François Roddier et Denis Gorteau
Pour ceux qui connaissent les questions environnementales Français Roddier n'est plus à présenter. Pour les autres sachez que l'auteur a été des décennies durant dans la tête de la recherche internationale en sciences de l'univers et qu'après sa retraite il a poursuivi ses savantes recherches non plus sur les astres mais... sur la Terre ! Et plus encore sur notre relation entre notre espèce et notre environnement.
Avec un regard scientifique et interdisciplinaire unique il a fait avancer les analyses sur les liens entre économie, énergie et sociétés. Si il n'est pas le seul à avoir fait ces rapprochements il est peut-être le seul à en tirer toutes les conclusions.
A l'heure où la calapsologie (science de l'effondrement des sociétés) est presque devenue une mode son regard sur l'actualité est autant une mise en garde qu'une invitation à l'action. Ses livres sont commandables ICI.
Denis Gorteau : Que t'inspire les mobilisations de certains jeunes dans certains pays pour le climat ?
François Roddier : C’est une prise de conscience salutaire mais très peu voient la généralité du processus : toute structure dissipative modifie son environnement auquel elle doit constamment se réadapter. Si elle dissipe trop d’énergie, elle n’a plus le temps de se réadapter et s’effondre. C’est ce qui risque d'arriver à nos sociétés actuelles.
DG : A partir de quand as-tu réalisé que, d'après des données objectives, l'Humanité courrait d'elle-même à sa perte ?
FR : Au début de ma retraite, quand j’ai commencé à réfléchir à ses questions. D’où la troisième partie de mon livre « le pain, le levain et les gènes » (2009).
DG : Une consommation infinie sur une planète finie est impossible, dès lors quel maillon de la chaîne va casser en premier ?
FR : De génétique, l’évolution de l’humanité est devenue culturelle. Notre culture actuelle, très consumériste va nécessairement s’effondrer pour laisser la place à une culture plus raisonnée (comme l’est déjà l’agriculture).
"Les forêts se renouvellent, l’uranium non" F. Roddier
DG : Que t'inspire l'idée que l'innovation peut, comme jadis, décupler encore les disponibilités énergétiques ? On brûle moins de forêts en Europe depuis qu'on se chauffe à l'uranium, non ?
FR : Oui, mais les forêts se renouvellent, l’uranium non. Le soleil est notre seule source d’énergie durable dont nous sommes naturellement protégé des effets nocifs (UV, particules,…). De plus, il est difficile pour quelques uns de se l’approprier aux dépens des autres. Que rêver de mieux ?
DG : La solution viendra-t-elle d'une baisse naturelle de la population déjà entamée dans certains pays post-développés comme le Japon ?
FR : Oui. Toute population végétale ou animale s’adapte aux ressources.
DG : Quels conseils donner aux gens préoccupés par la situation ?
FR : Lire (par exemple mes livres !).
Le blog de François Roddier : ICI