Louis XIV et la construction de l'Etat
Louvois, un ministre influent
JC Petitfils analyse comment Louis XIV a "construit" l'Etat français sans programme autre que s'imposer comme ont tenté de le faire les capétiens précédents.
Fidélités et clientèles : Sans bureaucratie moderne le pouvoir royal repose sur les pyramides de clientèles féodales : la centralisation est cahotique et le pouvoir repose sur des relations d'hommes à homme, généralement un Grand qui se révolte ponctuellement contre une injustice perçue comme sous la Fronde. Longtemps des Nobles vont posséder des patrimoines immenses, des armées privées, des places fortes, etc.
Officiers et commissaires : Pour tenter d'avoir la main sur le terrain la monarchie multiplie les "offices" où travail de service public à vendre. Les officiers passent de 4 000 sous François I° à 40 000 sous Louis XIV mais sont, de fait, très indépendants (parlements). En 1604 la "paulette" (une taxe) rend ces mêmes offices héréditaires. La monarchie n'y gagne pas, le pouvoir reste structurellement faible.
Nommés directement par le roi les "commissaires" sont localement peu fiables et proches des Grands.
Les réseaux ministériels : Des ministres installés vont entretenir des réseaux qui, localement, concurrencent ceux des Grands. C'est le cas avec Fouquet qui est aussi riche qu'influent en dehors de Paris. Après 1661 Louis XIV prend le pouvoir directement et se débarasse de Fouquet et évince les membres de sa famille du conseil d'en haut, il choisit lui-même les ministres d'Etat et s'impose en signant lui-même les autorisations de financement.
Colbert les Le Tellier-Louvois sont les deux grandes familles ministérielles qui ont leurs propres réseaux. C'est le "patrimonialisme" (M. Weber). Colbert double les revenus de la monarchie, Louvois modernise l'armée.
La monarchie administrative : Colbert meurt en 1683 et Louvois en 1691, Louis XIV s'occupe seul des dossiers et tous les canaux de communication avec le reste de la société sont bridés. Isolement à Versailles ? La noblesse est "domestiquée" à Versailles avec des "chimères" (Saint Simon).
Sur le terrain la monarchie peinera à lever des impôts et les gouverneurs auront peu de forces de coercition en dehors de l'armée. Localement les élites sont autonomes, c'est un "absolutisme limité" D. Parker notera même que Louis XIV protégeait des archaïsmes et ralentit donc la modernisation de la France.