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Vers un krach sexuel  ?

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Adieu ?

Des études anglo-saxonnes et françaises ont récemment montré un phénomène inédit : le déclin rapide, massif et général des « relations sexuelles ». L’acte au centre de la sexualité humaine est en chute libre dans tous les milieux : des jeunes aux moins jeunes on « couche » moins ! Qu’on soit en couple ou pas les rapports sont moins nombreux et/ou décevants. Ainsi 25 % des couples déclarent ne pas avoir de relations sexuelles sur la dernière année. Ils étaient 10 % en 2006 ! Les personnes se disant « asexuels », c’est à dire sans désirs, seraient même presque 10 % de la population. L’anormalité serait-elle devenue la norme ? Une première après des décennies de libertinages généralisés détaillés dans les romans de M. Houellebecq qui a, lui même, sombré sexuellement. C’est un virage dans nos sociétés libérales où la « libération sexuelle » est déjà une vieille histoire. Comment expliquer ce virage sans précédent mais pas sans causes ?

C’est un virage dans nos sociétés libérales

Je considère que l’imaginaire sexuel contemporain est un substitut aux morales religieuses, une consolation dans la consommation. Jusqu’à il y a peu « le cul » était une façon d’être mais aussi de penser, se penser, comparer, normer les rapports entre hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, inclus, exclus, etc. Cette « métasexualité » est un système normatif qui avait remplacé les canons du catholicisme qui réglementaient l’économie du corps. Partout dans le monde où la religion cadenasse les individus le sexe est encore une forme de révolte. Lente révolution apparue dans les franges libertines des élites du XVIII°s la métasexualité était devenue après les années 1940 une idéologie dynamique qui a carrément tout envahi après 68. Or, comme toute « religion », sa production d’espoirs a percuté la réalité sociale. Dès que les business afférents ont été aussi décevants que l’idée de départ la génération montante a commencé à prendre ombrage des vérités du passé…

la génération montante a commencé à prendre ombrage des vérités du passé

En effet les rapports sexuels sont-ils aussi bénéfiques et réussis que la vulgate se suggère ? Non. Les femmes sont-elles systématiquement bénéficiaires de la « libération sexuelle » ? Pas davantage. Après avoir été chaperonnées par l’Église elles sont désormais traquées par les playboy et autres harceleurs. Les jeunes sont-ils plus libres que leurs grands-parents ? En théorie oui mais en pratique c’est plus discutable, etc. C’est pour cela que dans les dernières séries les scènes hot ont été retirées pour ne pas lasser un public gavé d’esthétique pornographique. Quant à la même pornographie en vogue depuis les années 70-80 elle charrie régulièrement médiocrités et scandales abjectes.

Autre explication : me too, en effet, certain(e)s filles et garçons

redoutent que le commerce physique soit un piège

Dès lors la révolution numérique a accéléré un déclin des rapports physiques entre individus. Le même phénomène est noté pour les Homosexuel(le)s qui subissent les même déceptions. Autre explication : me too, en effet, certain(e)s filles et garçons redoutent que le commerce physique soit un piège, le début d’histoires (et non d’une histoire) ou encore les manipulations et chantages de toutes sortes. La dénatalité et donc le vieillissement rapide de la population déplacent le corps ailleurs, du côté du médical.

La métasexualité, comme tous les discours religieux, vendait surtout de l’espoir. L’espoir de jouir, de réussir à séduire, d’être « dans » le groupe des winners, etc. Or les « coups d’un soir » et autres séparations fracassantes, pour ne pas parler des abus, ont lentement dissipé les illusions de la révolution sexuelle. La liberté sexuelle a surtout été la liberté de se prostituer. Si la généralisation des contraceptifs a été une bonne chose le pouvoir de l’argent et de toutes les babioles associées sont restées déterminants : parfum ou sex toy quelles différences pour Bernard Arnaud ?

L’opinion idéaliste qu’on pouvait, par le sexe, dépasser les rapports de classe n’a jamais été validée par la réalité. On séduit plus par son avoir que par son être. L’économie conjugale relève de cette évidence : les femmes sans autonomie financière étaient jadis prisonnières de leurs bailleurs (père, frère, tuteur, religieux, maris, etc.) désormais tout le monde est tenu par un contrat « sans engagement ». Comme les opérateurs ou assureurs : ils se valent tous alors certains s’en passent...

Le désarroi actuel, la grève de la bagatelle, n’a rien d’une contre-révolution, c’est simplement un désengagement, une indifférence muette face à un discours dominant aussi suspect que les gesticulations gouvernementales. Les derniers puritains sont la cerise sur un gâteau fade. La métasexualité finira-t-elle comme le catholicisme ? C’est à dire signifiante pour 5 % des gens ? Difficile à dire mais comme l’exode rural jadis ou l’alphabétisation la tendance est probablement inéluctable.

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Date de dernière mise à jour : 16/02/2024

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