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Tous nazis ?

Lobs 180111 macron

Les Nazis avaient la qualité d'être anti mouvements sociaux

Alors que J. Chapoutot et d'autres publient Le Monde nazi dans une relative indifférence médiatique, il est légitime de se demander, à la lumière de l’actualité brûlante, si nous ne portons pas tous en nous, d’une manière ou d’une autre, une part de nazisme.

Lire ou écrire une telle phrase choque, bien sûr. Pourtant, l’étude minutieuse du nazisme quotidien révèle des mécanismes et des comportements qui trouvent parfois un écho troublant dans les sociétés des XIXe et XXIe siècles. Il ne s'agit évidemment pas de prétendre qu’un génocide planifié se trame sous nos yeux, ni qu’un führer moderne dicte sa loi, ni même que nous vivons une guerre mondiale. Mais chacun peut identifier, dans l’actualité ou dans son environnement, des signes, des dérives, des postures qui rappellent, même de loin, les logiques d’un régime que l’on croyait à jamais disqualifié.

Sommes-nous tous des nazis en puissance ? Peut-être pas au sens strict, mais il est certain que l’inhumanité peut renaître, souvent de manière insidieuse par simple indifférence.

l'Allemagne n'était pas la seule à avoir des pratiques ultra-violentes outre-mer

Dans le droit fil du fait colonial européen l'Allemagne du début du XX°s n'était pas la seule à avoir des pratiques ultra-violentes outre-mer (comme en 1904-1908 en Afrique), la France avait montré l'exemple dès la conquête de l'Algérie et les concurrents britanniques n'étaient pas tous des modèles de libéralisme, y compris dans les villes industrielles du Royaume-Uni où on réprimait les ouvriers qui demandaient juste à vivre et non survivre.

La France actuelle a donc un rapport ambigu avec les descendants de ses colonisés : le racisme anti-maghrébin est une réalité, il se nourrit des mythes colonialistes comme des provocations de l'islamisme le plus réactionnaire. Ce dernier partage avec le racisme européen un antisémitisme obsessionnel, un autre point commun avec les Bruns du siècle dernier.

Autre classique du nazisme : l'eugénisme. Indifférence, maltraitance ou invisibilisation des anormaux étaient monnaies courantes dans l'Europe de la première moitié du XX°s. On sait comment handicapés et asociaux furent prioritairement « effacés » de la nouvelle Allemagne. Et avec quel argument ? Le coût. Aujourd'hui les services sensés gérer ces populations sont sous-financés et minés par des difficultés. L'ASE comme les epadh sont notoirement des priorités non urgentes. Et que dire des mineurs isolés, des psychotiques et autres marginaux sdf qu'on laisse de côté jusqu'à ce qu'ils décèdent plus vite que les autres ?

Au Kremlin comme à la Maison Blanche on prend pour cible mille-et-unes minorités

Un peu partout l'universalisme de 1789 est remis en cause. On « redécouvre » les identités, les traditions, on redoute le métissage. Que ce dernier soit une réalité génétique importe peu, les possédants d'hier et d'aujourd'hui font de la résistance, et pas celle de Jean Moulin. Au Kremlin comme à la Maison Blanche on prend pour cible mille-et-unes minorités plus ou moins fantasmées comme les gay, les célibataires, les transgenres, certains artistes, etc. Ceux qui incarnent une différence sont dans le viseur du chasseur blanc. Il est vrai qu'on chasse mieux avec des leurres.

Hitler et Trump se moquent de la religion, mais elle est bien utile pour se référer à un passé rassurant et mythologique, quoi de mieux pour intoxiquer l'électeur ? Paradoxalement -ou pas- certains juifs et certains musulmans (pourtant habitués à être victimes de lieux communs stigmatisants) font de la surenchère en la matière. Les événements post 6 octobre montrent comment la pire sauvagerie génocidaire peut être librement exercée sous les applaudissements de foules radicalisés par des mythes médiatisés... Ceux qui doutent sont priés de se taire ou de jouer les indifférents comme pas mal de gens en 39-45 comme si on avait oublié que ce type de violences ne faisait que des perdants et surtout des décennies de refoulements problématiques. Les Allemands qui subissaient la guerre ignoraient -consciemment ou non- les horreurs pratiquées par leurs armées. Aujourd’hui la plupart des Israéliens font de même. Le stress ne porte pas à l'empathie. Pendant la guerre d'Algérie on redoutait plus de souffrir que de faire souffrir. L'horreur est humaine.

Est-ce différent au Soudan ? Non.

Même chose en Inde où une clique nationaliste active jusque dans la diaspora piétine l'histoire la plus académique au profit de mythes aussi grotesques que faciles à comprendre. Là aussi les foules se font avoir facilement.

A partir de 2020, en Birmanie, on a expulsé les Rohingyas presque entièrement uniquement du fait de leur apatridité et de leur différence ethnique avec le bouddhisme local. Aux manettes ? L'armée de sinistre réputation mais aussi Aung San Suu Kyi pourtant icône démocrate médaillée. Tous nazis donc ?

Et aux USA ? La politique « historique » du Démagogue est claire : remettre Indiens, Noirs et non Blancs dans les marges de l'histoire avec interdiction d'en sortir. On vous tolère, vous la fermez. On croirait la feuille de route de Mélania Trump. Retour à la grande nation de colons illuminés. Bienvenu dans l'ancien Israël !

Bien sûr les peuples c'est comme la charcuterie corse ou le couscous, ça existe indépendamment de leurs simulacres. Les frontières sont utiles mais nous sommes, aussi, tous humains (ou inhumains). Les groupes sanguins ne se changent pas comme les droits de douanes. Les enjeux écologiques et climatiques sont une priorité universelle et tout discours politique devrait en tenir compte, allumer des contre-feux est peu utile face aux incendies à moins qu'on ne sache pas les éteindre. Il n'y a pas de meilleure sortie de la marginalité et/ou de la différence que de participer à une œuvre collective que se soit du travail productif ou citoyen.

Les Nazis avaient aussi la qualité d'être anti-communistes et aussi anti mouvements sociaux. Un fait qui leur permis d'être soutenus massivement par le grand capital allemand. Le deal était que la colonisation de l'Europe ferait aussi la fortune des trusts germaniques. Soit. Faut-il y voir un parallèle avec l'idée de Musk de coloniser Mars ? La colonisation comme réponse à l'impasse actuelle de notre « développement » ? A ce petit jeu pervers Netanyahou et sa camarilla réactionnaire ont un temps d'avance car à Gaza on flingue hommes, femmes, enfants, coupables, innocents, animaux, secouristes, journalistes, humanitaires sans aucune retenue. Et que font les gens responsables ? Au mieux des rapports, au pire rien. Comme nous. Mais qu'on se rassure les tortionnaires ont toujours la même plaidoirie : l'auto-défense. Ainsi les Nazis ont-ils toujours prétendus faire des guerres préventives, subir en 1939 la déclaration de guerre des Français et des Anglais comme ils subissaient jadis le traité de Versailles...

Date de dernière mise à jour : 09/04/2025

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