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"La pensée extrême" livre

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Plongée sans retour vers les abîmes de l'Humanité...

Gérald Bronner est sociologue. Il travaille depuis des années sur l'extrémisme. Pas d'un point de vue politique mais d'un point de vue sociologique.

Depuis le début de l'année 2015 la France est visée par certains de ses enfants dévoyés, l'occasion de lire ce livre pourtant rédigé bien avant l'attentat contre Charlie Hebdo.

Quel travail que de répondre à la question "comment des hommes ordinnaires deviennent-ils extrémistes" ! 

si les actes paraissent fous, leurs auteurs ne le sont nullement

Pour débuter l'analyse des extrémistes ayant passé à l'acte montre que si les actes paraissent fous, leurs auteurs ne le sont nullement. Ils ne souffrent en général d'aucune pathologie mentale. Ils adhèrent simplement de façon extrême à une idée (idéologie ?) extrême. Si on est légitimement obsédé par le terrorisme certaines pensées extrêmes ne sont ni violentes ni policito-religieuses. C'est le cas des collectionneurs compulsifs ou de certains fans de chanteurs qui consacrent l'argent du ménage à leur culte. 

L'actualité nous montre que l'extrémisme individuel ou collectif est bien plus meurtrier. Bronner explique alors que l'adhésion extrême à une pensée extrême se fait généralement lentement. Lui même à adhéré à un groupe religieux considéré comme sectaire qui considérait son gourou comme capable de faire voler un éléphant par la seule force de sa pensée (sic). Affirmer ainsi c'est juste ridicule mais Bronner explique que cette "vérité" n'est pas assénée dès l'adhésion mais très progressivement. On retrouve ce glissement avec la Scientologie. Pas à pas, dans la solitude du disciple entouré par d'autres disciples bienveillants... Comment ne pas faiblir dans ces circonstances là ? Les petites bandes terroristes sont souvent des amis d'enfance ou des frères (attentats de Londres et Madrid). 

l'adhésion extrême à une pensée extrême se fait généralement lentement

Il imite le sociologue états-unien Léon Festinger qui a, en 1956, publié le récit de son adhésion à un groupe méssianique ufologique. Ou comment une poignée de petits bourgeois us ont monté le plus sincérement du monde un groupe religieux après l'échec de l'annonce de la fin du monde. Récit hallucinant qui n'a été aucunement violent mais révélateur du fonctionnement d'un groupe extrême basé sur des vérités qui, isolément, ont parfois du sens (le monde de la guerre froide est dangereux, les extra-terrestres existent, etc.) mais qui associées relève du délire. De même que prendre les textes religieux au premier degrès. Bronner raconte les "arguments" de l'assassin de Rabbin en Israël (1995).

Mais la situation a changé depuis 2015 ! Avant cette date le monde musulman a été le théâtre d'actes politico-religieux extrêmes. Pourquoi ? L'approche géopolitique et anthropologique sort du cadre du livre. 

Pour la géopolitique rappelons l'invasion de l'Irak en 2003, source de bien des vocations terroristes. Pour l'anthropologie rappelons le caractère clanique de certains orientaux-musulmans (toucher au clan c'est me toucher) du Maghreb au Pakistan...

le caractère narcissique des auteurs d'attentats

Bronner souligne plutôt le caractère narcissique des auteurs d'attentats. Koulibali ou Merah étaient notoirement amoureux de leur image et cherchèrent à devenir célèbres de bien des façons avant de devenir des assassins. Il en va de même d'autres extrémistes non terroristes comme David Korech (il meurt dans un célèbre incendie encerclé par le FBI en 1993. De même Richard Durn (il tue 8 membres du conseil municipal de Nanterre en 2002) qui expliqua son geste par le mépris dont il était l'objet de la part des "élites" locales, etc. Quant à Raël (alias Claude Vorilhon) il a tenté de devenir chanteur avant de devenir un prophète heureusement non violent.

Bronner semble négliger aussi la caisse de résonnance qu'est internet. Agir en se référent à Daesh c'est devenir ipso facto célèbre ! Le but intime de la plupart des terroristes (lien). Agir de la même façon sans lien avec la "marque" c'est rester un raté juste bon à oublier. Le tueur de Nice est sans doute le chainon manquant entre l'hôpital de jour et la célébrité wharoliennne...

Date de dernière mise à jour : 18/07/2016

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