Curieux exercice que celui de lire le roman Les nostalgiques de Saint Loup (de son vrai nom Marc Augier).
En effet, cet ancien soldat français rallié aux Allemands en 1943 raconte dans plusieurs romans la triste aventure de ces « nazis français » perdus dans le combat contre le bolchevisme.
Les nostalgiques est la troisième partie d’un triptyque qui s’achève sur les années 1960 quand les survivants du front de l’est se croisent dans un monde nouveau. On doute que l’auteur soit objectif vu qu’il a été un supplétif des occupants, mais son regard des années 60 (le livre paraît en 1967) peut être vu comme assez désabusé sur ces perdants : certains passent très vite de la collaboration aux guerres coloniales (pas mal y meurent contre un communisme conquérant). D’autres se clochardisent dans une France qui les rejette, certains réussissent à devenir allemands, d’autres encore fantasment sur un nazisme caché qui, tel une nouvelle religion, attendrait son heure pour vaincre dans la guerre des races (sic).
Bref, des cendres qui se refroidissent lentement dans un monde nouveau qui bientôt les enterrera définitivement. Reste l’intérêt d’écouter le cri des vaincus, ceux que l’Histoire a jugé. C’est d’autant plus intéressant que M. Augier sait écrire et captiver le lecteur. L'auteur est surtout connu pour ses romans d’aventure.
On referme pourtant vite ce roman vrai et on demeure assez stupéfait, comme revenant d’un voyage improbale aux confins de l’erreur et de l’inhumanité ordinaires…