les discours complotistes antisémites révèle l'échec du processus
Des mois après le début du mouvement qu'a-t-il d'original ? Et surtout quelles sont ses perspectives alors que les dédordements de toutes sortes font craindre le pire. Violente révolte populaire et sincère les gilets jaunes peuvent-ils être autre chose qu'une révolution avortée ? Alors même que les impasses du consummérisme ne sont jamais posées.
Trois mois et quelques jours après le début du mouvement, est-il possible d'esquisser un début de bilan ? Une analyse ? Une perspective ?
Il remue des centaines de milliers de gens complètement « dépolitisés »
Inattendu mais venant de décennies d'inégalités réelles et vécues le mouvement est original à plusieurs niveaux :
- Il remue des centaines de milliers de gens complètement « dépolitisés » depuis les années 2000 voir les années 1980. Quand gauche et droite ont cessé d'être des solutions mais plutôt des variations des mêmes problèmes une part variable des classes moyennes a décroché à la fois politique et socialement. Ce sont ces gens -et leurs enfants- qui se mobilisent aujourd'hui contre Macron et plus encore ce qu'il représente : une France des élites (énarchie), mondialisée (traités européens) et bourgeoise (moins d'impôts pour les riches et plus de taxes pour les autres). Soit. Mais les révoltés du jour sont aussi les grands cocus de la société de consommation. Le crédit devait tout régler, il a tout aggravé ! Et ainsi de suite avec toute la mythologie du pavillon... La bombe écologique risque de faire passer les injustices actuelles pour de simples poils à gratter...
Les révoltés du jour sont les grands cocus de la société de consommation
- Les manifestations ont visé les réseaux de transports (ronds-points, péages...) avec ce gilet jaune automobile qui symbolise à la fois la liberté de circuler -quand on en a encore les moyens- mais aussi les contraintes légales qui pèsent de plus en plus lourd sur cette liberté (radars automatiques, 80 km/h, contrôles techniques...). Or très vite les manifestations les plus violentes ont visé les centres-villes des métropoles qui concentrent richesses, populations privilégiées et symboles des pouvoirs politique et bourgeois. Les « beaux quartiers » et leurs marchandises hors de prix ont un caractère obscène évident quand on n'a que le salaire moyen pour exister...
Tels des pustules les groupuscules viennent polluer les manifestations
Voilà pour le mouvement : une révolte populaire, sociale et dépolitisée qui rejette sans nuance les professionnels de la politique à même de les récupérer (à savoir le RN et LFI). Or depuis des semaines le mouvement n'est pas capable d'aller au delà de ce remue-ménage : les violences symboliques (contre des journalistes par exemple), les affrontements systématiques contre les policiers (avec une violence inédite de chaque côté) et la tolérance de discours complotistes parfois racistes-antisémites révèlent l'échec réel du processus. Tels des pustules les groupuscules de toutes sortes viennent polluer les manifestations.
1789, de la révolte à la révolution
Accroché au monde d'avant les gilets jaunes veulent-ils une révolution ou la simple perpétuation du spectacle consumériste ? Pour qu'une révolte devienne une révolution il faut remplir trois conditions : l'élargissement du combat à d'autres secteurs de la population (où sont les fonctionnaires ? Les chômeurs ?) ; l'organisation politique avec une structure à même d'organiser et de lutter (or les figures du mouvement ne représentent personne !) et surtout un programme alternatif au système existant. Si 1789 a été une révolution et pas une énième révolte populaire c'est que ces trois conditions étaient réunies : urbains, ruraux et bourgeois voulaient la fin du féodalisme. Il n'en fut pas de même en 1936 ou en 1968...
on donne au pouvoir une arme de destruction politique massive : le réel rempart contre le réel chaos
Quand on en est réduit à malmener des journalistes (de base, simples salariés exploités...), des policiers (eux aussi en panne de pouvoir d'achat) et à laisser des agités manier les poncifs les plus éculés sur les Juifs (« tous sionistes, tous riches ») ou les politiciens (« tous pourris... ») on creuse sa propre tombe et surtout on donne au pouvoir une arme de destruction politique massive : le réel rempart contre le réel chaos. Or le chaos existe déjà ici et là partout où l'Etat a reculé et où il tolère des pouvoirs alternatifs, par exemple islamistes, trafiquants de drogue, le terrorisme étant la quintessence des deux précédant... Paradoxalement les gilets jaunes déstabilisent l'Etat tout en exigeant plus de force de sa part (plus de services publics, plus d'impôts pour les riches)...
En 1358 Etienne Marcel est assassiné par les siens...
Quel est l'avenir des gilets jaunes ? Sans doute l'avenir des révoltes sincères et populaires. Faute de perspectives d'avenir elles meurent d'elles-mêmes dans un grand n'importe quoi aussi sordide que propice à des mouvements politiques plus anti-populaires encore. Souvenons-nous d'Etienne Marcel, marchand parisien promoteur d'une monarchie fiscalement contrôlée en pleine Guerre de 100 ans... Il finit néanmoins assassiné en 1358 pour avoir voulu livrer la capitale aux Anglais. Or actuellement ce n'est pas les Anglais ou même les Israëliens qui s'ingèrent le plus dans la politique hexagonale... Le « boxeur » C. Dettinger a-t-il le dernier mot en affirmant à son procés « révolté par une injustice j'en ai créé une autre ».
Et pendant ce temps la bombe écologique n'est nullement désamorcée.