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Fin de partie en Ukraine ?

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"laissez-les devenir soldats !"

Poutine et son équipe en sont réduits à communiquer pour masquer leur échec

Vers un gel des positions militaires ?

Le retrait de Kherson courant nov. 2022 marque un nouveau recul des forces russes dans l’est de l’Ukraine. Rappelons que l’opération de fév. 2022 avait pour but d’annexer l’est et le sud de l’Ukraine et d’installer un pouvoir aux ordres à Kiev à la place d’une « junte nazie » (sic). Auto-intoxiquée par son autoritarisme et sa propagande Poutine ridiculisait les réserves S. Narychkine (en direct à la télé) et lançait ses troupes. S. Narychkine était -et est toujours- le chef des services secrets. Sans doute savait-il que la guerre qui se préparait n’était pas une partie de plaisir… Or, en quelques jours, le souffle de l’invasion est retombé du fait de l’aide massive de l’Occident aux Ukrainiens et des handicaps anciens de l’armée russe. Chassés du nord, de la région de Karkhiv et à présent de la zone de Kherson les Russes sont saignés. Assez nombreux pour tenir encore plusieurs zones ravagées (Marioupol) ils ne veulent ni ne peuvent plus avancer. Avec des pertes humaines et matérielles énormes du fait de la supériorité des renseignements et des armes fournis aux Ukrainiens Poutine et son équipe en sont réduits à communiquer pour masquer leur échec : menaces atomiques, agitation autour de la centrale de Zaporidja, accusations au sujet des sabotages sous-marins, mensonges sur leurs crimes, accord céréalier… Le « brouillard de guerre » (inflation d’informations) est là pour inquiéter les Occidentaux et rassurer la population russe dont une partie a fuit à l’étranger la « mobilisation partielle » tandis que dans les régions (sensées organiser la mobilisation) la corruption et la démotivation affaiblissent le consensus national autour du nouveau tsar… On ne compte plus les vidéos où le troufion se plaint de son matériel, de l’inorganisation, du non paiement de la solde...

4b41e5e 5334132 01 06La communication est là pour inquiéter les Occidentaux et rassurer la population russe

Actuellement le gros des opérations militaires est fini : les affrontements ne sont plus qu’indirects via l’artillerie ou avec des bombardements russes sur les infrastructures, une façon spectaculaire de montrer l’incapacité russe à avancer… Et tout ça avec des drones low cost vendus par l’Iran et des munitions vendues par la Corée du Nord. Le musée du Quai Branly a-t-il été contacté pour vendre ses arcs et ses flèches ?

Le musée du Quai Branly a-t-il été contacté pour vendre ses arcs et ses flèches ?

Côté ukrainien le coût de la défense du pays et des destructions est énorme : minorée par les médias occidentaux il est sans doute comparable en proportion aux pertes russes. Les officiels ont beau parler de récupérer la Crimée (où des actions militaires ont eu lieu) les succès ukrainiens financés par l’Occident (à hauteur d’environ 50 milliards) sont insuffisants pour revenir au statu quo ante de 2008.

Si les Russes sont incapables d’avancer et les Ukrainiens de reculer on arrive à une sorte de front gelé comme à la fin de la guerre de Corée en 1953 : une situation de « ni guerre, ni paix » qui pourrait durer et surtout qui aurait à court terme l’avantage de faire cesser les horreurs de la guerre tandis que les deux camps pourraient préparer la suite et surtout reconstruire. N’est-ce pas le cas en Géorgie où, en 2008, la Russie est intervenue au profit de régions séparatistes ?

Négociations

Entre les belligérants les contacts n’ont jamais cessé. Russes et Ukrainiens négocient avec succès depuis des mois : échanges de prisonniers, accord céréalier… Ces ennemis se connaissent bien et chacun sait qu’il faudra, tôt ou tard, instaurer un cessez-le-feu et peut-être un jour mettre sur pied une normalisation. Or, du vivant de Poutine et tant que la Russie restera un émirat autoritaire et corrompu, rien ne sera définitivement réglé mais qu’importe pourvu que le pire cesse pour les deux camps.

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S. Narychkine, facette modérée du poutinisme ?

Pour l’heure le parrain américain, enrichi par ses ventes de gaz et d'armes, a repris contact avec les plus hauts responsables russes, les bras de Poutine. Un genoux à terre la Russie répète ses discours pour la galerie mais réfléchit déjà à un possible partage de l’Ukraine en repoussant la signature d'un accord définitif. Après tout la normalisation des relations franco-allemandes a mis presque un siècle à advenir...

les chefs des services de renseignements russe et états-unien ont discuté à Ankara

A la mi-novembre les chefs des services de renseignements russe (le même Narychkine) et états-unien ont discuté à Ankara. La rencontre a été annoncée. Le message est clair pour ceux qui savent lire entre les lignes : le temps de la désescalade est venue. L’incident meurtrier en Pologne (où la Russie a été innocentée immédiatement) est aussi un signe que la montée aux extrêmes est passée. Le pire a sans doute eu lieu entre les crimes de Boutcha (avril 2022) et la chute de Marioupol (mai 2022) quand un surcroît de violence pouvait forcer la victoire dans la tête des russes...

Silencieux après avoir répété ses mythes ethno-nationalistes (l’Occident décadent est en guerre contre la sainte Russie !) Poutine et ses chiens de garde (Kirill, Kadyrov…) laissent les militaires « décider » et surtout assumer le retrait de Kherson.

Pressions multipolaires sur la Russie

A l’échelle internationale les pays les plus puissants (Chine, Inde…) ne cachent pas leur agacement concernant cette guerre. Pékin et New Delhi sont de bons clients pour l’énergie russe, mais des relations normales avec les gros marchés occidentaux ont aussi leur importance. Ces deux géants ont donc affiché une préférence pour des négociations rapides… tout en achetant le brut russe à prix cassés ! Quant au matériel électronique nécessaire au renouvellement des armes russes, la Chine a préféré laisser le voisin russe s’enfoncer quitte à apparaître comme un arbitre d’autant plus incontournable. Les pays non alignés (Turquie, Israël, Suisse…) comprennent que toute bienveillance avec Moscou ne leur apporterait rien, l’Ukraine doit demeurer un client. Rappelons que les drones turcs ont participé à la défaite de l’invasion et que les banques suisses s'alignent sur les sanctions de l'UE.

Quid des sanctions ? Elles font moins la une des médias mais commencent à être efficaces. Même partiellement appliquées elles déstabilisent les oligarques qui gravitent autour de Poutine. Certains ont été liquidés, d’autres jouent les intermédiaires, peu embrayent sur le discours nationaliste en vogue dans médias d’État… La bourse de Moscou est toujours orientée à la baisse

1664894066224Après le coût humain... le coût financier !


Tout indique donc que les acteurs de ce conflit sont déjà dans l’après guerre : quelles limites tracer ? Comment les respecter ? Comment vendre aux opinions un statu quo sans vainqueurs ni vaincus ? Et surtout comment sortir la Russie de son isolement sans déstabiliser (lien) le plus grand pays du monde alors que l’Ukraine va durablement être à la fois une alliée de l’OTAN et aussi le pays le plus armé d’Europe ?

Date de dernière mise à jour : 22/11/2022

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