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Egypte : la révolution continue ?

L'armée va-t-elle instaurer une nouvelle dictature ?

Février 2011. Après de semaines de mobilisation inédite dans tout le pays, le président Moubarak démissionne et laisse l’armée (dont il est issu) gérer le pays. Dans la rue, l’armée donne l’impression de soutenir les manifestants : l’état-major appelle à des réformes rapides avant de prendre le pouvoir car c’est bel et bien les hauts gradés qui ont poussé Moubarak et ses fils dehors. Ces derniers, plus corrompus encore que leur père, cristallisaient le dégoût populaire et aussi la crainte des élites de se faire racketter par plus riche qu’elles !

En février dernier la partie semblait gagné pour les manifestants : le symbole d’un pouvoir personnel vendu aux intérêts américains et israéliens tombait… Or, c’était là une vision romantique. Obama avait laissé tomber Moubarak depuis plusieurs jours et négociait déjà avec les chefs de l’armée que les USA finance largement. Du coup, après quelques promesses de réformes et un référendum qui libéralise quelque peu le système politique la situation s’est figée. Les gouvernements provisoires se sont révélés être des chapelets d’anciens caciques du régime et les manifestations ont repris sur fond de crise sociale.

Quand l'armée laissait les manifestants faire... 

Mais sans Moubarak dans le viseur la colère des masses s’est cristallisée sur l’armée, maîtresse réelle du pays. De plus, on commence à savoir que certains militaires ont bien appuyé la répression des derniers jours de l’ère Moubarak qui a coûté la vie à plus de 800 égyptiens…

Depuis la chute du raïs des opposants continuent de disparaître. Comme avant des provocateurs attaquent des opposants. La contestation se poursuit sous de multiples formes : des grèves éclatent dans les grandes villes industrielles, le rôle de l’armée est critiquée par des jeunes et surtout les désordres "religieux" persistent. Difficile de dire à qui profite ces violences, mais les égyptiens coptes ont plusieurs fois été victimes de groupuscules islamistes "incontrôlables"… Et, le 29 juillet 2011 une nouvelle manifestation place Tahrir a été monopolisée par des milliers de djihadistes qui sont venus de toute l’Egypte, débordant la jeunesse libérale très présente sur la place. Les slogans n'étaient pas hostiles au nouveau régime, mais basiquement islamistes. Qui a permis à ces fanatiques de s’organiser ?

© REUTERS / Mohamed Abd El Ghany

le 29 juillet 2011 une nouvelle manifestation place Tahrir a été monopolisée par des milliers de djihadistes

Est-il possible que les élites au pouvoir, proches de l’armée, aient intérêt à voir la « révolution » synonyme de chaos islamiste ? Cela leur servirait à garder leurs privilèges… Cela rappelle l’Algérie des années 90 quand l’armée avait préféré la guerre civile à un partage du pouvoir avec le FIS. En attendant la place Tahrir est plus que jamais bouclée par l’armée avec le procès des Moubarak en guise de grande diversion. En effet, les images de l’ex président derrière une grille au tribunal avait pour but de montrer que l’ancien régime était bien mort… symboliquement ! Or, les Egyptiens ne se rassasient pas de symboles.

De plus, on spécule toujours sur le rôle des Frères Musulmans. Seule opposition organisée dans le pays ils sont prudents depuis des années car ne voulant pas être assimilée aux extrémistes violents...

Quel rôle veulent-ils jouer ? Le même qu'en Turquie ? Ou, au contraire, souhaitent-ils, au final imposer un Etat islamique ?

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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