Kim Jong Il, "méchant" rêvé pour les va-t-en guerre états-uniens et autres
Avec l'Iran la Corée du Nord (de son vrai nom République Démocratique et Populaire de Corée) est un des "points chauds" des relations internationales.
Ce n'est pas la première fois : depuis sa création en 1945 l'état nord-coréen est un Etat surprenant et qui échappe à toutes les catégories. En effet, à l'époque de la guerre froide comme depuis la chute du mur, Pyongyang est un mystère...
Etat atomique depuis ses deux essais nucléaires, pays ruiné selon certaines sources, pays replié sur un communisme très atypique, cet Etat est souvent qualifié "d'Etat voyou" et de "menace" sur l'Asie du Nord-est. Soutenu assez prudemment par la Chine la Corée du Nord est encore au centre d'une crise depuis qu'un de ses sous-marins aurait coulé un navire sud-coréen le 26 mars 2010 (46 morts). Or, depuis cet incident (que la Corée du Nord n'assume pas) la tension monte : le nord et le sud se préparent à une guerre éventuelle et les USA tentent de rallier la Chine à la fermeté alors même que Pékin reste sur sa réserve, protégeant le régime de Pyongyang non par proximité idéologique mais par refus de toute avancée des influences états-unienne et japonaise dans le secteur. La fin du régime de Kim Jong Il signifierait un progrès dans l'encerclement de la Chine par les armées nord-américaines...
d'après la CIA 25 % du PIB nord-coréen serait consacré à la défense
Depuis la fin de la guerre de Corée (1953) Pyongyang a une trajectoire politique étonnante : indépendante de Mosocu et de Pékin, Kim Il Sung (le fondateur de Corée communiste) a régné sans partage et a transmis ses pouvoirs à son fils Kim Jong Il à sa mort en 1994. Depuis quand les chefs communistes transmettent-ils leur pouvoir à leurs descendants ? De plus, le président décédé fait l'objet d'un culte de la personnalité délirant pour les occidentaux, les japonais ou les sud-coréens : le calendrier officiel de la Corée du Nord débute à la naissance de Kim Il Sung, "président éternel" de l'Etat, l'idéologie officielle est celle du "juche", un mélange de communisme et de marxisme.
Kim Il Sung, portrait officiel
obligatoire dans tous les bâtiments
sans rien d'autre sur le mur...
Pendant la guerre froide la Corée du Nord utilise des méthodes peu orthodoxes : elle commandite des attentats contre les dirigeants sud-coréens, soutien la "Fraction Armée Rouge" japonaise dont elle abrite longtemps des membres, enlève même des civils de beaucoup de pays. Surtout des Japonais et aussi peut-être deux françaises. Le but ? Apprendre les langues étrangères aux services secrets... Certains de ces japonais sont rentrés quand le climat s'est détendu au début des années 2000.
Après la fin du bloc de l'est le pays plonge dans une crise sans précédent : la famine touche régulièrement les campagnes, des innondations seraient la cause première de cette situation. Méfiante vis-à-vis des ONG (souvent proches des intérêts occidentaux) Pyongyang expulse les organisations qui souhaitent distribuer elles-mêmes les rations alimentaires. Reste que le bilan des années de disette est énorme. Un rapporteur de l'ONU sur cette question qualifie encore la situation de "critique". Aucun bilan n'est disponible et personne ne peut aller vérifier sur place librement car les touristes sont très encadrés.
Pays encore très fermé la Corée du Nord semble figée dans un régime digne du "meilleur des mondes", du moins d'après des sources occidentales : toute la journée on passe des chants patriotiques (y compris chez les particuliers), les défilés de masse mobilisent toute la population, la musique occidentale et non coréenne est banie (par exemple le jazz).
L'auteur G. Delisle (voir le résumé de sa BD sur la Corée du Nord) décrit la capitale comme entièrement noire la nuit (sans aucun éclairage public), dévolue au culte de la personnalité des maîtres du pays, Kim père et fils, avec une surveillance permanente des étrangers et surtout l'absence totale d'handicapés dans les rues. Raison officielle : "les Coréens du Nord n'ont jamais d'handicapés" (sic)... Eugénisme ?
Au sommet de l'Etat le trouble règne depuis l'accident cérébral qui a atteint Kim Jong Il en 2009 (69 ans en 2010), mais il est très difficile de savoir qui peut lui succéder, peut-être son 3° fils...
On affirme aussi que les dirigeants du pays vivent repliés dans un quartier de la capitale, avec un niveau de vie comparable au nôtre, mais rien n'est certain. Kim Jong Il, maître du cinéma du pays (très patriotique et traditionnel) serait en fait un amateur de films d'action états-uniens...
Aujourdh'ui la Corée du Nord inquiète surtout à cause de son arsenal nucléaire et balistique qui menace objectivement le Japon mais aussi la Corée du sud ou encore les voisins russe et chinois qui pourraient subir les conséquences d'un accident. En effet, sorti de quelques pôles bien alimentés la malnutrition toucherait toujours les campagnes, on parle aussi de dizaines de milliers de prisonniers politiques en camps de travail. Quand quelqu'un est condamné, sa famille est aussi déportée. Néanmoins la Corée du Nord a toujours affirmé vouloir utilisé l'arme nucléaire uniquement pour se défendre d'une nouvelle invasion. Comme la France du reste !
Les témoignages de Coréens ayant fuit en Chine convergent pour décrire un pays ruiné où l'arbitraire règne. En France, même les médias de gauche ne le nient plus (Le Monde Diplomatique).
Vraie provocation ou manipulation pour exciter la Corée du Nord, l'incident du 26 mars refait monter la tension...
Même si une guerre est peu envisageable à cause des arsenaux en présence, le régime ne peut durer éternellement. Le passé a montré comment les populations les plus encadrées étaient désireuses d'en finir avec des régimes décalés (Irak, Roumanie...).
Site des amis français de la Corée du Nord,
Site officiel de la Corée du Nord (en français)
page française d'un média nord-coréen,
sélection de livres sur la Corée du Nord,
groupe pro Corée du nord en France
Un récit de voyage en Corée du Nord