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Trump : le retour de la vieille (géo)politique ?

L'actualité vue par Chaunu : l'investiture de Donald Trump pour son second  mandat de président des États-Unis

Donnant volontiers de lui l'image d'un énergumène libre d'agir à sa guise pour résoudre des problèmes insolubles Trump n'est pas celui qu'il prétend être. Les impasses de sa proximité avec Poutine comme les leçons de l'affaire Epstein montrent qu'il est soumis aux mêmes fondamentaux de la politique us que ses prédécesseurs...

la preuve par Poutine

On a cru, un temps, que Trump allait laisser la Russie redevenir maîtresse de sa « province » ukrainienne. Assumant un discours poutino-compatible Trump multipliait les signaux positifs envoyés au Kremlin. Voulait-il rompre avec l'aide massive des années Biden ? Mettre la balle au centre entre Kiev et Moscou ? Ou simplement exister médiatiquement en provoquant le discours commun ? Mystère.

Mais cette volonté de rupture avec son prédécesseur s'est vite heurté à la réalité de la politique russe : toute défaite, même relative, serait le signal d'une guerre civile interne aux élites ou même de désordres plus généraux. Aussitôt le front ukrainien stabilisé sans victoire nette Poutine serait vite la cible d'une guerre de succession entre les factions extrémistes et celles attachées à un retour en Europe... La sortie de la guerre ne peut donc être que progressif et surtout très bien géré médiatiquement. Impossible pour les architectes de la guerre de 2022 d'apparaître comme acculés à une paix qui ne serait pas une victoire... Cette « solution » de compromis (comme en Corée en 53) ne peut être que lente à mettre en place. Cela ne colle pas à la précipitation médiatique de Trump.

du point de vue de Trump, la prolongation du conflit est un échec personnel

Or, du point de vue de Trump, la prolongation du conflit est un échec personnel : se sentant compris du maître du Kremlin il pensait un « deal » possible sur fond de détestation commune des libéraux européens... En échange de changement dans les cartes issues de 1991 la Russie devrait devenir une alliée contre la Chine. C'est la thèse des conservateurs us, or, voilà que Poutine ne daigne pas changer de discours ni de méthodes : guerre d'usure, bombardements, discours provocateurs signent l'échec de l'ouverture trumpienne... Voyant la Chine comme un allié stable Poutine se méfie d'un Trump sensé dégager en 2028...

De ce fait Trump en revient... à la politique de Biden ! C'est à dire soutien à l'Ukraine en armes, capitaux, conseillers et menaces de nouvelles sanctions pour soit-disant ruiner la Russie.

Adversaire des « USA démocrates » -abonnés à la fois aux guerres et aux discours modérés- Trump redécouvre pourtant que les USA sont avant tout un empire qui a des ramifications dans le monde entier et que la Russie conteste cet empire en Europe comme la Chine le fait ailleurs, donc, abandonner l'Ukraine reviendrait à fragiliser la base de la puissance américaine : son influence géopolitique. L'enjeu des terres rares le montre bien : alors que la Chine en maîtrise environ 80 % Trump a signifié à Zelensky que la poursuite de l'aide impliquait un « accord » sur ces minerais...

Revoilà donc le démagogue en chef revenu à jouer les Biden, c'est à dire soutenir l'Ukraine et donc l'UE avec armes et baguages tout en affirmant le contraire. C'est habituel que les USA parlent de paix et alimentent les guerres.

le retour de la rhétorique explicitement guerrière

A noter le retour de la rhétorique explicitement guerrière avec l'envoi de deux sous-marins nucléaires en « réaction » aux propos agressifs de Medvedev, voix ordinaire du nationalisme russe. Biden aurait-il osé ? Lui a toujours soutenu l'Ukraine pour qu'elle ne perde pas, non pour qu'elle gagne ce qui, outre un coût humain énorme, déstabiliserait la Russie à un niveau jamais vu depuis 1991. Or les USA ont besoin d’États stables à dominer ou stipendier et non de zones grises inexploitables... La Russie est vue, idéalement, par les USA, l'Inde ou la Chine comme une vaste zone riche en matières premières. Point.

Dans le duel froid qui oppose USA et Chine, la Russie comme l'UE ou l'Inde sont des puissances secondaires que les deux géants doivent ménager comme potentiels alliés dans les épisodes futurs. Trump n'échappe donc pas à la vieille géopolitique, les classiques de la puissance d'un pays hors frontière, c'est à dire un empire devant jouer sur plusieurs équilibres à la fois...

La preuve par Epstein

Affaire Epstein : Trump embarrassé par les révélations récentes sur leur  amitié

reconnaître qu'il était aussi impliqué

que ses adversaires démocrates ?

En interne les règles ordinaires des élites de l'exécutif s'appliquent aussi à Trump. Auréolé d'une victoire historique en 2024 et fort d'une base radicalisée le président actuel subit actuellement le boomerang de l'affaire Epstein. Financier véreux, amateur de (trop ?) jeunes femmes le dit Epstein arrosa toutes les élites occidentales en fêtes et autres réjouissances pendant des années. Une fois tombé il se « suicide » (en 2019 quand Trump est président) alors que circulent les noms de ses amis, complices et autres coupables probables (le fils cadet d’Élisabeth II par exemple)... Qu'en est-il au juste ? Difficile à dire. Vraisemblablement assassiné par ceux qu'il menaçait potentiellement, on sait depuis des années que l'escroc a été en relations avec Trump. Mais jusqu'à quand ? Pourquoi ? Jusqu'à quel point ? Là aussi impossible à dire, or, la volonté nette de Trump de ne pas aller plus loin laisse supposer qu'il a été peut-être plus impliqué dans les crimes d'Epstein que sa base ne l'imaginait. Or en campagne il affirmait « tout révéler » une fois revenu aux affaires. Sans doute a-t-il jugé imprudent de reconnaître qu'il était, au moins, aussi impliqué que ses adversaires démocrates dans cet authentique bordel oligarchique.

Là aussi c'est un classique des mœurs politiques : le leader peut mentir à sa base, décevoir et donc finalement apparaître dans la catégorie « tous les mêmes » qui érode sa popularité et prépare éventuellement sa chute.

 

Imposant ses vues, malmenant la démocratie et n'écoutant que son instinct Trump n'est pourtant pas un dirigeant très différent de ses prédécesseurs : comme Nixon il est tenu par la géopolitique ancienne de l'empire américain, et, sur le front intérieur il doit gérer le fait qu'il n'a jamais été autre chose qu'un oligarque parmi d'autres...

Date de dernière mise à jour : 07/08/2025

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