L'Inde est aussi une puissance nucléaire et spatiale
L'économie chinoise, la deuxième au monde, suscite de plus en plus d'inquiétudes. Après des décennies de développement fulgurant, l'empire du Milieu n'est plus l'eldorado du capitalisme : la Bourse est en baisse depuis 2022, les milliardaires chinois sont dans le viseur des autorités (à l'instar de Jack Ma) et surtout la population est en déclin démographique depuis 2022. La natalité chinoise, brutalement freinée par la politique de « l'enfant unique », a certes modernisé le pays mais fait aujourd’hui disparaître les consommateurs ! Les jeunes diplômés, quant à eux, subissent un chômage important. La relative hauteur des salaires a même suscité des délocalisations ailleurs en Asie tandis que l’immobilier est en crise. Le destin de ce géant est-il de suivre la voie du Japon ? Qu'en est-il de l'Inde ?
En comparaison l'Inde est sortie de la misère sordide décrite dans La cité de la joie (livre paru en 1985), place au « miracle économique » ! Derrière cette expression galvaudée il y a un réel développement qui peut inciter à investir.
Bien sûr, les graves problèmes de pollution, la misogynie violente, les inégalités abyssales et les discriminations religieuses restent préoccupants, mais ces maux cachent une réalité économique bien meilleure qu'autrefois.
l’Union Indienne est capable depuis des années déjà de nourrir
sa population qui dépasse depuis peu celle de la Chine
Avec plus de 3 millions de km², l’Inde est six fois plus grande que la France, cela lui confère une grande diversité humaine et climatique : tropicale au sud, sèche au centre, et montagnarde au nord l’Union Indienne est capable depuis des années déjà de nourrir sa population qui dépasse depuis peu celle de la Chine (1,4 milliards d’habitants). Depuis la « révolution verte » des années 1960, l'Inde est devenue un géant agricole. Cependant, cette modernisation s’est faite sans véritables précautions écologiques, rompant cependant les cycles de famines qui ravageaient périodiquement la population. Mais la modernisation n’est pas achevée : la taille des exploitations reste modeste et le virage vers l’agriculture biologique n’a pas encore été pleinement pris. Il existe donc encore d’importants besoins en investissements.
De tout temps, les industries ont joué un rôle crucial dans le développement de certaines grandes villes en Inde. Des conglomérats comme Tata ou Mittal jouissent d'une renommée mondiale. Avec une population en pleine croissance et une classe moyenne en plein essor, les industries indiennes bénéficient d’un marché intérieur dynamique qui propulse leur développement. Le secteur pharmaceutique, en particulier, connaît une expansion remarquable, alimentant non seulement le marché national, mais aussi les marchés internationaux. Dans un pays où l'espérance de vie s'allonge, ce secteur offre des perspectives prometteuses pour les entreprises médicales et paramédicales.
Cependant, le véritable pilier du succès économique indien réside dans le secteur informatique. Des milliers de jeunes ingénieurs alimentent ce domaine de pointe, devenu essentiel dans un monde de plus en plus numérisé. C'est dans ce contexte que s'inscrit le film de Danny Boyle, Slumdog Millionaire (2008).
Le réchauffement climatique et les inégalités générées par
cette économie florissante pourraient menacer la stabilité du pays
Malgré ces avancées, tout n'est pas idyllique. Le réchauffement climatique et les inégalités croissantes générées par cette économie florissante pourraient, à terme, menacer la stabilité du pays. L’accident tragique de Bhopal en 1984, qui a coûté la vie à des milliers de personnes en raison de la gestion désastreuse d'une usine chimique, reste un sombre rappel des risques industriels. Bien que des leçons aient été tirées, l’avenir reste incertain.
Sur le plan politique, l'Inde est formellement une démocratie, mais les élections y sont de moins en moins transparentes sous l'influence croissante du Premier ministre Narendra Modi. Depuis 2014, lui et son parti nationaliste hindou, le BJP, dominent la scène politique, n'hésitant pas à marginaliser leurs opposants. Malgré les progrès réalisés par l'opposition lors des élections législatives de 2024, l'Inde glisse de plus en plus vers une démocratie illibérale. Cette quasi-dictature pourrait conduire à des violences similaires à celles qui ont renversé Sheikh Hasina au Bangladesh à l’été 2024. Néanmoins, à long terme, les gouvernements indiens semblent continuer à favoriser un climat propice aux affaires.
La croissance économique de l'Inde semble également être nourrie par des stratégies géopolitiques. Fidèle à sa politique de non-alignement héritée de la guerre froide, l'Inde a toujours refusé de se ranger du côté d'un bloc. En rivalité avec la Chine, elle a longtemps acheté des armes à l'URSS tout en cultivant des liens étroits avec les États-Unis. En tant qu'ancien empire asiatique, l'influence de New Delhi reste limitée, seuls le Bangladesh et le Sri Lanka sont véritablement dans sa sphère d'influence. L'Inde entretient donc des relations équilibrées avec les grandes puissances dans le but de moderniser son économie : elle achète des Rafale à la France, du pétrole à la Russie, et bénéficie d'investissements britanniques. Cette approche rappelle la stratégie de la Chine post-maoïste.
l'Inde revendique une position de neutralité stratégique
Face aux grands conflits actuels, l'Inde revendique une position de neutralité stratégique, bien qu'elle considère l'islamisme comme une menace. Le Pakistan, son "frère ennemi," a longtemps soutenu des groupes armés, dont celui responsable de l'attentat de Mumbai en 2008, qui a fait 175 victimes. L'objectif de l'Inde est de se tenir à l'écart des conflits mondiaux, en attendant de disposer des moyens nécessaires pour réaliser ses ambitions.
l'évolution de l'indice BSE Sensex depuis fin août 2024
Aujourd'hui, l'Inde peut être comparée à la Chine des années 1980. Après des décennies de stagnation économique, de pauvreté tant rurale qu'urbaine, et de forte croissance démographique, elle amorce un décollage économique similaire à celui de la Chine post-1979. L'urbanisation, l'industrialisation, le développement du tourisme et du secteur numérique stimulent les marchés boursiers locaux, tels que le BSE Sensex, qui regroupe les principales entreprises de tous les secteurs. Le PIB par habitant de l'Inde aujourd'hui équivaut à celui de la Chine en 2007.
Bien que l'Inde soit en retard par rapport à la Chine en termes de consommation d'énergie par habitant, de taux d'urbanisation (35 % en Inde contre 65 % en Chine) et d'espérance de vie, elle est en pleine phase de "rattrapage". Le développement économique de la Chine a généré une croissance spectaculaire des richesses des années 1980 aux années 2020, réduisant considérablement la pauvreté absolue. Il est donc plausible que l'économie indienne, dans des conditions similaires, produise des résultats comparables, bien que ce développement ait déjà un coût environnemental. La société civile, les États et les syndicats devront se mobiliser pour partager les énormes profits générés par ce développement.
Un PIB par habitant qui augmente très vite
Investir en Inde représente donc une opportunité prometteuse, notamment via des ETF (fonds indiciels cotés) disponibles auprès d'intermédiaires financiers européens comme Amundi (lien).