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Alep, fin et suite(s)

Et maintenant ?

A Alep on meurt au combat bien sûr mais on crève aussi de faim, d'intégrisme, de fanatisme, de tribalisme et d'impérialisme ! C'est la sinistre rengaine qui touche le Moyen-Orient depuis des siècles. La ruine d'Alep -tous quartiers confondus- rappelle le massacre fratricide libanais des années 70-80 où déjà des quartiers voisins s'entretuaient sous l’œil des caméras et l'aide des ingérences extérieures.

Après la guerre froide et avec le jihadisme armé comme nouveauté la situation n'a guère changée si ce n'est que la natalité a encore largement densifié la population ce qui explique en partie l'ampleur des pertes civiles. Dans les médias on voit de très jeunes enfants conçus après le début de la guerre civile. Autre lieu, autre mentalité...

les civils sont victimes de toutes les parties

De plus les civils sont victimes de toutes les parties (lien C. Galactérios) : aux bombes russes succèdent les snipers de tous les bords car si en France on soutient l'opposition il faut bien admettre que cette même opposition est truffée de militants forts peu démocrates, quand les rebelles ont brisé temporairement l'encerclement de l'est de la ville à l'été 2016 des dizaines de civils de la partie ouest ont été victimes de cette offensive.

L'islamisme armé sous toutes ses formes pullule dans la rébellion même si il existe aussi des militants non islamistes, patriotes et même communistes opposés à Bachar el-Assad, mais à Alep l'opposition armée est surtout le fait de groupes jihadistes qui utilisent la population pour se protéger.

Les lois et le coût humain

de la guerre ne changent pas

Du côté des autorités la guerre n'a pas été gagnée du fait des soldats réguliers peu motivés et souvent corrompus. Ce sont les alliés russe, iranien et chiites libanais et autres qui ont fait le travail : les médias russes ont beau montrer l'aide humanitaire de Poutine les bombardements de l'est de la ville ont été indiscutablement meurtriers et le ciblage d'objectifs civils a été vérifié. Les Américains montrèrent l'exemple quand ils visaient indistinctement les villes allemandes en 1945... Les lois et le coût humain de la guerre ne changent pas.

Le régime, ou la faction qui en tient lieu, a donc gagné le pays "utile", l'ouest côtier et agricole de la Syrie. A l'opposition il ne reste que des poches affamées et un désert livré aux derniers coupe-gorge de Daesh. Reste à savoir ce que fera Assad de cette « victoire » car le pays reste majoritairement sunnite avec une tête militaro-maffieuse complètement dépendante de ses alliés étrangers comme la Russie ou l'Iran qui ont dépensé des milliards pour garder cette tête de pont géopolitique sur la Méditerranée sunnite.

Et que fera la Turquie par exemple ? Et Israël ? Ces deux partenaires ont plusieurs fois compté les points en aidant les islamistes locaux. Qu'en sera-t-il demain ? Que faut-il attendre des Kurdes du PYD ? Ennemi déclaré de la Turquie ils sont en passe de constituer un Kurdistan autonome comme dans le nord de l'Irak. Alliés des USA contre Daesh ils sont aussi avec le régime comme à Alep...

Dès lors cette chute d'Alep marque surtout une nouvelle défaite pour l'internationale sunnite du Golf qui est aux antipodes de tout progressisme. Cette engeance finance nos politiques et subventionne l'islamisme sous toutes ses formes : des supposés non violents dans nos banlieues aux plus incontrôlables comme Daesh, gang anti-chiite devenu une hydre aux multiples têtes.

La défaite de la « révolution syrienne » est aussi la défaite du diktat américano-européen. En effet bien des régimes occidentaux étaient décidés à faire rimer Syrie et Libye : accélérer la chute d'un régime plus ou moins indocile quitte à favoriser les islamistes et obtenir un chaos pire encore. Obama, en refusant de profiter de l'utilisation probable d'armes chimiques en 2013, a mis fin à cette politique très risquée... tout en épargnant les islamistes les plus à même de renverser Assad ! Vous suivez ?

Le vieux couple Occident-islam sunnite a volé en éclats depuis septembre 2001, il bouge parfois encore tel un canard avec la tête coupée, mais fait pâle figure face au retour de la Russie et à ses alliés régionaux.

Certes on vit mieux à Téhéran qu'à Riyad. Bien maigre consolation pour les habitants d'Alep.

 

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Date de dernière mise à jour : 18/12/2016

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