entretien avec F. Chauvreau, auteur de BD

"Je rêve de faire une bd qui serait capable de parler au cœur et à l'esprit" F. Chauvreau

1. Pouvez-vous présenter votre carrière dans la BD à nos lecteurs ?

Parler de carrière est un bien grand mot, voici simplement les albums que j'ai publié :Dette Odieuse, éditions CADTM/ Syllepse, 2009., On aurait pu déjeuner dehors, éditions thebookedition.com/webcomics.fr., Le Système Dette, éditions CADTM/ Syllepse, 2006.

1. Pourquoi bosser avec le CADTM (Comité pour l'Annulation de la Dette du Tiers-Monde) ?

L'idée initiale était de diffuser plus largement les idées défendues par cette ONG, qui dénonce inlassablement les ravages des politiques néolibérales orchestrées par les grandes institutions financières internationales (OMC, FMI, Banque mondiale). Le CADTM a publié de nombreux essais à ce sujet, mais c'est un sujet complexe, qui s'adresse à un public d' " initiés " dans les milieux altermondialistes. J'ai souhaité " vulgarisé " ce discours en m'adressant à un public jeune, si possible adolescent, en utilisant un média qui leur est destiné : la BD.

2. Selon vous quel est l'avantage de la BD par rapport aux autres médias ?

La BD présente l'avantage d'être un média de " divertissement " dans l'esprit du jeune public. Un ado lira plus volontiers une bd qu'un livre sans images. De plus, les images ont une force de dramatisation qui permet de toucher le lecteur au-delà des mots. C'est un peu comme du cinéma sur papier, réalisé avec des moyens dérisoires (un crayon suffit).

C'est aussi un objet de recherche personnel puisque j'ai été formé et je travaille dans le domaine des arts visuels (je suis professeur d'Arts Plastiques). 

4. Quels sont vos auteurs de BD préférés ? Pourquoi eux ?

Il y en a trop que j'apprécie pour parler de préférence. Je peux citer ceux qui ont été déclencheurs dans mon envie de faire de la bd. Il y a eu d'abord Jean Giraud et la série des Blueberry quand j'étais gosse. Son sens du dynamisme, le réalisme des personnages et le découpage des séquences m'ont longtemps fait rêver. Plus tard j'ai découvert Dave Mc Kean à la fois pour son travail dans la bd et l'illustration. Son approche très plasticienne du média bd a été un véritable choc : il mélange le dessin, les collages, la photo, la peinture, au service d'une narration toujours très anticonformiste. Je pourrai aussi citer Frank Miller pour son travail sur le noir et blanc, Emmanuel Lepage pour les reflets lumineux de ses aquarelles, etc. Il y en a tant que cela pourrait faire l'objet d'un livre entier.

5. Quelle BD rêvez-vous de faire ?

Je rêve de faire une bd qui serait capable de parler au cœur et à l'esprit. Qui ne soit ni trop didactique, ni purement divertissante. J'aimerais faire une bd qui soit à la fois remplie d'émotion, avec une histoire intelligente, pour faire passer un message " utile ".

Mon approche de la bd est d'abord militante, je reste persuadé que l'on peut parler de choses difficiles -comme l'économie et la politique- sous une forme accessible et touchante.

6. Que vous inspire la crise générale

 La crise est selon moi un soubresaut logique et inévitable de la grande vague de politique néolibérale mondialisée amorcée depuis les années 80 en Europe et dans les pays anglo-saxons.