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hypothèses sur la sexualité humaine (2° édition)
HYPOTHESES sur la sexualité humaine
Pascal Picq dernièrement (http://quefaire.e-monsite.com/rubrique,le-sexe-l-homme-et,316665.html) et quelques autres avant lui se posent des questions sur l'origine de la sexualité humaine. En effet, si nous pensons connaître assez bien la sexualité actuelle (sorti de quelques blocages politiques et culturels) nous n'arrivons nullement à expliquer, dans une perspective évolutionniste, l'histoire de nos comportements sexuels. En effet, les mœurs et surtout les aléas de l'histoire de nos lointains ancêtres nous mènent à des questions sans réponse.
Par exemple à quoi sert l'orgasme féminin ? Longtemps nié, même par les premiers scientifiques, il est pourtant d'une évidente réalité. En outre l'homosexualité est-elle une exception humaine ? Une « anomalie » comme le disait Freud ? Ou au contraire un comportement parmi d'autres de la sexualité humaine ?
De même l'organisation de la famille fut-elle à l'origine polygame, monogame ou autre ?
Et qu'en est-il de l'infidélité ? Erreur socio-comportementaleou solution pour diffuser les gènes ?
Ainsi est-il loisible, au vu des réponses à ces questions, de nous pencher sur les concepts de nature et de culture.
A quoi sert l'orgasme féminin ?
l'orgasme féminin n'est pas nécessaire à la reproduction, dès lors, à quoi sert-il ?
Pratiquement tout le XIX°s, pourtant de plus en plus scientifique, nie l'existence de l'orgasme féminin. Moins borné que les contemporains Freud accepte l'orgasme vaginal mais critique l'orgasme clitoridien (en fait les deux orgasmes seraient les deux conséquences d'une même cause). Qu'en est-il de leur utilité ?
A dire vrai, dans la nature, l'orgasme féminin n'est pas « utile » à la reproduction. Par contre si on considère la sexualité comme une culture, alors l'orgasme féminin trouve une utilité tout au moins psychologique. Une femme « heureuse » tend à être plus épanouie, en confiance avec son partenaire régulier, etc. Cela facilite le quotidien et solidifie le couple, améliore la solidarité dans une société pleine de dangers.
Cette utilité ne se retrouve nullement dans la nature de la sexualité, mais dans la culture et surtout dans l'inconscient des Humains.
En effet, pour aboutir, la reproduction (but premier de toute sexualité) n'a nullement besoin de l'orgasme féminin. Des siècles durant, dans l'ignorance des Hommes et sans doute des Femmes, l'orgasme a été rare ou nié.
Aucune culture n'y fait référence et la sexualité est toujours vue par et pour les Hommes de pouvoirs (rois, militaires, ministres, religieux...). Négligée (traditions monothéistes) ou soumise (kâmâsutra) la sexualité féminine reste une annexe de la sexualité masculine soit vue comme une façon de se reproduire, soit considérée comme une façon d'exhiber son pouvoir social (les concubines des puissants à toutes les époques).
Ceci étant dit, la seule utilité sociale ou culturelle de l'orgasme féminin ne suffit pas à expliquer son existence physique et biologique. Si l'existence du clitoris s'explique par une excitation des sexes féminin et masculin (via les phéromones) facilitant la reproduction, l'orgasme féminin doit avoir une utilité physique pour exister. Rappelons que la branche humaine se détache de celle des singes il y a 7 millions d'années : l'histoire de la sexualité humaine débute là.
Un début de solution serait dans les effets physiques de l'orgasme féminin : il détend complètement le corps et surtout, ses prémices, rendent la femme plus que disponible pour la pénétration. Une femme qui approche de l'orgasme est ouverte à toutes les pratiques, dont celles qui facilitent la reproduction. Une femme qui aurait des orgasmes réguliers serait donc plus facile à féconder car plus "ouverte" : elle associerait rapports et plaisir et se reproduirait plus facilement. De plus une vie sexuelle épanouie favoriserait l'équilibre mental de la mère de famille, un atout dans toute société, même primitive (Freud associe l'hystérie féminine au manque de sexualité).
Considérons une époque reculée et inconnue où certains Humains étaient polygames. Les femmes, pour se reproduire prioritairement les unes par rapport aux autres, seraient en concurrence pour l'accès au mâle. Celles qui seraient capables d'éprouver du plaisir physique seraient favorisées par rapport aux autres, les rapports seraient plus nombreux et plus réguliers. L'orgasme féminin permettrait au mâle d'avoir des pratiques plus poussées, donc plus satisfaisantes, autre facteur favorisant la reproduction. Cela expliquerait aussi « l'invention » de la masturbation féminine, qui serait une répétition générale, un apprentissage de l'orgasme comme outil favorisant la reproduction et secondairement la vie en société.
Dans une société monogame, l'orgasme féminin a aussi une utilité physique : il rapproche les époux qui peuvent être sollicités par d'autres partenaires ce qui peut provoquer des heurts dans des sociétés traditionnelles.
L'orgasme féminin a donc dû être un enjeu dans les temps reculés : en effet, les femmes éprouvant un vif plaisir lors des rapports sexuels sont devenues des reproductrices « prioritaires ». Mais dans la préhistoire la faiblesse de la population et le poids de la mortalité rapide (épidémies ou famines) ont considérablement réduit la période de fécondité. Rappelons qu'à cette époque environ un tiers des enfants meurt en bas âge et que les grossesses multiples s'achèvent souvent par la mort de la mère (1). La fenêtre pour se reproduire est donc limitée, de la maturité sexuelle des filles (qui varie selon la qualité de l'alimentation et le climat) jusqu'à environ 30 ou 40 ans grand maximum.
Dans cette période courte la sexualité doit être apprise et les couples doivent se reproduire assez vite vu la mortalité. Les femmes capables de jouir sont dont favorisées.
Ce n'est que très récemment que l'orgasme féminin devint un "acquis social", un "fait culturel" dans le cadre de l'évolution de la condition féminine qui s'améliore quelque peu. La complexification de la société privilégie non plus la force ou la capacité de se reproduire mais bien les connaissances et la maîtrise de savoir-faire spécifiques. La sexualité devient donc une excroissance de la « culture » au sens large. D'ailleurs la dernière grande enquête sociologique sur la sexualité (2) montre que les pratiques sexuelles les plus rares (sodomie, fellation, etc.) sont davantage pratiquées (ou revendiquées) dans les couches cultivées et diplômées de la population. Véritables encouragements à l'orgasme ces pratiques sont devenues « culturelles » et non uniquement « physiques », la reproduction n'étant plus, et de loin, la seule finalité de la sexualité.
le kâmâsutra parle peu de sexualité, il détaille surtout des codes aristocratiques où la sexualité est une façon de plus de se distinguer des non nobles
Nos ancêtres furent-ils massivement polygames ?
La préhistoire a duré des milliers d'années et s'est étalée sur tous les continents (200 000 ans pour les homo sapiens, 7 millions depuis que notre branche s'est séparée des autres primates). Plusieurs systèmes familiaux ont existé et existent encore.
Chez nos cousins les grands singes on trouve selon les espèces ou même dans chaque espèce, des modèles familiaux différents. Il en va de même chez les Humains actuels. Pour simplifier deux systèmes coexistent depuis la nuit des temps : les systèmes monogames (un couple stable) et les organisations polygames ou polyandres (un homme ou une femme et plusieurs conjoint(e)s).
Ces deux systèmes ne sont pas uniques, ont existé et survivent encore d'autres fonctionnements, mais très marginaux et surtout en voie de disparition car inadaptés à l'environnement (par exemple les Nas en Chine où les frères et soeurs sont la famille et où les femmes multiplient les aventures sexuelles pour se reproduire).
La polygamie généralement masculine semble s'être développée et survit encore dans les régions de grande précarité vitale. Effectivement, si un Homme peut (et doit) se marier avec plusieurs femmes, c'est que les Hommes sont nécessairement nettement moins nombreux que les Femmes. En effet, en excluant des mâles de la conjugalité et de la reproduction il existerait des violences insupportables qui auraient été néfastes dans la durée à la lignée humaine. Ainsi les gorilles fonctionnent ainsi : un gorille mâle dominant règne jalousement sur un troupeau de femelles. Ce système ne favorise nullement la reproduction car le mâle passe son temps à surveiller les femelles et à se battre avec des rivaux. Il meurt jeune à cause du stress. Il résulte de ce modèle un fort dimorphisme entre mâles et femelles et surtout un petitesse du sexe des gorilles mâles (voir le début du livre de P. Piscq : http://quefaire.e-monsite.com/rubrique,le-sexe-l-homme-et,316665.html).
Les Humains, il y a peu de différences physiques entre Hommes et Femmes et surtout les mâles humains passés et présents sont pourvus d'un sexe « énorme » caractéristique des espèces de singes monogames (chimpanzés par exemple).
Il y a donc tout lieu de penser que les Humains des origines ont développé des systèmes matrimoniaux monogames car moins pourvoyeurs de violences et surtout plus à même d'assurer une reproduction de qualité (protection des petits). Les systèmes polygames sont des pis aller dans ces situations où les Hommes meurent plus massivement que les Femmes (les guerres sont une originalité humaine). Quand la situation s'équilibre entre Hommes et Femmes la monogamie s'impose comme actuellement dans le monde arabe. Rappelons à ce sujet que le prophète Mahomet limita le nombre de Femmes des Musulmans.
La polygamie est donc la marque de populations au mode de vie précaire. La préhistoire n'ayant pas été, loin de là, une période de complète précarité et de famine, il est plus que probable que la monogamie a été le modèle majoritaire sinon dominant des premiers Humains organisés.
La monogamie favorise aussi une sexualité « épanouie » pour les Femmes. En effet, en poussant UN homme et UNE femme à rester unis durablement elle tend à développer un perfectionnement de la « culture érotique ». Simple excitant et apprentissage à l'origine cette « culture » devient avec le temps et certaines circonstances (concurrence politique) une réelle source d'informations et un guide pour améliorer la reproduction non en quantité mais en qualité.
Homosexualités
Plus rare qu'anormale l'homosexualité reste souvent élitiste et aristocratique
Dans la « culture érotique » transmise par la société en parallèle de la reproduction les actes homosexuels sont un élément parmi d'autres. Les anciens Grecs et Romains sont souvent pratiquants mais n'en font nullement un modèle conjugal. En effet l'homosexualité ne saurait pourvoir à la reproduction et encore moins à la transmission d'un patrimoine, réel ressort de rappel pour la monogamie stable (depuis les Romains).
L'homosexualité est un ensemble de pratiques généralement aristocratiques qui tendent précisément à préparer les corps à la reproduction ou au simple plaisir que les plus nantis peuvent pratiquer.
Aujourd'hui toutes les pratiques sexuelles dites alternatives ou « libertines » ne sont que le prolongement de cette culture érotique. Nées dans l'Antiquité ces pratiques des élites doivent exhiber le pouvoir social. Le reste de la population étant incapable de réunir les conditions nécessaires à ces orgies. On retrouve cet élitisme débauché dans le Kâmâsutra, traité de savoir-vivre dans l'Inde aristocratique ancienne.
L'émergence en Occident d'une homosexualité conjugale/parentale stable est une nouveauté peu surprenante si on prend en compte le fait que la reproduction peut ne plus être sexuelle et surtout que les sociétés sont si stables et si tempérées qu'elles tolèrent des modèles minoritaires (polygamie, homo-parentalité, etc.).
Mais l'homosexualité reste tout de même un comportement massivement élitiste (gay pride parisienne) et découplé de la reproduction. Si environ 4 % d'entre nous ont eu des rapports avec des personnes du même sexe, beaucoup moins gardent ce modèle comme structure conjugale. La plupart des passages à l'acte se font encore à la fin de l'adolescence dans une phase d'apprentissage de la vie sexuelle ou pour compenser l'absence de partenaire du sexe opposé.
L'homosexualité est donc une pratique « excitante » parmi d'autre mais très peu pratiquée vu son découplage avec la reproduction et la transmission d'un patrimoine.
Fidélité et infidélités se complètent-elles ?
l'infidélité provoque toujours de la violence dans les société fragiles
Classique du couple, l'infidélité est aussi vieille que l'Humanité et se retrouve aussi chez les singes. Monogames ou polygames singes et Humains se trouvent confrontés à l'infidélité.
C'est pourtant une notion très relative. Généralement la fidélité est la conséquence d'une stabilité sociale et aussi du lent déclin du désir sexuel (hormonal) chez les mammifères.
Dans les sociétés instables et précaires toute infidélité (comme tout « mariage d'amour ») est un risque. Toutes les unions (légales et sexuelles) ont de lourdes implications sociales, tout est "arrangé" : elles associent richesses, rapports de pouvoir, clans, etc. Toute incartade doit être soit cachée, soit assumée comme acte de guerre et dont comme risque pour la communauté, d'où la très forte discipline interne qui nie la sexualité "culturelle", uniquement réservée aux plus puissants des chefs.
C'est le cas aussi pour les dominants comme les bourgeois du XIX°s : l'infidélité à une épouse généralement peu aimée, est une nécessité pour montrer son pouvoir social (séduction ou rémunération de demi mondaines).
Risque et acte puni de mort chez les « faibles » (populations fragiles), l'infidélité est logiquement un élément de la puissance des « forts » (Louis XIV).
De nos jours c'est devenu une facette du libéralisme général. Les individus se sentent obligés de profiter de libertés pour se sentir libre. L'infidélité peut être une façon de montrer son pouvoir comme une façon de réajuster une situation conjugale qui varie avec le niveau de vie ou la situation sociale.
Sperm war et galanterie
les spermatozoïdes s'entretuent pour arriver à l'ovule
Pour résumer la sexualité de la Préhistoire a été, d'abord, une technique de reproduction. Actes homosexuels et autres pratiques excitantes ont été des façons de favoriser le passage à l'acte et la qualité des rapports. L'orgasme féminin s'explique de cette façon.
Mais comme dans toute société, tout acte vital (manger, dormir, déféquer, etc.) devient ipso facto social, c'est à dire soumis à la société et donc à la culture. Dès qu'une société distingue une élite aristocratique d'une masse de dominés précaires, la sexualité devient une façon parmi d'autres, de montrer son pouvoir et sa domination sociale, ou au contraire de se soumettre ("droit" de cuissage).
Cela explique le « succès » des gens connus, médiatisés ou simplement riches. Pour le gros de la population (et c'est encore le cas aujourd'hui) la sexualité se résume au minimum à une suite d'échecs ou à des pratiques discrètement masturbatoires. Le développement d'une sexualité épanouie nécessite des conditions rarement réunies : tranquillité, bonne santé, disponibilité, etc.
Les sentiments (amour) n'expliquent que très partiellement la séduction, le mariage ou les orgasmes. Généralement, les sentiments ne sont que l'écume d'une marée déterminée par nos origines animales : si les Hommes préfèrent inconsciemment les femmes aux caractères sexuels secondaires prononcés (forte poitrine, lèvres charnues, jeunesse...) c'est parce que notre longue histoire nous a appris que c'étaient là des femmes qui étaient de "bonnes reproductrices". Même canons déterminés chez les femmes qui préfèrent les Hommes plus âgés, forts ou rusés (dragueurs), c'est à dire à même de les protéger dans la jungle.
Il est prouvé que les spermatozoïdes se font concurrence pour aboutir à l'ovule. Il est démontré aussi que les spermatozoïdes de mâles différents s'entre-exterminent pour éliminer leurs concurrents dans le vagin. Il en est de même en société quand les rivalités « amoureuses » mènent à la violence parfois la plus primaire et où la galanterie comme l'amour courtois jadis ne sont que des façon s d'arriver en priorité à la reproduction ou tout au moins à son éventualité.
1 : Le redressement des premiers Hommes sur leurs jambes arrière semble avoir compliqué l'enfantement des Femmes.
2 : « Enquête sur la sexualité en France. Pratiques, genre et santé », sous la direction de N. Bajos et M. Bozon, en partenariat avec l'Inserm, l'INED et l'ANRS, Éditions La Découverte, 609 pages, mars 2008.
Lien : "la nouvelle économie de l'intime" : http://quefaire.e-monsite.com/rubrique,l-economie-de-l-intime,204446.html
Venez en débattre ici : http://quefaire.aceboard.fr/329851-4342-2066-0-HYPOTHESES-SEXUALITE-HUMAINE.htm
Date de dernière mise à jour : 02/07/2021