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Les VRAIS enjeux de l'intervention en Libye
Pourquoi tant de haine aujourd'hui ?
Après des semaines d’hésitation et des années de franche collaboration avec Kadhafi, les Occidentaux se sont décidés à intervenir militairement dans la guerre civile libyenne.
Hésitant jusqu’au bout Obama a soutenu l’action du duo Sarkozy-Cameron alors même que Berlin s’abstenait à l’ONU… Bien d’autres Etats du Sud ont hésité aussi. Ce fut de cas de la Chine, l’Afrique du sud, etc.
Faut-il voire là une nouvelle expédition de Suez ? Faut-il résumer cette guerre aux enjeux pétroliers et gaziers ? Faut-il simplement constater l’agitation d’un Sarkozy qui cherche à gagner une guerre alors qu’il est incapable de gagner une élection ?
1. Bref historique du « droit d’ingérence »
A-t-on jamais vu le faible s’ingérer dans les affaires du fort ? C’est JP Chevènement qui a eu cette phrase pour définir la nature profonde du « droit d’ingérence ». Principe de droit international qui émerge à la fin de la guerre froide.
Il s’agit alors pour les seuls Etats-Unis d’intervenir là où ils le jugent nécessaire sous couvert d’opérations humanitaires. C’est l’époque où les ONG pullulent et servent souvent d’agents aux puissances occidentales.
La première guerre du Golf (1990-1991) est un exemple de ce droit d’ingérence où un pays souverain est attaqué puis contrôlé par un jeu de sanctions et d’exclusions aériennes. Pour Washington il est plus pratique de laisser en place du S. Hussein affaibli et manipulable que d’envahir un pays incontrôlable.
Il en va de même en Yougoslavie en 1999 quand l’Europe et les mêmes Etats-Unis s’acharnent sur Belgrade pour, soit disant, sauver des civils kossovars persécutés. Le but réel de l’opération ? Créer un mini Etat croupion où des bases américaines géantes pourraient s’installer en Europe du Sud dans cette zone jadis pro russe.
Généralement on berne l’opinion avec des mensonges comme les prétendues « couveuses koweïtiennes » volées par des soldats irakiens en 1990. Ensuite des professionnels de l’intox comme BHL et consorts se chargent de mentir aux braves gens étrangers aux intérêts géopolitiques…
Ailleurs aussi des populations souffrent et sont massacrées, mais là, le « droit d’ingérence » ne s’applique plus. Les alliés des puissances occidentales sont toujours à l’abri sauf en cas de retournement comme en Libye.
2. Kadhafi, notre « meilleur ennemi »
Sans commentaire
Kadhafi n’a jamais été un tendre. Au pouvoir depuis 40 ans il a toujours dirigé son pays avec un petit groupe de gens comme Moussa Koussa (ministre des affaires étrangères) ou ses fils. Mais après avoir abandonné tout soutien au terrorisme il a rallié l’Occident en cherchant à éviter le sort de S. Hussein (LIEN).
A partir de 2003 il a donc été progressivement réintégré dans la communauté internationale et a signé d’énormes contrats avec ses adversaires de jadis. Il est même possible qu’il ait financé la campagne de Sarkozy en 2007 (LIEN). Cela expliquerait sa réception fastueuse en décembre 2007 au grand dam des défenseurs des droits de l’Homme.
Il a aussi accepté de bloquer l’immigration irrégulière des Africains à destination de l’Europe avec des méthodes d’une rare brutalité.
Dès lors pourquoi intervenir militairement contre lui alors même que son opposition est flou et surtout perméable aux groupes islamistes radicaux ?
3. L’Occident et la question énergétique
Contrairement aux apparences l’Occident n’est nullement homogène sur cette intervention militaire : l’Allemagne et l’Italie sont encore très réservées et sont, en réalité, neutres.
Seules la France et la Grande-Bretagne furent actives dans le déclenchement de cette guerre. Pourquoi un tel activisme alors que Londres et Paris étaient il y a encore peu de temps des partenaires du colonel Kadhafi ? L'inénarable Sarkozy voulait même lui vendre des centrales EPR !
Alors que les Etats-Unis sont bloqués en Afghanistan et purgent la terrible invasion de l’Irak (depuis 2003) les anciennes puissances coloniales blackboulées en Egypte en 1956 se sentent pousser des ailes.
Pour Londres et Paris l’enjeu de cette guerre est de redevenir influent en Orient, région d’où elles sont exclues depuis près d’un demi-siècle. Or, même dotées de centrales nucléaires, la France et la Grande Bretagne ont et auront toujours plus besoin de pétrole. Rappelons que la Libye est un pays immensément riche en brut et gaz et qu’il est à proximité de l’Europe. Le Proche-Orient, lui, est aussi instable qu’aux mains des intérêts états-uniens.
Les difficultés internes de Kadhafi et son rejet par les pays arabes (la Ligue Arabe a soutenu l’intervention) constituent une courte fenêtre pour Sarkozy et Cameron. De plus, le fond souverain monté par la Libye après la fin de l'embargo est aussi un enjeu colossal : les acteurs de la guerre (USA et Union Européenne) ont "gelé" (exporprié) des dizaines de milliards de dollars libyens (LIEN). Un hasard ?
Mais des difficultés militaires peuvent apparaître. Parmi l’opposition soutenue par Londres et Paris il n’est pas impossible que se glissent des djihadistes jadis persécutés et liquidés par Kadhafi. Quant aux opinions publiques, elles ne vont nullement soutenir longtemps une nouvelle guerre forcément ruineuse pour les finances publiques. Rappelons que Sarkozy et Cameron sont les champions de la « rigueur », c’est à dire la ruine des services publics pour réduire les déficits.
Pour Sarkozy, plus que rejeté par la population, cette guerre est aussi une possible porte de sortie alors que 2012 ressemble à un couperet.
LIENS :
Date de dernière mise à jour : 02/07/2021