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Métasexualité / Infidélité
no comment...
L’infidélité est-elle devenue la règle ? Est-elle la nouvelle norme ? Est-elle aussi et surtout le moteur paradoxal du couple qui dure ?
Des enquêtes montrent régulièrement qu’environ 30 % des gens en couples avouent avoir été infidèles au moins une fois. Dans les grandes villes ce taux monte même à plus de 50 %. Comment pourrait-il en être autrement ? Le couple ayant toujours été une association plus ou moins libre d’intérêts alors il procède de l’économie.
Seuls certains riches divorcent au XIX°s
Dans une civilisation rurale occupée à l’agriculture de survie le couple ne peut qu’être très majoritairement stable, long, monogame et reproducteur. Toute autre forme de conjugalité est ipso facto une menace sociale. Dans une société industrialisée le modèle s’entrouvre mais avec toujours de fortes contraintes sur les plus fragiles. Seuls certains riches divorcent au XIX°s. Hier comme avant-hier la « fidélité » (notion construite idéologiquement) est la norme et le modèle proposé sinon imposé, y compris et surtout par les lois. La fidélité comme solidarité est aussi bien sûr un évident avantage dans une société où la précarité demeure.
les opportunités s’enchaînent et les divorces aussi
La fidélité est donc très valorisée et le demeure encore. Mais quid de cette stabilité quand l’économie change ? Après les années 40 le niveau de vie décolle et les standards bourgeois se généralisent (urbanisation, travail, loisirs) : dans la France des 30 glorieuses les opportunités s’enchaînent et les divorces aussi. Moins de 10 ans après l’arrivée de la pilule (1967) le divorce devient plus facile (1975) et le nombre d’enfants nés hors mariage se multiplient.
La Femme tend à devenir un Homme comme les autres… Davantage diplômée, salariée et informée elle a davantage de possibilités de se séparer et/ou d’être « infidèle » si le besoin s’en fait sentir. La notion « d’infidélité » est tout aussi construite que la « fidélité » car tromper c’est tromper qui ? Ou plus exactement tromper quoi ? Généralement les causes du passage à l’acte sont floues et fréquemment des calques des causes consuméristes : on essaie un(e) partenaire par curiosité, passion, imitation et rarement pour d’autres raisons. La multiplication des partenaires (avant comme après la mise en couple) a même un avantage relatif darwinien : l’expérience est sensée améliorer le choix par comparaison.
des causes consuméristes
Or le ralentissement économique à partir des années 80 n’a nullement ralenti la fréquence des divorces, séparations et autres tromperies. Pourquoi ? Essentiellement parce que la société a continué à s’enrichir et aussi parce que l’idéologie dominante reste la métasexualité ou comment les thématiques sexuelles larges ont remplacé la religion comme discours structurant. Foucault fait remonter l’origine de ce mouvement au XVII°s… Il s’accélère au XIX°s et devient général avec internet depuis les années 2000. Nullement gêné par un SIDA sous contrôle la métasexualité demeure LA référence consciente ou pas à tous les épisodes de la vie. Parfois avec excès (pédophilie) souvent en synergie avec d’autres révolutions (libéralisme) la métasexualité a instillé l’idée que la sexualité est synonyme de liberté(s) et d’égalité(s). Être libre c’est être libre de pratiquer tout type de sexualité où on veut avec qui on veut. Et les revendications d’égalité passent aussi désormais par la sexualité (égalité entre homos et hétéros, hommes et femmes, assistantes sexuelles pour handicapés, etc.). A ce grand mouvement « religieux » (qui-relie) participe « l’infidélité » comme croyance, évidence et pratique…
la sexualité est synonyme de liberté(s) et d’égalité(s)
A « infidélité » il serait judicieux de substituer « pluralité séquentielle » ou comment on peut avoir une séquence de plusieurs relations comme mode de vie adapté à une économie et une idéologie qui ont décuplé les possibilités par la technique et la médecine. Pourquoi y aurait-il une limite au nombre de partenaires quand il n’y en a pas au nombre de portables ?
De plus, les épisodes de « pluralités séquentielles » ont aussi parfois l’avantage de faire durer le couple proclamé… Comme les petites escroqueries aident les entreprises en difficulté les « infidélités » renforcent quelques fois l’union périmée, le couple devenant paradoxalement plus fort grâce à un travail d’équipe à trois ou plus…
Espérer échapper à cette « économie » -au sens étymologique grec du terme « organisation »- est illusoire. Autant renoncer à internet et à la carte bleue, ce serait revenir brutalement à une époque à laquelle nous ne sommes plus du tout adaptés, ça n’empêche pas d’y rêver comme on rêve aux mythes qu’on aime non parce qu’ils disent la vérité mais simplement parce qu’ils rassurent...
Date de dernière mise à jour : 01/02/2020