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Sommes-nous l’iceberg du Titanic énergétique ?
L’agression de l’Ukraine n’a fait que révéler et aggraver une tendance lourde : celle du renchérissement inexorable des énergies. Fossiles ou vertes, alternatives ou anciennes les sources d’énergie sont toutes de plus en plus chères et nous, les consommateurs, sommes de plus en plus nombreux. La conséquence est une déstabilisation de nos sociétés basées sur les machines et surtout sur un prix modéré des carburants pour les faire fonctionner. Comment inverser la tendance et surtout que faire si c’est impossible ?
Avant même le mois de février 2022 les énergies étaient de plus en plus chères du fait, dit-on, de la reprise post-covid. Soit, mais derrière la sortie des confinements ou la guerre actuelle il a surtout la raréfaction des énergies facilement accessibles. Les puits de pétrole ou les gisements gaziers anciens sont tous plus ou moins épuisés comme le gisement de Lacq en Acquitaine (fermé en 2013) ou le pétrole de la mer du Nord. Les autres gisements sont plus profonds, plus inaccessibles, plus coûteux, plus polluants à extraire et donc fournissent une énergie plus chère en bout de chaîne. Il est en de même des énergies dites renouvelables qui ont aussi besoin de matières premières plus rares et surtout transformées avec des énergies fossiles : les grandes éoliennes viennent de Chine où elles ont nécessité la consommation d’énormes quantités de... charbon !
les sociétés réagissent rarement rationnellement
Tant que la croissance de la population et/ou de son bien-être sera basée sur la consommation le mur énergétique se rapprochera et se rehaussera. Or, quand une ressource se raréfie dans l’absolu (déforestation) ou relativement (du fait de la croissance des usagers) les sociétés réagissent rarement rationnellement : alors qu’une pénurie est gérable par le rationnement les fractures sociales latentes s’exacerbent et la lutte de tous contre tous se généralise : on reproche aux riches de polluer plus que les autres, on accuse les pauvres de faire trop d’enfants, on exigence des économies de tout le monde sauf de soi, on est plus volontiers xénophobes, etc. Généralement les sociétés résistent mal à ces contradictions tolérables quand la croissance économique est là mais ingérables quand tout coûte plus cher. Le chaos du XIV°s en Europe est la conséquence d’un monde où les ressources sont devenues plus rares du fait de l’augmentation continue de la population : les guerres et les épidémies ont « réglé » le problème.
L’effondrement du Mali est une sorte de faillite énergétique
Le dernier grand épisode de déstabilisation lié à une énergie limitée fut la seconde guerre mondiale. Avant la généralisation du moteur à explosion et le nucléaire l’économie était encore rurale, les industries consommaient énormément et la population croissait plus vite que les sources d’énergies. Hitler voyait l’Europe comme un continent surpeuplé et l’Allemagne comme un pays déficitaire en céréales et en matières premières… On connaît la suite du logiciel nazi : esclavage ou extermination des « autres », pillages et colonisation. Actuellement les poussées terroristes ont aussi comme toile de fond et justification le fait que les autres sont trop nombreux, menaçants, coupables, etc. L’effondrement du Mali est une sorte de faillite énergétique sur fond de boom démographique. C’est à cela que mène la raréfaction des énergies : à la guerre civile mondiale. Les « trente glorieuses » synonymes de calme et de progrès en Europe sont surtout une phase de généralisation de nouvelles énergies dans un continent où la population a baissé de 39 à 45 et où la natalité n’explose pas.
notre société survivrait-elle sans objets en plastique inutiles ?
Les pistes de sorties par le haut existent : en attendant la fin de la transition démographique ou la réussite du projet ITER (fusion atomique) il est possible de chasser le gaspillage généralisé de notre société de consommation, or, cette dernière survivrait-elle sans objets en plastique inutiles ? Sans objets luxueux ? Sans déplacements somptuaires ? Le plastique comme les machines qui le fabriquent ou les entreprises que le vendent est si consubstantiel de nos vies qu’y renoncer serait déchirant.
Fin du monde ou fin du spa ?
Sommes-nous, personnellement, près à agir à notre niveau
et aux dépends de notre mode de vie ?
On attend ou exige des « actes » de l’État comme des « autres » lointains (l’ONU, les Américains, Bernard Arnault…) mais sommes-nous, personnellement, près à agir à notre niveau et aux dépends de notre mode de vie ? Pour le moment non, assurément. Qu’on le veuille ou non nous sommes à la fois les passagers et l’iceberg du Titanic énergétique. N’en fut-il pas de même lors du covid où l’égoïsme général fut le moteur de la pandémie ? L’intérêt général de la population humaine était incompatible avec les restrictions de libertés individuelles. Car derrière les anti-vax et autres anti-confinement il n’y avait qu’une chose : la self philosophy. Du moment que je jouis le reste du monde peut s’écrouler. N’est-ce pas notre mantra à tous ?