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La Chine est-elle devenue hostile ?


"c'est le pays de l'espoir et des opportunités"

Longtemps le mastodonte chinois a été un contrepoids à l’influence américaine.

Discrète au Moyen-Orient (elle ne résiste pas à la première guerre du Golf en 1991) elle rejoint Berlin et Paris dans son opposition à la nouvelle guerre contre l’Irak en 2003 peut-être suite au bombardement meurtrier de son ambassade à Belgrade par l’OTAN en 1999… Elle reste pourtant assez statique quand la même OTAN attaque la Libye de Kadhafi en 2011…

Fidèle à son non-alignement et redoutant toujours d’intervenir loin de ses frontières Pékin a tout de même donné des signes d’agressivité nouvelle surtout depuis que Xi Jingping (président depuis 2013) a renforcé ses pouvoirs et donné un ton plus violent à ses diplomates. Ainsi une nouvelle génération d’ambassadeurs a-t-elle pour mission de communiquer sur les affaires intérieures de leur pays hôte afin de déstabiliser certains gouvernements. Ainsi l’ambassade de Chine à Paris a-t-elle accusé la France de laisser mourir des personnes âgées pendant le premier confinement (sic). Même communication provocatrice vis-à-vis de l’Australie qui vient de reconnaître des crimes de guerre en Afghanistan…

Atteinte en premier par le covid-19 et notoirement violente avec certaines minorités (Ouïgours, Tibétains) la Chine semble se préparer à un face-à-face tendu avec l’Occident auquel elle est pourtant de plus en plus liée.

1) L’échiquier asiatique

En Asie Pékin se sent chez elle.

Avec le Vietnam comme avec la Birmanie ou d’autres pays de la région elle signe des accords commerciaux qui alimente la croissance locale surtout via les 300 millions de Chinois d’outre-mer qui sont souvent au coeur de l’import-export dans les capitales. Variable, la part d’Asiatiques d’origine chinoise, est souvent au coeur des zones de croissance et les hommes de l’ambassade ne sont pas invisibles. Aucun pays, même Taïwan, ne souhaite se brouiller avec la superpuissance asiatique et même les pays musulmans (Indonésie, Malaisie…) restent muets sur les campagnes de rééducation des Ouïghours.

Une richesse par habitant spectaculairement en hausse

Ailleurs, même politique d’ingérence discrète sur le dossier coréen (soutien à la Corée du Nord) ou vis-à-vis de la Russie avec la signature de contrats gaziers énormes pour diversifier ses sources d’approvisionnements. En Afghanistan par exemple la Chine discute avec les Talibans depuis des années pour neutraliser leur soutien aux organisations islamistes ouïghoures.

Périodiquement la Chine provoque aussi le Japon sur le dossier d’îles contestées, une façon de mettre indirectement la pression sur Washington où l’interventionnisme n’est plus d’actualité. Même chose en mer de Chine du Sud où aucun pays ne veut affronter directement le Dragon.


 

2) La Chine, première puissance mondiale ?

no comment !

Au delà de l’Asie la politique chinoise a cessé d’être modérée : face à l’Inde par exemple le face-à-face dans l’Himalaya est vite tendu voir carrément militaire. Une façon de signaler à New Delhi que Pékin veut rester le n°1 en Asie au niveau géopolitique comme au niveau économique avec « les nouvelles routes de la soie », un vaste programme d’infrastructures destiné à faciliter les exportations de biens vers l’Occident en évitant l’Inde... Rappelons que les entreprises d’État chinoises achètent des ports comme par exemple celui d’Athènes ou encore des aéroports comme ce fut le cas en France temporairement… Pour aider cette politique la Chine joue du soft power par exemple avec les instituts Confucius qui attirent des talents ou encore en ayant des liens avec des figures politiques de toutes tendances (JP Raffarin a été décoré de "la médaille de l’amitié" qui récompense les figures pro-chinoises). Autre signe de cette influence : le cinéma et la pression sur Google concernant les ombres de la politique chinoise (le massacre de Tian’anmen en 1989). Le but ? Non le triomphe du communisme mais le triomphe de la Chine du XXI°s qui se voit en puissance mondiale comparable à ce qu’elle fut jusqu’au XVIII°s. Reste que ce rouleau compresseur tombe parfois sur des mauvaises surprises comme la campagne critiquant le film Mulan, film nationaliste réalisé par Disney mais critiqué pour son rôle dans la persécution des Ouïghours. Dans l'opinion occidentale la Chine n'a pas ou plus la côte, personne n'est dupe sur son degrès de pollutions, de dictature ou de capitalisme maffieu.

Les Hackers d’État chinois sont parmi les plus agressifs

Mais aussi puissante soit-elle la Chine demeure percluse de faiblesses : par exemple le vieillissement de sa population qui est un vrai drame avec des millions de seniors de plus en plus dépendants, sans retraite décente et victimes de la politique de l’enfant unique (officiellement abandonnée).

La pollution massive de l’environnement, coût de décennies de croissance massive, qui finit par remuer l’opinion publique qui, gagnée par l’individualisme, redoute pour sa santé.

Les inégalités béantes qui, localement, sont contre-productives et mécontentent la population qui ne cache plus son dégoût de la corruption. Xi Jingping tente d’ailleurs de se présenter en Monsieur Propre… Inégalités qui touchent aussi les zones habitées par des minorités.

Quant à la question énergétique elle reste d’actualité car le pays même en utilisant toutes les énergies possibles demeure affamé de watts et, en froid avec l’Australie (pourvoyeuse de charbon), doit immédiatement réduire sa consommation d’électricité dans plusieurs provinces...

Vis-à-vis de l’Europe et des USA la Chine a compris qu’elle ne pouvait plus avancer tranquillement. Elle sait qu’elle est vue comme un concurrent sérieux et parfois peu fiable. D’Obama à Trump on sait que l’espionnage électronique n’est pas que le fait de la Russie. Les Hackers d’État chinois sont parmi les plus agressifs à mi chemin entre l’escroquerie et la politique. Quant aux voix juste indépendantes elles sont systématiquemen muselées

Une grande puissance fragilisée est toujours tentée par la fuite en avant

Confrontée à la fin des années de croissance forte et à la méfiance des grands « clients » Pékin ose être plus agressive non directement au niveau militaire (bien que le budget chinois de la défense croisse vite) mais bien au niveau politique et commercial. La « guerre protectionniste » de Trump n’est sûrement qu’un début dans un monde où la Chine est au coeur du libre-échange qui mécontente à la fois les souverainistes et les défenseurs de l’environnement. Sans doute l’Australie est-elle le premier pays a adopter des mesures de précaution vis-à-vis de l’Empire du Milieu (réarmement, bannissement de Huawei) qui fait feu de tout bois à la fois dans les médias et sur la Lune pour apparaître comme la première puissance mondiale, les enjeux de la 5G est d’ailleurs le premier duel politico-technologique entre les firmes chinoises et non chinoises.

un accord jusqu'à quand ?
 

Une grande puissance fragilisée est toujours tentée par la fuite en avant autoritaire : à Hongkong comme ailleurs la Chine fait valoir un point de vue nationaliste pour garder ses positions acquises depuis la fin de la guerre froide : pétrole, accords de libre-échange, infrastructures de dimension mondiale, soft power vont de plus en plus percuter les positions de puissance traditionnelle des vieilles nations autrefois partenaires (Europe de l’Ouest, États-Unis).

Dans un monde qui a montré que la lutte contre le covid était d’abord une affaire de précautions, de politiques étatiques et de frontières il est de bon augure de maintenir le dragon chinois à distance.

Date de dernière mise à jour : 01/01/2021

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