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Trump II, 100 jours de solitude ?

éditorial mai 2025

Trump kim new meetingdéjà en 2019, beaucoup de bruit pour rien !

C’est la fin de la fin de l’Histoire ! Plus personne ne croit que la chute de l’URSS a marqué le début d’un âge d’or libéral définitif, avec les États-Unis comme centre d’une mondialisation « heureuse ». Avant comme après 1991, le capitalisme a poursuivi son œuvre : transformer le monde en innovant, connectant, urbanisant et rentabilisant les territoires.

Provocateur dans la forme, Trump est à la tête d'un empire profondément déstabilisé en passe de perdre l'après guerre froide. Son agitation traduit-elle un retour de la puissance ou, au contraire, un réel déclin de l'empire américain ?

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En Ukraine comme ailleurs, Trump semble prendre acte du fait que les États-Unis n’ont plus les moyens d’imposer leur modèle. Fini le temps où Clinton dictait la paix en ex-Yougoslavie. Trump perçoit désormais la planète comme une juxtaposition de zones d’influences, contraintes de coopérer sous peine de sombrer dans des conflits destructeurs. On peut s'en féliciter ou pas, mais quelle impuissance !

Conscient du surendettement inédit des USA et de sa fragilité intérieure (crises sanitaires, drogues comme le fentanyl, désindustrialisation, wokisme...) Trump semble vouloir replier l'empire sur son pôle originel : le continent américain en renouant, au passage, avec les mythe racistes des origines coloniales. D’où une certaine sympathie pour les massacres commis à Gaza, perçus comme une démonstration de force légitime. Or sa brutalité l'a déjà brouillé avec le Canada ou l'Europe pourtant alliés et partenaires géographiques historiques... Étrange signe de puissance...

Aux yeux de Trump, il n’y aurait plus, aux frontières de l’Amérique, que des « autres » avec qui négocier selon des méthodes mafieuses. Cela expliquerait le « respect » affiché pour Xi ou Poutine et le mépris envers les Européens ou les Africains.

Pour Trump et sa camarilla réactionnaire, l’idée même de démocratie est obsolète, car jugée inefficace. L’idée d’une justice indépendante, donc gênante pour les élites, est à jeter aux orties. Les électeurs américains sont tout juste bons à plébisciter leur maître, en échange d’un chèque, avant de retourner regarder Fox News. Pour cette raison les universités sont à classer dans la catégorie « nuisible » car elles ont le défaut d'analyser subtilement le réel. Soit. Mais cette politique ne va-t-elle pas faire migrer les talents ailleurs qu'aux USA ? Le soft power us va-t-il décliner au profit de la Chine ?

Comment adapter l'empire américain à un monde multipolaire ?

Comment adapter l'empire américain à un monde multipolaire ? Le cas de l'Europe est intéressant : Si l'UE s'émancipe des USA alors la solitude des USA sera encore plus grande. Solidement amarrés aux USA après l'invasion de l'Ukraine les hiérarques européens ne voient plus les États-Unis comme un ami naturel.

Trump acte donc la fin de l’empire universel. Place à l’univers des empires ! Après les Droits de l’Homme, les droits de douane ! Mais toute idée de « l'Amérique d'abord » est risquée : le chaos financier induit par un début de protectionnisme montre bien que le capitalisme n’est plus américain mais, par essence, sans frontières. C’est même sa vocation. Que les Chinois ou les Japonais vendent de la dette américaine et Wall Street vacille. Que l’inflation augmente et l’opinion publique se retourne. Entouré de fidèles plus ou moins incapables Trump règne surtout sur le vide des déficits. En quête de cash les USA sont l'otage des bailleurs de fonds. Or un seul homme d'affaire génial comme W. Buffett possède, à lui seul, 5 % de toute la dette us ! Quelle vulnérabilité !

Trump règne surtout sur le vide des déficits

Face à ces défis sans solutions évidentes le maître de MAGA en est réduit à des coups médiatiques comme en 2019 avec la Corée du Nord qui, on l'a oublié, ne déboucha sur strictement rien.

Comme l’empire romain en son temps, l’empire américain est pris au piège de sa propre expansion : il est dépendant de ses clients (main-d’œuvre qualifiée, débouchés commerciaux...), mais incapable de supporter le coût de leur fidélité. Remettre en cause l’OTAN ou l’OMC revient à tenter de faire rétrécir un arbre : très vite, ça casse.

Date de dernière mise à jour : 01/05/2025

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