les temps de la vie privée sont des temps sacrés, auxquels nul ne peut toucher. Interdiction du travail le dimanche, interdiction du travail de nuit des femmes, interdiction du travail des enfants, retraite, congés payés [6] … Ces temps dévolus aux salariés besogneux (dès l’été 36) avaient un vrai caractère révolutionnaire, ne serait-ce que par le fait qu’ils furent obtenus de haute lutte (de la fin du XIXe siècle à la Libération).

À la recherche de temps de travail supplémentaire et surtout de baisse des rémunérations, les puissants ont toujours visé la « vie privée » des producteurs comme temps à reconquérir. Ainsi, les aristocrates protestants des XVIe et XVIIe siècles ont toujours voulu imposer à leurs paysans le travail pendant les jours fériés. Refusant l’existence de « saints », les Protestants français, essentiellement des aristocrates, pensaient ainsi faire travailler davantage les travailleurs ruraux très attachés aux dizaines de fêtes catholiques annuelles. Au XIXe siècle, la bourgeoisie refusait l’idée de « congés payés » (expression longtemps provocatrice) car elle inciterait davantage les travailleurs à boire…

Menacés par le capitalisme allemand associé aux Nazis, les bourgeois français rallièrent sans hésiter le régime de Vichy dont les premières mesures liquidèrent les congés payés de 36 , la loi des « 40 heures », le droit de grève, etc.

Dernièrement, les multiples attaques du patronat français contre le repos du dimanche, le travail de nuit des femmes ou les « 35 heures [7]  », vont dans le sens de l’extorsion de travail contre aucune rémunération supplémentaire. Le « contrat nouvelle embauche » du gouvernement de Villepin procède de la même idée [8]

Nous traversons donc une période de forte instabilité économique et donc d’instabilité sociale. De ce fait, la « vie privée » ne peut plus être ce temps gagné par les salariés sur le travail (et donc la puissance sociale des possédants).

Enjeu de la lutte centenaire entre producteurs et bourgeois, l’intime ne peut qu’être la proie de cette lutte sans merci aujourd’hui, plus encore que jadis car les défenseurs des travailleurs ont disparu [9]

2. L’intimité entre normes et marché

Jusqu’aux années 60-70, l’intime était le monopole exclusif de la morale. Morale des religieux jusqu’à la Libération, puis morale républicaine des instituteurs. Bien qu’opposés politiquement aux prêtres, petits propriétaires et militants syndicaux communiaient dans la défense des unions stables, du mariage « d’amour [10]  », l’éducation ou encore l’idée d’une redistribution des richesses. C’est ce consensus républicain qui dirigea la France de la Libération aux années 70-80. Certes, les tentatives de déstabilisation de ce modèle ne manquèrent pas (gouvernement Pinay), les défauts ne manquaient guère, mais globalement, la société allait dans le même sens : travail, épargne, droits sociaux. Au déclin de l’Eglise succéda l’influence des grands partis politiques et autres organisations de masse, tous plus ou moins en phase avec une partie de l’électorat populaire (ouvriers pour le PC, techniciens et enseignants pour le PS, boutiquiers pour les gaullistes).

Fort logiquement ce mélange de conservatisme sociétal [11] et progrès social était pour le moins peu tolérant pour les « marginaux » de toute sorte : sans beaucoup d’humanisme, filles-mères, divorcé(e)s, homosexuels et n’avaient guère de chance de trouver une place dans cet univers stéréotypé et plutôt gris [12]

Le premier dérapage de cette locomotive paradoxale gaullo-communiste (sic) fut le mouvement de mai 68 : instinctivement le PCF redouta un débordement révolutionnaire des ouvriers, à qui on n’avait rien demandé. Même chose pour les étudiants, brutalement agités en dehors de leurs organisations représentatives habituelles. Que s’était-il passé ? D’où venaient ces « nouveaux mouvements sociaux » ? Qu’étaient ces multiples organisations représentant une infinité de marges toutes plus folkloriques les unes que les autres ?

Récapitulons : Mai 68 (ou plus exactement la période qui va de 1965 [13] à 1974 [14] ) a vu émerger sur la place publique l’écologie, les néo-régionalismes, le développement des mouvements gauchistes, la pornographie, la culture « jeune », l’art contemporain, etc.

Quels points communs entre toutes ces « nouvelles [15]  » idées ? Aucun, si ce n’est que les animateurs de ces nouveaux groupes étaient des jeunes nés dans les années d’après-guerre, motivés à l’idée de bousculer la « vieille France » (gaulliste, communiste, coloniale) ; ils instrumentalisèrent ces groupes issus du développement du capitalisme pour investir le pouvoir à la place de leurs aînés.

Mais pour la première fois, ces mouvements, cette galaxie qui ne s’avouait pas encore ultra-libérale, tenta de « politiser » l’intimité : ce nouveau mouvement social, coupé des vieux partis politiques, fit de la « vie privée » un terrain de lutte : l’écologie comme la pornographie dérivaient d’une vision vitaliste de l’Homme et de la société. Pour faire simple il fallait vivre ses « idées » avec son corps. On retrouve cette idée à la fois totalitaire et archaïque dans les régionalismes ou encore dans l’art contemporain [16] ou même la psychanalyse politique issue des années 70.

Souhaitant collectivement et dans le cadre de leur génération conquérir les places du pouvoir politique, économique et symbolique, ce vaste « mouvement » laissa ces nouvelles idées se métamorphoser en quelques années en nouveaux marchés. L’écologie déboucha sur les produits « bio », la pornographie sur une exploitation éhontée de la misère sexuelle des clients et de la pauvreté des « actrices », la psychanalyse sur l’auto-justification de la nouvelle pensée bourgeoise élitiste, le régionalisme sur le féodalisme de quelques réseaux blackboulées à la Libération, le mouvement étudiant gauchiste sur le parasitisme social, etc.

Dans tous les cas de figure, la boîte de Pandore de l’intime n’en demeura pas moins ouverte : de l’intime comme espace de repos sacré arraché au capitalisme du XIXe siècle la jeunesse des puissants des années 60-70 fit un nouveau et colossal marché.

Disons-le tout net, la vente de parasols ou de godemichés par des marchands du Temple n’est pas un mal en soi. Plus grave, l’intime est devenu très progressivement, une variable d’ajustement de l’organisation sociale globale. Si les media furent l’instrument (et non la cause) de ce bouleversement, les origines profondes du phénomène sont à chercher ailleurs.

Dans les années 60-70, le capitalisme se transforme sous l’impulsion des nouvelles normes américaines. Le secteur tertiaire explose et la production industrielle n’est plus la source principale de richesse.

Une société très rurale (très stable donc) mélange intimité et gestion de la terre. Une société industrialisée développe un rythme dans la temporalité des Hommes : entre le temps de travail et le temps de sommeil émerge le « temps libre » ou vie privée, conquête, rappelons-le du mouvement ouvrier. Pour les bourgeois (et les aristocrates hier) plus ou moins jouisseurs (fort bien raconté par E. Zola et quelques autres à la fin du XIXe siècle) les loisirs sont un luxe, sensé les distinguer catégoriquement de la populace.

Au milieu du XXe siècle, une société de services forcément concurrentielle (vu le caractère précaire et superflu de bon nombre de services) généralise obligatoirement le domaine de la lutte économique à des espaces nouveaux.

Il n’est pas surprenant que les émissions exploitant l’exhibition de l’intimité des gens proviennent des États-Unis, pays pionnier dans l’essor des services, des media et des inégalités. Les deux phénomènes sont concomitants : les  reality show américains émergent brutalement dès que les services et un relatif chômage se développent : pour avoir intérêt à passer dans ces programmes obscènes les gens doivent être plus ou moins exclus des modes traditionnelles de s’enrichir. De même, le public de ces émissions, des gens ordinaires, est capable de s’identifier à cette intimité télévisée, donc maximisation de l’audience et des bénéfices associés.

Vu le caractère longtemps social et moral de l’État et les forces « égalitaristes », la France ou l’Allemagne ont longtemps résisté à cette « télé-poubelle ». La résistance de la société à ce retournement de l’intimité (qui devient médiatisée et donc publique) a cessé à la fin des années 90, quand tous les secteurs de l’opinion (secteurs créés selon des normes marketing) ont été soumis à une telle pression économique (précarité de l’emploi, exploitation, etc.). Confusément, certains secteurs de la population ont vu dans ces nouvelles émissions un moyen rapide et durable (gains colossaux) pour gravir les échelons de la société libérale (tous les coups étaient permis) et post-industrielle (la finance [17] paie plus que le travail) l’enrichissement devenait totalement indépendant de la production objective de richesse).

À titre individuel (et donc statistiquement exceptionnel) ce type de parcours est littéralement payant. On ne compte plus les « nouvelles stars » inconnues hier, célèbres et riches aujourd’hui et qui tombent dans l’oubli aussitôt : candidats des loft story… Richesse et reconnaissance éphémère comme certaines miss France, etc. Reste que cette révolution de l’intime livre au secteur privé un espace social et économique qui échappait totalement au capitalisme.

Là aussi le pays pionnier de cette stratégie sociale, les États-Unis, nous montre le caractère profondément illusoire de cette prétendue promotion : s’infiltrant dans les media dans les années 60, les Afro-américains ont été les victimes évidentes de ce piège. Aujourd’hui, il est devenu patent que les Noirs américains dans les media sont sur-représentés dans le divertissement (sport, comique, rappeurs) et non dans les postes de pouvoir.

Disons-le tout net : la fuite en avant dans l’individualisme et la médiatisation de l’intime ne saurait en aucun cas être un progrès pour les populations dont on exploite l’intimité. Si les riches et les puissants ont en apparence largué toute moralité judéo-chrétienne [18] , c’est uniquement parce que la « charité » perturbait leur enrichissement. Hier encore, une certaine morale d’origine religieuse permettait de décourager la révolte des exploités (« Ca ira mieux quand vous serez mort… »), mais l’oligarchie y gagne bien plus en valets et en kapos en laissant les classes populaires et laborieuses se ruiner en les singeant, y compris dans cette privatisation de l’intime.

3.       Conséquences paradoxales : mi-pute, mi-soumise

Les media, ou plus exactement ceux qui les contrôlent, ont un intérêt évident à généraliser cette politique : le marché du corps, du sexe, de l’intime est avant tout un marché de court terme porteur. Faux seins, viagra et séances de psychanalyses enrichissent toujours les mêmes. À plus long terme, ces nouvelles normes stérilisent en amont toute collectivisation de la riposte sociale. L’ancienne « promotion canapé » hier, ou la sélection des animatrices par le porno aujourd’hui tout comme les réseaux oligarchiques basés sur la fréquentation des lieux « gays », ou encore la généralisation médiatique des boîtes échangistes n’ont qu’une seule finalité : cliver la population en deux blocs : une élite « prête à tout » et une masse informe et frigide qui se condamne elle-même à tout accepter pour rester connectée au réseau.

Sommés de choisir à l’entrée de l’âge adulte, les petits-enfants des années 60 hésitent longuement… Et, comme toujours, pareilles circonstances débouchent sur des résultats paradoxaux : il semble que les mieux placés sur le marché porteur du corps comme variable de sélection fassent de la surenchère. Les modes des adolescentes sont très orientées vers la « lolita », synonyme de repoussoir dans le roman de Nabokov (paru en 1955 aux États-Unis), la Lolita du XXIe siècle est tout l’inverse . Jeune, belle, provocante, elle gagne symboliquement la place des futures adultes, complexant les femmes plus âgées, plus grosses, plus vieilles, etc. Le système gagne sur tous les tableaux : maquillage pour mûrir les midinettes, maquillage pour rajeunir les autres. Plus troublant, cette mécanique infernale mène aussi à la pédophilie, mais plus gravement encore à la généralisation de la lutte de toutes contre toutes sur des bases physiques et esthétiques… Alors qu’hier la société en général définissait qui était jeune ou moins jeune, etc. c’est aujourd’hui un marché qui définit les normes de la vie.

À l’inverse, certaines filles, éloignées des starting block symboliques font de la surenchère dans l’extrême inverse : c’est le cas des jeunes chrétiennes « évangéliques » maladivement attachées à la virginité, ou encore certaines musulmanes des ghettos qui trouvent dans le voile un sursit à cette compétition agonistique qui n’est pas sans rappeler « l’héroïsme » niais des gauchistes du MLF…

De même du côté des garçons, on déplore le look du minet comme avatar d’une virilité comique ou encore une homophilie très valorisée dans les centres-villes des capitales mondialisées (Paris, Londres, New-York…).

Disons-le sans retenue : c’est deux extrêmes paradoxaux sont des impasses. Ces comportements sont antisociaux et hostiles, en eux-mêmes, à tout consensus républicain.   Tolérer les babouineries de certains descendants immigrés [19] ne sert qu’à généraliser l’opprobre contre tous les « étrangers », même les plus exemplaires. Accepter la réduction de surface des maillots de bain chez les femmes n’est synonyme que de marchandisation du corps de l’ensemble des femmes, etc.

Conclusion : sortir du harem libéral

Les paradis érotico-exotiques entrevus par les explorateurs des XVIIe et XVIIIe siècles n’existent pas plus que les utopies soixante-huitardes. Chaque pouvoir, chaque idéologie a toujours voulu se perpétuer en utilisant la sexualité des gens à son profit. Contrôler le corps de la femme, c’est contrôler la reproduction, la famille, la civilisation… Monopole des religieux et dévolue à la simple reproduction des populations dominées hier (le harem), la sexualité est devenue aujourd’hui un outil idéologique au service des élites (le bordel). Le harem libéral est plus vaste qu’un palais oriental, mais tout aussi implacable : une femme exclue des règles de la mode, de la sexualité-plaisir et de l’économie du désir est vite une marginale réduite aux affres de la dépression et/ou au travail compulsif.

Découplée de toute règle et de toute éthique, la sexualité n’est rien d’autre qu’un terrain de lutte sans répit et sans loi de tous contre tous. Si la morale étroite et névrotique du catholicisme est définitivement et heureusement du passé, la tâche de notre génération est d’inventer une nouvelle façon d’associer bien-être, plaisir et respect d’autrui.

De plus en plus coupée de la reproduction, la sexualité sera ce marché inégal et violent [20] tant que nous n’aurons pas associé libéralisme économique et libéralisme social dans nos analyses. A la suite de JP Lebrun souvenons-nous que « le monstre n’a pas qu’un visage, celui de la tyrannie, il a aussi celui de la liberté sans limite ».


[1] Rappelons que les problèmes qui minent la France ont été assez nettement identifié dès les années 83-86 : chômage, précarisation, baisse du pouvoir d'achat , mais plutôt sciemment incontrôlée ! ni un problème « en soi » - la vraie question est le sous-emploi et la démission de l’état], jeunesse « turbulente », communautarisme, etc.

[2] l’expression « néolibéralisme » explique à elle seule l’ancienne nouveauté que sont les « solutions » libérales déjà usitées dans les années 30 avec l’efficacité que l’on connaît…

[3] Jean Claude Liaudet, Le complexe d’Ubu , Fayard, 2004.

[4] A l’inverse, dans les sociétés post-industrielles, l’homosexualité ou les relations multiples deviennent valorisées, y compris dans les grandes métropoles musulmanes ou hindouistes…

[5] Toute égalité dans les revenus est une utopie stupide, mais la réduction des écarts entre « riches » et « pauvres » est possible via les impôts, le plein emploi, les services publics, etc.

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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