Un quarteron de généraux...
Comme l'armée algérienne dans les années 90, l'armée égyptienne a décidé d'écraser les islamistes les plus importants, les Frères Musulmans. Ils ne sont pourtant pas les seuls.
Aux affaires depuis les années 50 les hauts gradés sont responsables de la gestion calamiteuse du pays. Se sentant menacés dans leurs multiples privilèges ils ont décidé de torpiller la présidence Morsi puis de renverser celui-ci. Ils ne sont nullement motivés par la place de la Femme ou la laïcité !
Aidés par une bourgeoisie qui n'a rien a envier à celle de notre XIX°s et par des "démocrates" sous influence, l'armée multiplie les massacres contre la confrérie.
Mais d'où viennent les Frères Musulmans ? Que représentent-ils ? Quid des autres organisations islamistes ?
Les Frères Musulmans
Les Frères Musulmans ont beaucoup hésité avant de se lancer dans l'élection présidentielle de 2012. En effet la confrérie fondée en 1929 a toujours redouté d'être aux affaires sans avoir réellement les moyens de gouverner. Une crainte justifiée par les événements actuels.
A l'origine il s'agit pour leur fondateur Hassan-al-Banah de moderniser l'islam afin d'en tirer un réel programme de gouvernement. Un programme sensé premièrement libérer le pays de la tutelle britannique et deuxièmement rattraper l'Occident. Il voyait dans la Charia la solution aux divers problèmes...
Toujours en butte aux autorités coloniales puis légales, les Frères Musulmans animent une multitude d'organisations parallèles pour influencer la société. Ils pilotent ainsi des syndicats de médecins, d'étudiants, de travailleurs, etc. Ils pratiquent aussi l'aide aux plus pauvres en attendalt le moment favorable pour instaurer prendre le pouvoir. Cette stratégie qui islamise la politique par la base leur assure une réelle popularité mais nullement une majorité dans l'opinion. Comme le PCF dans les années 60 les Frères sont puissants mais nullement hégémoniques.
Mais leur fondateur est assassiné en 1949 et Nasser et ses sucesseurs répriment périodiquement cette organisation qui se pose en rivale des pouvoirs en place. La corruption latente puis massive ainsi que les difficultés quotidiennes les rendent d'autant plus populaires.
Leur rapport à la violence est trouble : acceptant volontiers d'utiliser les armes dans certains cas (comme le Hamas en Palestine), les Frères Musulmans égyptiens savent que le rapport de force n'est pas en leur faveur. Ils excluent ou laissent partir des groupuscules violents qui assassineront Sadate (1981) mais aussi des touristes à Louxor en 1997. Les années 1980 seront marquées en Egypte par une activité terroriste importante sans que les Frères y soient pourtant directement mêlés.
Ces groupes déclineront avant le 11 septembre 2001, l'un de leurs chefs, Z. Al-Zawahiri quittera l'Egypte pour rejoindre Ben Laden et le djihad mondial.
Dans les années 80-90, périodiquement tolérés puis réprimés, les Frères Musulmans s'embourgeoisent... Leurs dirigeants sont souvent de riches hommes d'affaires. Ils se contentent de leur influence rampante aux marges de l'Etat et participent tardivement aux manifestations hostiles au pouvoir de Moubarak. Morsi avait tenté de continuer sur cette ligne modérée et surtout libérale au niveau économique. Les Etats-Unis appréciaient notoirement cette évolution.
Les groupes islamo-terroristes
Le massacre de 61 touristes étrangers à Louxor en 1997 marque l'apogée puis la chute des groupes terroristes égyptiens. Cette action est revendiquée par la Gamaat Islamiya (littéralement "groupes islamiques"), le plus important des groupes terroristes égyptiens. Ces derniers seront actifs dans le pays 10-15 ans après la mort de Sadate.
Reste que leurs effectifs et leur importance est de faible envergure. Ces groupes sont peu soutenus par la population qui redoute les représailles de l'Etat et/ou désapprouve leur violence (assassinats de civils musulmans ou chrétiens).
En 2003 les dirigeants emprisonnés de la Gamaat Islamiya renoncent à la violence, certains sortent de prison.
Quant au groupe qui a assassiné Sadate, le Jihad islamique égyptien (issu des Frères Musulmans), il a toujours été extrémement réduit et a quitté l'Egypte pour co-fonder al-Qaïda.
Aujourd'hui seul le Sinaï abrite quelques groupes djihadistes actifs. Sous la présidence Morsi des militaires avaient été tués avant que le groupe ne pénétre en Israël où il a été liquidé. Lundi 19 août 2013 24 policiers ont été tués dans une embuscade de leur bus... Depuis la reprise de la crise politique des violences s'aggravent dans le Sinaï... Mais en dehors de la péninsule les groupes terroristes semblent en sommeil.
Les Salafistes
un élu salafiste égyptien
Porté par la vague de bigoterie et d'islamisation tous azimuts de la société, ces défenseurs d'un islam rigoriste, les Salafistes, ont fait le choix de la légalité. Ils se sont présentés aux élections législatives et ont presque dépassé les Frères Musulmans... Ces derniers ont donc trouvé plus islamistes qu'eux !
En rivalité avec les Frères ils ont soutenu le renversement de Morsi... Ils hésitent depuis sur l'attitude à adopter.
Difficile de savoir comment va évouler leur popularité car ils pourraient occuper le terrain électoral laissé par les Frères réprimés mais aussi passer pour des "idiots utiles" des militaires. Rappelons que l'Arabie Saoudite qui les finance limite autant que possible l'influence des Frères qui critiquent depuis des années les excès du wahabisme.
Les Frères Musulmans ne sont donc pas les seuls "islamistes" sur la scène politique égyptienne, les Salafistes et les groupes terroristes sont bien plus islamistes qu'eux...