Joël Halpern, économiste, explique les ressors de la crise
Un consensus assez étendu des économistes sérieux souligne l'impasse des politiques économiques que révèle la crise de la dette publique grecque. Privée de financement discrétionnaire par les traités européens et l'obstination monétariste des principaux gouvernements de l'Union, la Grèce vient de s'engager à réduire drastiquement son déficit budgétaire tout en finançant le service de sa dette publique à un taux d'intérêt écrasant vu les circonstances (plus de 10% aujourd'hui sur les « marchés », 5% pour l' « aide » de l'Union Européenne). Or ce déficit grec n'est qu'une application particulière d'une politique générale de soutien de l'économie généralisée depuis le début de la Grande Crise.
Pour en comprendre les enjeux, cette note exposera le mécanisme du « multiplicateur keynésien» - rien d'original pour un lecteur de Keynes, mais bric-à-brac théorique des néolibéraux a jeté une telle chape d'ignorance sur les acquis de l'économie politique qu'il faut sans doute radoter un peu. Nous montrerons ensuite que les déficits publics sont impuissants à résoudre la crise, mais permettent de la contenir. Leur abandon précipiterait un nouvel accès de déflation, appauvrissement qui ne créerait d'ailleurs en rien les conditions d'une reprise ultérieure de la croissance.
J'essaie d'aller à l'essentiel : la suite