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Daesh et l'argent
Les ressources de Daesh sont-elles surévaluées ?
On spécule souvent sur les ressources de « l’Etat Islamique ». On cite même ses journaux de propagande qui relaient des chiffres. Bien qu’invérifiables ces données sont abondamment citées et présentées comme vraies. Le message de Daesh est « nous sommes riches ». Message -sans nuance- largement répandu dans les médias.
Le message de Daesh est « nous sommes riches »
On rajoute aussi parfois la valeur colossale (et théorique) des richesses naturelles sises dans le pseudo « califat ».
Bref, depuis les attentats du 13 novembre on n’hésite pas à gonfler l’ennemi. Comme si seul un monstre puissant et prospère pouvait perpétuer de telles abominations.
A l’heure actuelle Daesh s’autofinance essentiellement par le trafic généralisé de toutes les ressources que l’organisation peut détourner : la contrebande de pétrole avec la Turquie est connue. De même avec certains produits agricoles comme le coton, les œuvres d’art, les prisonniers, etc. Autant de revenus largement sensibles aux bombardements actuels. Un classique aussi des guérillas...
Néanmoins si les rentrées sont réelles, les dépenses sont aussi conséquentes : toute une « fonction publique » est à salarier. Pour acheter une relative paix sociale les fonctionnaires irakiens ont continué à être payés en partie avec l’argent liquide trouvé dans les banques… mais cela ne peut durer éternellement.
Les 4 millions d’habitants nécessitent un niveau de vie
minimum ce qui a un coût certain
Les 4 millions d’habitants nécessitent un niveau de vie minimum ce qui a un coût certain. Ainsi le système de santé, même rudimentaire ainsi que le budget militaire sont à entretenir en priorité. Quant aux destructions dues aux combats et aux bombardements ils plombent assurément le budget. Pour poursuivre leurs trafics (et donc encaisser du cash) les dégâts doivent être réparés prestement.
Même pourvu en armes, médicaments et autres denrées Daesh doit importer par des canaux irréguliers les produits qui lui manquent. L’état de guerre et les bombardements entraînent un surcoût évident : les exportateurs vendent à Daesh mais avec un surcoût dû au risque. Les réseaux de transport sont lents et coûteux à entretenir (routes de montagnes).
image de la prétendue monnaie de Daesh
Et que dire de la monnaie ? Daesh se targue parfois de lancer prochainement une pièce d’or. Soit. Mais l’économie d’un Etat, aussi rudimentaire soit-il, ne saurait reposer sur un stock d’or. Sauf à revenir au Moyen-Age et être extrêmement vulnérable ! Même le dernier pays du tiers-monde est relié financièrement à des canaux bancaires internationaux. Daesh en est très loin surtout qu’aucun pays proche n’acceptera leur monnaie.
On parle fréquemment de soutien financier de pays du Golf (Qatar et Arabie Saoudite). Ces pays sont des pourvoyeurs connus des organisations et groupes islamistes de par le monde. Le but est de salarier des mercenaires pour contrer l’Iran et autres forces chiites.
Concernant Daesh le soutien financier de ces pays semble en déclin depuis que des attentats ont visé l’Arabie Saoudite et le Koweït. En janvier 2015 trois gardes-frontières saoudiens -dont un général- ont été tués par Daesh en Arabie même. Les autorités religieuses saoudiennes, pourtant obscurantistes, ont condamné le groupe terroriste sans ambiguïté. Une première pour le royaume wahhabite.
Actuellement les monarchies du Golf financent plutôt d’autres groupes armés islamistes, par ailleurs en lutte ouverte avec Daesh.
On ignore si de riches particuliers aident encore les égorgeurs.
Daesh n’a donc rien d’une superpuissance financière, ainsi l’accueil des volontaires étrangers a un coût. Les jeunes aventuriers doivent se payer leurs armes, un signe que tout est compté…
Le coût des attentats du 13 a été assez léger et, semble-t-il, financé par les assassins eux-mêmes. Al Qaïda génération Ben Laden semblait disposer de bien meilleurs fonds. A l’image de la multinationale du crime correspond plutôt celle d’un syndicat d’auto-entrepreneurs plus ou moins ratés…
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Coupé du commerce international Daesh survit par et pour des expédients courants dans le tiers-monde. Cela rappelle l’Irak de S. Hussein sous embargo, l’Erythrée ou la Corée du Nord : l’armée monopolise les rares ressources tandis que la population se résigne à survivre…
Le « califat » est donc un proto-Etat encerclé par des armées et pays voisins hostiles. Il n’en demeure pas moins sous le contrôle de gens issus des anciennes élites sunnites qui préfèrent encore vivre sous les bombes que l’occupation américaine ou chiite...
Date de dernière mise à jour : 29/11/2015