Adulé et ignoré ?
La méthode de Warren Buffett est simple. Très simple. Trop simple ? Il s'agit d'investir dans des actions notoirement sous-cotées et d'attendre. Ni reventes, ni spéculations, ni rien d'autre : tant que le deal de départ est là -c'est à dire d'avoir une rentabilité correcte et durable- il ne faut rien changer. Ou alors « renforcer », c'est à dire en acheter davantage quand le cours fléchit... Et surtout ne pas vouloir faire de « coups », c'est à dire vendre quand la cote a monté. En effet, il est impossible de savoir exactement quand une action a atteint son maximum. Nous sommes ignorants du futur, c'est indéniable même si on espère le contraire. Alors dans la durée ce sont les plus patients qui gagnent. Warren Buffett n'a-t-il pas dit que la Bourse était une machine qui faisait passer l'argent des impatients aux patients ? De même pour lui garder une action des années est la norme. Plus subtil encore, il répète (mais qui l'écoute ?) que les émotions sont les pires boussoles pour investir. Et ce constat n'est pas limité à la finance. Généralement on suit et imite le voisin, le cousin, le copain et on achète quand l'actif est populaire et donc trop cher. Toutes les actions à la mode de Wall Street ne brillent pas longtemps : le cas de la bulle internet en 99-2000 est un exemple de spéculations moutonnières autour d'un thème réellement porteur mais surtout très survalorisé. Bien sûr internet a changé le monde, mais en quelques années, pas en quelques mois. Or, la médiatisation générale a transformé la Bourse en cirque digne d'un discours de Trump. Alors que l'investissement est une chose sérieuse, les vieux sages de Wall Street comme Buffett ou Bogle sont aussi célébrés qu'ignorés au profit de provocateurs comme Belfort ou Musk. Leur prudence et bon sens endorment les animateurs adeptes de clashs. Les aventuriers dignes d'un Gordon Gekko défraient régulièrement la chronique en entretenant l'illusion qu'on peut devenir riche très vite en doublant la masse des naïfs. Comme au cinéma. C'est là un scenario aussi hollywoodien que mafieux. S'enrichir est possible mais dans la durée et en s'écartant de la masse. Ainsi W. Buffett achète-t-il régulièrement des actions Occidental Petroleum qui baissent du fait de la faible demande en pétrole et non à cause de problèmes internes. C'est quand tout le monde boude cette action qu'il faut l'acheter si ses fondamentaux sont bons, mais pas pour triompher demain, juste pour prendre date pour les années à venir. Il faut investir quand Monsieur Tout-le-monde veut fuir !
la médiatisation générale a transformé la Bourse en cirque
Les origines de la fortune de W. Buffett ne sont pas mystérieuses : dans les années 60-70 les actions us étaient peu recherchées. Nul n'en voulait alors que les sociétés cotées étaient déjà rentables et connues dans le monde entier. C'est à ce moment que le jeune Warren investit certain qu'un jour la qualité des placements se verra et c'est ce qui arriva 10 ans plus tard, il dira plus tard "écartez-vous de la masse un moment et vous serez riche !". La composition de sa holding, Berkshire Hataway, est publique : elle rassemble les classiques du capitalisme contemporain qui sont aussi indispensables qu’insupportables (Mac Do... Coca...).
Quand on interroge le vénérable maître sur les modes du moment il renvoie invariablement aux fondamentaux de la société : son prix actuel vaut-il ses capacités à se développer et créer de la valeur demain ? L'entreprise est-elle endettée ? Qui la dirige ? Fait-elle mieux que la concurrence ? Bien des marques connues sont surpayées et donc susceptibles de dévisser au premier bémol (Novo Nordisk en 2024 par exemple...). Mais qui applique les conseils de l'oracle d'Omaha ? Peu de monde car à Wall Street c'est souvent l'excès qui prime et la com qui attire. Temporairement. Dès lors qui sait investir régulièrement et patiemment est presque certain de dépasser l'inflation et survivre aux immanquables krachs qui secouent régulièrement les marchés financiers. Qui dit mieux ?
Une étude sociologique us sur les millionnaires montre que sortie d'une minorité d'héritiers, la majorité des riches sont des gens besogneux qui épargnent plus que la moyenne et investissent dans des placements sûrs toute leur vie. Comme W. Buffett lui-même ils évitent les dépenses liées aux émotions, les voitures neuves et les abonnements. On est loin des happy few de Beverly Hills ! La vie des riches est comme celle des pauvres sur un point : elle est régulière.
le meilleur investissement est celui dans soi-même
Le vieux sage n'est pas le seul investisseur de légende à affirmer que le meilleur investissement est celui dans soi-même. On peut apprendre et s'améliorer tout au long de sa vie avec des objectifs et des règles simples. C'est peut-être au nom du bon sens que notre modèle a toujours milité pour que les milliardaires paient autant d'impôts que leurs employés. Il a aussi vertement critiqué Trump. Bogle ou Marks disaient quant à eux que l'ancien et nouveau président serait, à terme, mauvais pour l'économie et pour la société toute entière. Thank you Warren !