QUE FAIRE Valeurs et Actions Républicaines

L'État d'Israël a-t-il un avenir ?

Août 2006

L'État d'Israël a-t-il un avenir ?

par Terouga

1. Du sionisme à l’État d’Israël

Avant Israël le seul exemple historique d’État juif remonte à la plus haute antiquité (le royaume de Salomon), ensuite le royaume d’Hérode est à ranger dans la catégorie des territoires de l’empire romain, royaume disloqué après la victoire de Titus en 70 ap JC et la destruction du temple de Salomon. Depuis, nul mouvement politique ne vint jamais revendiquer un État juif, cela jusqu’au XIXe siècle.

Dispersés par les Romains, les Juifs s’installent dans tout le bassin méditerranéen. Au Moyen Age ils demeurent aux mêmes endroits sans être intégrés ni s’intégrer par les États catholiques et musulmans. Des relations complexes se tissent entre cette minorité religieuse et les populations locales. Pour survivre en tant que minorité, les Juifs se spécialisent dans certains métiers et se regroupent géographiquement. Victimes d’interdits divers (par exemple ne pouvant vivre de la terre) ils vivent essentiellement dans les villes et travaillent dans les métiers interdits aux Chrétiens (banque, usure…) ou dans les activités urbaines (artisanat, commerce).

Encadrés par des rabbins aussi fermés que les prélats catholiques de l’inquisition, toute assimilation est délicate et risquée dans ces sociétés fermées et stagnantes. Les Juifs, entre deux épisodes violents [1], vivent en marge des populations locales, mais souvent en collaboration avec les pouvoirs politiques. Réflexe logique et de survie pour une minorité. Les cours princières se peuplent de médecins et autres savants juifs.

Il faut attendre le XVIIIe siècle pour que les Lumières poussent certains milieux juifs à la modernité, en effet, à la suite de Voltaire, certains philosophes Juifs poussent leurs coreligionnaires à la réforme et tentent de rompre l’orthodoxie rabbinique millénaire qui contribuait à enfermer les européens juifs dans leur ghetto [2]. Le mouvement dit Haskalah fait sortir la question juive du strict domaine religieux. Dès lors pour les Juifs d’Europe trois choix sont possibles à la sortie du Moyen-Âge : rester une minorité séparée de la société par un culte exigeant et endogame, s’assimiler aux sociétés d’Europe ou encore revendiquer un État à eux.

Au XIXe siècle le mouvement des nationalités bouscule l’ancien régime et fait émerger des nations détachées des empires féodaux. Les Juifs, toujours sujets ou citoyens de seconde zone bénéficient des Lumières accomplies : en 1791 ils deviennent citoyens français de plein droit après un débat à l’assemblée nationale [3]. N. Bonaparte aura la même politique. Et dès ses débuts, le mouvement ouvrier international contribuera à promouvoir l’égalité des prolétaires quelque que soit leur religion et leur origine. Marx et plus tard Trotsky affirmeront que la réaction catholique et la religiosité juive sont les principaux obstacles à l’égalité des Juifs avec les autres européens.

Les XVIIIe et XIXe siècles européens, avec l’industrialisation et la constitution de puissants mouvements politiques, poseront donc la question de l’assimilation des Juifs : l’ancien régime étant presque mort, les société européennes pouvaient proclamer l’égalité juridique de tous les habitants. Aux juifs d’Europe d’abandonner le côté endogame et rétrograde de leur orthodoxie religieuse (à l’image de la famille Marx ou Freud) pour faciliter cette conquête de la liberté. Cette modernisation de l’Europe entraînera une résistance qui culminera avec des pogroms antisémites, le génocide nazi n’étant que le paroxysme de cette résistance ultra-réactionnaire à l’égalité.

Au sud et à l’est de la Méditerranée, isolée de la révolution industrielle et de ses suites, le vieux système de cohabitation se poursuit : les Juifs restent une minorité importante à la fois protégée et soumise [4] à des pouvoirs princiers féodaux. Restant dans une féodalité comparable à l’ancien régime européen, ils subissent peu de violence mais n’ont aucun accès à l’égalité dans ces sociétés structurellement inégalitaire. L’espace algérien est à part car, quand les Français s’installent à partir des années 1830, les Juifs d’Algérie tentent un rapprochement avec les nouveaux maîtres du pays et réussissent en 1870 à devenir citoyens français alors que les autres autochtones (arabes et kabyles musulmans) restent des « indigènes ». Là aussi la minorité pactise avec le pouvoir pour se protéger physiquement et promouvoir ses intérêts propres. Au XIXe siècle la tendance est donc à une intégration/assimilation aux sociétés européennes en pleine mutation.

Face aux violences antisémites en Europe, certains Juifs éclairés, aboutissent à l’idée que seul un État juif pourra être la solution. L’assimilation est une illusion selon eux.

À la suite de l’unité italienne, M. Hesse publie « Rome et Jérusalem » : c’est la naissance du sionisme. L’idée sioniste d’un État par les juif et pour les Juifs s’inscrit donc nettement dans le mouvement des nationalités du XIXe siècle : contre les empires d’ancien régime, rien ne vaut des États plus petits et surtout plus ethniquement homogène. La révolution française, l’unité allemande, italienne, les secousses dans les empires austro-hongrois et ottoman sont propices à l’émergence de nouvelles nations. Pourquoi pas une nation juive ?

T. Herzl publie en 1896 « l’État des Juifs » et fonde un an plus tard un mouvement sioniste international. Le but est d’obtenir par la négociation un foyer national pour les Juifs. Le mouvement sioniste ne fait pas l’unanimité parmi des Juifs du monde : les religieux les plus orthodoxes n’acceptent l’idée d’un État juif qu’après l’arrivée du messie (sic). Quant aux juifs révolutionnaires [5] ils redoutent ce mouvement « petit bourgeois ».

Dès cette époque le sionisme est donc loin de faire l’unanimité parmi les Juifs du monde très divers culturellement. C’est toujours le cas aujourd’hui. Ainsi les Juifs des pays musulmans, les séfarades, sont peu intéressés par cette idée européenne d’État juif. De plus, le sionisme n’est pas monolithique : des tendances multiples s’expriment et se disputent. Outre un clivage gauche/droite, d’autres s’opposent sur l’endroit où fonder l’État : la plupart restent attaché à l’idée d’un État en Palestine ottomane [6], d’autres (comme T. Herzl) étudient « le plan Ouganda », une idée britannique d’implantation juive en Afrique de l’est.

En 1917, alors que T. Herzl avait plus ou moins intéressé Allemands et Ottomans, le ministre anglais Balfour accepte publiquement l’idée d’un foyer national juif en Palestine. Le mouvement sioniste a eu des contacts très précoces avec les dirigeants des grandes puissances européennes. Il s’agissait pour les chancelleries d’instrumentaliser une minorité locale : le « plan Ouganda » des Anglais visait à faciliter le contrôle de l’Afrique par des populations non noires, quant à la déclaration de Balfour en 1917, c’est une façon de déstabiliser les Turcs en pleine guerre mondiale. Les Britanniques feront les mêmes promesses trompeuses aux Arabes…

Reste que petit à petit les Juifs qui émigrent à la fin du XIXe siècle ou dans la première moitié du XXe siècle vont soit aux États-Unis (ce qui explique l’importance de la question israélienne aux États-Unis actuellement) soit en Palestine. Ainsi de 1920 à 1948 le nombre de juifs en Palestine (sous mandat britannique) passe de 50 000 à plus de 500 000. Sur place les populations arabo-musulmanes, au début, tolérantes avec les Juifs, sont de plus en plus perplexes face à cette colonisation : en effet les nouveaux venus fondent des colonies (kibboutz), rachètent des terres, investissent dans les villes… Juifs religieux, libéraux-européens ou socialistes révolutionnaires, tous sont des voisins pour le moins déroutants et dérangeants pour des musulmans alors peu préparés à la modernité incarnée par ces nouveaux venus cultivés, efficaces, spécialisés.

Du côté des populations musulmanes, on a surtout des ruraux accrochés à un mode de production agricole très peu performant, un système politique très local aux antipodes de l’État moderne. Socialement on a un fonctionnement tribalo-clanique hérité du nomadisme garanti par des mariages endogames entre cousinages.

Des colons modernes et révolutionnaires à plusieurs titres rencontrent des populations féodales et archaïques. Dès les années 30 les affrontements se multiplient pour cet espace minuscule et pauvre. Des tendances dures du sionisme apparaissent : Jaboutinsky par exemple et son courant « révisionniste » pensent que seule une guerre et une expulsion des Musulmans pourra garantir la viabilité d’un État juif. État juif qui ne pourrait vivre que si une majorité de juifs l’habite... Or, malgré l’arrivée de milliers de colons les Juifs restent minoritaires dans la Palestine mandataire. Les estimations varient mais les Juifs sont moins du tiers dans ce territoire.

La politique nazie de 1933 à 1945 donne des arguments aux sionistes. Encore aujourd’hui, les sionistes considèrent la création d’Israël comme une légitime compensation au génocide. Réponse à l’antisémitisme russe, français ou allemand, le sionisme partage néanmoins un élément avec les antisémites : les Juifs n’ont rien à faire dans les sociétés d’Europe, toute assimilation aboutirait à un abâtardissement des européens (argument antisémite) et à une intégration/disparition des Juifs (argument sioniste). Ainsi les lois de Nuremberg de sinistre mémoire interdirent-elles aux juifs tout contact avec des « vrais » allemands mais elles permirent et encouragèrent l’affirmation d’une identité juive : il était ainsi interdit aux juifs de « parader avec les couleurs nationales », mais ils pouvaient le faire « avec les couleurs juives » (sic), droit « protégé par l’État ».

L’antisémitisme moderne (de type maurassien puis nazi) est donc une réaction aux Lumières qui tendent à unifier l’Humanité dans des valeurs positives. Le sionisme relève de la même réaction aux Lumières : éviter une fusion des races qui effacerait les origines des gens au profit d’un avenir commun. Si le marxisme et le libéralisme furent des idéologies qui poussèrent chacune à leur façon les Lumières au bout de leur raisonnement, nazisme et sionisme, derrière une apparence moderne, furent en fait, des idéologies réactionnaires niant l’égalité des hommes et s’appuyant avant tout sur le triptyque « État, nation, ethnie ».

            Si les Nazis exterminèrent quasiment tous les Juifs d’Europe captifs, les Alliés ne firent pas grand-chose pour sauver les victimes. De même le pape, épouvanté par les tueries qui précédèrent les chambres à gaz, resta silencieux et se contenta d’une aide discrète et ponctuelle [7].

            Encore aujourd’hui on peut se demander pourquoi Israël n’a pas été fondée en Europe car, à des degrés variables, la shoah est avant tout un crime commis par des européens contre d’autres européens… Si Israël est une compensation au génocide, pourquoi fonder cet État chez les Arabes ? Si le grand mufti de Jérusalem des années 30 pactisa avec les Nazis par opportunisme [8], les princes musulmans d’Afrique du nord protégèrent systématiquement les Juifs face aux Nazis.

            Dès 1944, las du double jeu de Londres, des activistes sionistes déclenchent la lutte armée contre les Britanniques qui gèrent la Palestine depuis 1920. Divers groupes agissent et certains multiplient les attentats contre les Anglais et les Arabes pour rendre la Palestine arabe et/ou coloniale ingouvernable.

            Le 15 mai 1948 à la fin du mandat britannique sur la Palestine D. Ben Gourion proclame l’État d’Israël. La jeune ONU par un vote historique fonde l’État d’Israël peu de temps avant (1947) : les Britanniques sont isolés car Soviétiques et Américains souhaitent pousser leurs pions dans la région et s’entendent pour se débarrasser de l’impérialisme britannique. Israël est donc autant une invention du sionisme que de la guerre froide.

            Les Sionistes refusent le partage où les Juifs sont minoritaires dans leur État. De même les Arabes refusent le plan pour la même raison. À cette époque comme aujourd’hui Israël se méfie de l’ONU qui signalera toujours les violations du droit international d’Israël [9].

            Mais comment contrôler un État où on est minoritaire ?

2. Le sionisme réellement existant

Les États arabes voisins, tout juste indépendants aux frontières artificielles et encore sous influence occidentale déclarent la guerre à Israël. Contre toute attente, et avec l’aide de l’Occident et de l’URSS, les Sionistes résistent et en profitent pour expulser des centaines de milliers de Musulmans. Localement les situations varient : si certains villageois arabes terrorisés quittent « volontairement » la région, la plupart des réfugiés palestiniens sont victimes de massacres et les survivants expulsés manu militari par les sionistes qui ont la plus grande puissance de feu.

Depuis les années 30 les Juifs de Palestine sont habitués à avoir recours à la violence. Minoritaires et harcelés par les populations arabes les Juifs sionistes ne pensent que se « défendre » grâce à des milices « d’autodéfense » comme l’Haganah ou encore des organisations clandestines terroristes comme l’Irgoun. En face les palestiniens musulmans se sentent menacés par le développement d’une société moderne et coloniale.

Lors de la guerre de 1948 les soldats sionistes sont donc habitués à l’usage de la violence et n’hésitent pas à abuser de leur position de force pour épurer ethniquement leur secteur [10].

Les guerres se succèdent dans un contexte de guerre froide : le « monde libre » soutient et arme Israël, relais de l’Occident dans la région. L’URSS soutient certains pays arabes dans leur lutte contre l’existence même d’Israël pour contrebalancer l’influence américaine. Mais aucune guerre ne sera jamais gagnée par les pays arabes. 1956 : Français, Anglais et Israéliens envahissent partiellement l’Egypte de Nasser. 1967 : Israël envahit en 6 jours Gaza, le Sinaï, le Golan et la Cisjordanie… En 1973 Israël repousse une tentative syro égyptienne de récupération des territoires perdus en 67.

En Occident d’étrangers personnages soutiennent le sionisme. C’est le cas d’antisémites notoires, d’anciens « collabos » qui préfèrent voire les Juifs dans leur État et entre eux plutôt qu’en Europe [11].

Jamais les États arabes ne sont à la hauteur militaire de Tsahal, l’armée d’Israël.

En effet, sans tradition étatique stable et sans expérience, les armées arabes ne sont guère plus que des gendarmes spécialisés dans l’encadrement et la répression des populations civiles. Quand l’Irak de S. Hussein, surarmé par l’Occident et les pétro-monarchies du Golf, tenta d’attaquer l’Iran en pleine révolution l’échec fut évident.

Le conflit israélo-arabe est donc avant tout un conflit colonial : un pays moderne, organisé et nationaliste ne peut que militairement l’emporter sur des pays pauvres, mal organisés et superficiellement unifié. De plus, l’aide occidentale à Israël dépasse largement en quantité et en qualité l’aide soviétique aux Arabes. Aide soviétique envolée depuis le début des années 90.

Avec l’Egypte (1979) puis avec la Jordanie (1994) Israël signe la paix. Affaiblis par des problèmes propres au sous-développement et soumis à la pression américaine, ces pays acceptent Israël comme voisin et partenaire.

Reste l’épineuse question des arabes habitant dans les territoires occupés par Israël depuis 1967. En effet, pour des raisons de « sécurité » Israël refuse de restituer les territoires illégalement occupés (selon l’ONU) et a même annexé certains territoires (Golan, Jérusalem est), là aussi contre l’avis de la communauté internationale [12].

Comme les Sionistes avant eux les nationalistes palestiniens, régulièrement trahis par les pays arabes, utilisent des méthodes violentes pour faire cesser l’occupation et obtenir un État viable. Les Palestiniens (divisés géographiquement entre Gaza et la Cisjordanie) sont-ils une nation ? Sont-ils différents des autres populations arabes ? Là aussi, il serait hasardeux de plaquer nos États nations européens sur les Palestiniens (ou les Israéliens). Le Proche-Orient est une juxtaposition d’États faibles car divisés en communautés plus ou moins intégrées et victimes de frontières imposées par les grandes puissances. Les Palestiniens comme les Arabes d’avant 1948 vivent avant tout dans un système clanico-féodal : des lignées tribales se font périodiquement la guerre avec des structures politiques très peu démocratiques. Derrière l’OLP on trouve des grandes familles et une propension structurelle à la tyrannie et à la corruption.

Derrière le nationalisme de l’OLP ou du Hamas on a donc une société bloquée, plus que jamais recroquevillée sur ses « valeurs » ancestrales par la brutalité et les crimes du colonialisme sioniste.

3. Israël, suite et fin ?

Si le futur État palestinien sera sans doute pauvre et arriéré socialement [13], Israël souffre aussi de terribles fragilités.

Quel avenir un État à base religieuse peut-il avoir ?

En effet, absolument rien n’unit les israéliens sinon un judaïsme parfois très suspect.

Si les israéliens non juifs souffrent de discriminations officielles [14], les israéliens juifs sont éclatés en communautés rivales et peu exogames : jamais les partis politiques à base non ethnique ont fait aussi peu de voix : les Juifs russes, les Juifs ashkénazes ou encore les Juifs noirs d’Ethiopie ont leurs structures, leur quartiers, parfois leur parti politique tous plus anti-arabes les uns que les autres. La haine des autres semblant être le seul ciment de cette société.

L’État de guerre quasi-permanent et l’influence des réseaux militaires en Israël en font un pays naturellement porté à la guerre. Entourés de pays plus ou moins hostiles, et plus puissant militairement que tous les pays arabes réunis, Israël ne cesse depuis sa création de se « défendre » en attaquant ses ennemis réels ou supposés.

Si on peut comprendre des actions ciblées (parfois lointaines) contre de vrais terroristes, la plupart des opérations militaires des Sionistes sont souvent des actions de punitions collectives dignes d’une répression coloniale.

En effet, une armée d’occupation se comporte toujours de la même façon face à une insurrection de populations dominées : forces françaises en Indochine (1944-54), à Madagascar (1947), au Cameroun (1960), en Algérie  (1954-62)… Américains au Vietnam et aujourd’hui en Irak n’ont toujours qu’une réponse à des violences locales : l’amalgame et la répression aveugle.

Comme le sionisme n’est rien d’autre qu’un nationalisme colonialiste, il réagit de la même façon : en frappant indistinctement les populations en révolte (« bavures » qui tuent des enfants ou des civils, blocus de territoires entiers, enlèvements d’élus, humiliations publiques, etc.). Les coups portés devant toujours être plus violents que les coups reçus afin de bien signifier aux « indigènes » la valeur supérieur du sang du « civilisé ».

Comme les Français dans leurs colonies, les Israéliens sont effectivement plus modernes que les populations soumises : quelque soit la région d’Israël on tombe sur des gens alphabétisés, cultivés, polyglottes. Israël c’est un îlot de développement dans un océan de sous-développement. De plus, l’économie israélienne s’est très vite adaptée à la mondialisation. Epaulée par une diaspora encore nombreuse (car Israël n’a pas attiré tous les Juifs du monde), Tel-Aviv est une place boursière importante et l’économie productive (industrie et agriculture) idéale des premiers colons n’est plus qu’un souvenir. Alors que les derniers kibboutzs socialistes finissaient de faire faillite, le Likoud et le parti Travailliste abandonnaient toute référence sociale pour communier dans le capitalisme et le libéralisme sans limite. Comme en Occident une élite ultra-libérale a privatisé les services publics et réduits les aides sociales des plus modestes.

Cette parenté et ces points communs avec le reste de l’ex « monde libre » a toujours renforcé la tolérance des pays riches envers Israël, alors même que les actions « défensives » de l’État juif n’ont cessé de dégénérer en crimes abjects [15].

Ayant battus à plusieurs reprises les armées voisines et stipendiées des gouvernements faibles, les Sionistes sont en guerre depuis plus de 30 ans contre des populations civiles très mal armées. Les commandos de l’OLP hier, les « martyrs » du Hamas aujourd’hui ou encore les petits missiles du Hezbollah, s’ils blessent et tuent des civils, ne représentent aucunement une menace vitale pour Israël. Avec la première armée de la région, le soutien systématique de Washington ou encore l’arme atomique, Israël n’est aucunement menacée. Dès lors, pourquoi un tel acharnement sur les populations civiles arabes ?

Depuis 1967 et plus encore depuis la fin de la guerre froide, Israël n’est plus menacée. Pas plus l’Irak hier que l’Iran aujourd’hui ne veulent ni ne peuvent menacer sérieusement l’existence de l’État juif. Pourtant, les accords d’Oslo n’ont nullement permis de régler le problème palestinien. En effet, devant les réelles capitulations d’Arafat (abandon du sort des réfugiés palestiniens, abandons de territoires, acceptation d’un État palestinien minimum, divisé et sous armé) les gouvernements de gauche comme de droite ont toujours refusé de libérer les prisonniers, retirer les soldats des zones prévues, etc. De plus, la violence aveugle et les tueries de civils ont repris dès que la situation s’est détériorée.

Là aussi, la mentalité coloniale des dirigeants israéliens (l’opinion publique israélienne est plus nuancée), relayée par les colons sionistes dans les territoires occupés a joué afin d’amalgamer tous les palestiniens derrière leur minorité terroriste. Et, quand une partie du Hamas a souhaité jouer le jeu de la démocratie et respecter une trêve des mois durant quelle a été la réaction de l’État israélien ? La poursuite des actions militaires avec à la clef des civils innocents abattus.

Eté 2006, quand le Hezbollah s’en prend à des soldats israéliens à la frontière libano israélienne, quelle est la réaction du gouvernement et des militaires ? S’en prendre au Hezbollah ? Négocier ? Non, bombarder l’ensemble du Liban et tuer délibérément des observateurs de l’ONU et des centaines de civils… On ne saurait donner une preuve plus nette de la volonté israélienne de répondre par une violence décuplée à des actes bien souvent politiques. À noter le vieux réflexe anti-ONU des Sionistes, car si Israël est né formellement du droit international, ce pays n’a, depuis, cessé de violer ce même droit international au nom d’un rapport de force favorable et de la loi du plus fort.

Quel avenir pour ce pays belliciste et structurellement raciste ?

Comme l’Afrique du Sud de l’apartheid hier ce pays n’a pas d’avenir. En effet, tôt ou tard l’empire américain réaliser

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !