A quoi servira "l'aide" des pays responsables des malheurs d'Haïti ?
Il n'est sans doute pas pire catastrophe qu'un séisme puissant touchant la capitale d'un pays misérable. On ne s'habitue pas aux malheurs et des milliers d'haïtiens sont sans doute déjà morts à la suite du tremblement de terre.
Ceci étant dit, avec le recul de plusieurs décennies d'actions « humanitaires » il est possible de mettre en garde contre les bonnes âmes qui appellent à l'aide.
En effet, souvenons-nous du tsunami de décembre 2004 : des milliards de dollars d'aide ont été récoltés et bien peu sont arrivés sur place. De plus, les liquidités arrivées localement n'ont jamais aidé les plus pauvres. Des mafias locales ont détournées légalement ou non les sommes allouées à la reconstruction.
En effet, qui gère ces aides ? Forcément les élites qui sont généralement peu démocratiques, souvent elles enrichissent des multinationales du béton et nullement les entreprises locales.
Mais le problème est aussi en amont : on sait maintenant que les organisations « humanitaires » sont des entreprises comme les autres qui traquent les donateurs comme d'autres traquent les clients. Les méthodes utilisées dérivent du marketing le plus dur ( lire à ce sujet l'enquête de Marc Reidiboym, http://www.donateurssivoussaviez.fr/ ) et le résultat sur place est souvent catastrophique.
L'Afrique est « aidée » depuis des décennies (aides privées, d'ONG, de gouvernements occidentaux) et... n'a jamais été aussi pauvre ! Souvent les activités locales sont même ruinées par la concurrence déloyale des aides.
Les circuits de « l'aide » sont ceux du colonialisme.
L'argent envoyé est généralement géré par des élites locales qui sont les descendantes des bourgeoisies compradores des années 1950. Aujourd'hui les cadres des ONG installées sur place vivent dans les mêmes quartiers que les colons du passé et se comportent de la même façon, c'est à dire avec condescendance et paternalisme... Ils sont payés des fortunes et viennent souvent du secteur privé, responsable des malheurs du tiers-monde (via les "dettes odieuses" par exemple).
Plus grave, il y a fréquemment des scandales autour des grandes organisations pourtant parrainées par l'ONU (un récent exemple en Côte d'Ivoire : http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=14520&Cr=ivoire&Cr1=). En effet, les Hommes qui gèrent cette « aide » colossale sont généralement célibataires et profitent de la prostitution locale qu'ils entretiennent sans arrière-pensée vues les traditions locales, souvent l'affluence de cadres occidentaux aggrave le phénomène.
De plus, en parallèle de « l'aide » dite respectable il y a aussi tout un tas d'organisations intégristes et sectaires qui viennent prêcher sur les ruines les poches pleines de dollars. C'est le cas, entre autres, de la scientologie ou des évangélistes nord-américains. Quant au paravent « humanitaire » des intégristes islamistes, il est connu.
Dès lors, que faire ?
Face à l'urgence absolue rien n'est très efficace vu la distance. Les maigres moyens locaux sont les seuls à être mobilisables et utiles. Certes des installations d'urgence (pour purifier l'eau ou désinfecter les blessures) sont les bienvenues dans l'immédiat, mais le problème du sous-développement absolu d'Haïti reste posé, il est bien plus meurtrier que le séisme. Sous tutelle de l'ONU depuis des années, l'île reste pauvre, violente et ouverte à tous les trafics. Un surcroît d'ingérence ne peut qu'aggraver la situation. L'achat prioritaire de leurs produits ou même l'évacuation des gens seraient moins préjudiciables que cet entonnoir à « aides » déjà gérées par les Américains, qui, rappelons-le, ont toujours soutenu les pires régimes sur place et occupé le pays plusieurs fois depuis les années 1930.
Donner ne sert généralement qu'à alimenter des caisses déjà pleines comme celles du Téléthon qui s'est métamorphosé en quelques années en « église » soucieuse de son image, de son influence et fort peu de ses malades. Les sommes énormes non utilisées sont donc placées. Elles rapportent par an environ 6 millions d'euros, soit plus que les dons au Sidaction...
Et en parallèle personne ne se plaint du déclin du financement de la Recherche publique. On préfère culpabiliser Monsieur et Madame Toutlemonde... En donnant le Qidam de base fait une « bonne action », les ONG encaissent et l'Etat s'en lave les mains et peut poursuivre tranquillement sa politique de désengagement.
L'aide massive qui se profile pour Haïti sera donc comparable à l'occupation de l'Irak qui a enrichit les trusts américains et aggravé le quotidien des civils. Sachez-le.