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Poutine au risque de l’effondrement
Les Chinois non plus ne bluffent pas
Après 7 mois de guerre et des semaines de reculs Poutine et son "parti de la guerre" se trouvent acculés à l'effondrement à la fois militaire et politique. Incité par ses clients chinois, indiens et autres à négocier il communique de façon de plus en plus agressive. Une implosion de son système poserait néanmoins plus de problèmes que de solutions. En 1917 et 1991 l'empire russe en perdition n'avait pas été un gage de stabilité... En face l'Ukraine se bat pour elle mais avec des arrières-pensées nationalistes peu porteuses d'avenir.
Un empire détesté qui bât le rappel à coups de propagande et de contraintes pour renouveler la piétaille ça ne vous rappelle rien ? Les USA à la conquête de l’Afghanistan puis de l’Irak bien sûr ! Les guerres impérialistes ont pour elles de se ressembler : elles ont pour but de guerre le développement de la sphère impériale au bénéfice d’une clique capitaliste qui gravite autour d’un chef en apparence incontesté… Mais quand la guerre tourne mal le chef est éjecté comme Nicolas II en 1917 ou quantité d’autres politiciens ruinés politiquement par une défaite.
le désastre militaire de la prétendue « opération spéciale » est une réalité inédite
En sera-t-il de même avec Poutine demain ou en 2023 ? C’est plus que vraisemblable. Sera-t-il prouvé qu’il est tombé dans un piège géopolitique comme S. Hussein jadis ? Possible, en tout cas le désastre militaire de la prétendue « opération spéciale » est une réalité inédite : la Russie, outre des dizaines de milliers de soldats perdus, a vu disparaître l’intégralité du matériel militaire engagé en février dernier ! Rien de moins alors qu’actuellement on voit fuir des soldats russes sur des chars des années… 60 ! Parasitées, les importations de matériel électronique ne permettent plus le renouvellement d’armes modernes.
La volonté des Ukrainiens et l’aide massive de l’OTAN ont fait la différence avec une armée encore soviétique où la quantité prime sur la qualité. Mobiliser des réservistes ou des mercenaires ruinera plus la popularité de Poutine qu’elle ne sauvera son bilan. Quant à l’utilisation d’armes nucléaires elle ne changera strictement rien militairement si tant est que la technique suive. En effet le tir récent d’un troisième missile hypersonique a échoué.
l’utilisation d’armes nucléaires ne changera strictement rien militairement
Prisonnier d’un discours réactionnaire typique de pays en déclin démographique (Hongrie, Italie…) sans autre issue que la violence intérieure et extérieure Poutine se retrouve au bord du précipice. Une révolution de palais ou une mobilisation populaire spontanée peut renverser le tsar. Ce qui serait, finalement, très périlleux ! En effet une Russie qui retomberait dans le chaos eltsinien serait plus problématique encore qu’une Russie victorieuse en Ukraine ! Un pouvoir moscovite vacant disloquerait les gages de stabilité que garantit actuellement la Russie au Caucase, entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan ou en Asie Centrale…
une Russie qui retomberait dans le chaos serait aussi problématique qu’une Russie victorieuse !
La résistance ukrainienne est une excellente nouvelle pour ceux qui croient dans la souveraineté des peuples mais il faut laisser une porte de sortie à l’ours russe pour éviter des conséquences pires : un retour au statu quo ante -comme en Corée en 53- serait un moindre mal. Encore aujourd’hui les empires chinois et américain s’en contentent. En sera-t-il à l’est de l’Ukraine ? C’est souhaitable car la Russie a aussi des droits dans cette zone (Crimée) et les nationalistes ukrainiens ne sont pas tous des démocrates ! Alors que plus de 30 % des Ukrainiens sont des russophones la langue ukrainienne a cessé d'être une langue officielle en 2019...
un retour au statu quo ante serait un moindre mal
Les tyrannies font moins de morts en crevant de mort naturelle qu’en chutant comme en Irak ou en Libye.
Poutine n’a jamais été autre chose qu’un chef mafieux. Il pense, parle et agit comme un parrain. Or, même la pire mafia possède des « assemblées » masculines où la famille, les lieutenants, les « associés » se taisent en apparence mais n’en pensent pas moins quand le Patron perd la main. La liquidation de certains oligarques au début de la guerre semble indiquer des divergences au sommet du gang… Or le destin de Béria indique à Poutine que l’on peut avoir toutes les polices de Russie et chuter du fait du défaut de l’armée ! Or l’armée russe n’a jamais été aussi malmenée par un président ! En 1914 tous les Russes ou presque étaient tsaristes !
Ceaucescu aussi était entouré de "fidèles"
Qui pour remplacer Poutine ? Les candidats du système ne manquent pas : le premier ministre (doit doit remplacer le président en cas de vacance du pouvoir) est actuellement muet sur la guerre, de même que le maire de St Pétersbourg. Quant au premier cercle aligné sur le maître (Lavrov, Medvedev…) il est probable que les discours bellicistes cachent une volonté de ménager l’avenir… Si réellement Poutine devait prendre sur la figure une de ses armes ses ministres réagiront comme les ministres de Ceaucescu pendant sa chute : ils feront la queue pour le mitrailler et s’innocenter au passage !
Qui sait si les Chinois -officiellement de plus en plus « prudents »- n’ont pas des contacts (financiers, énergétiques…) très hauts placés et à même, le cas échéant, d’agir. Pékin a au moins un point d’accord avec Washington : la volonté de n’avoir aucun trouble fête dans leur rivalité.
Date de dernière mise à jour : 25/09/2022