« la cause de l’amour est le plaisir des corps »
En 1655 à Paris, sous Louis XIV, paraît à Paris un bien étrange livre, L’escole des Filles, sous-titré La philosophie des Dames et ouvert par une Épître invitatoire aux Filles.
Deux « dialogues » composent ce livre publié par Jean l’Ange et Michel Millot peut-être pas les vrais auteurs. Le premier « dialogue » met en scène un jeune homme souhaitant coucher avec la jeune Fanchon, archétype de la jeune fille adoptant le discours moral maternelle omniscient à l’époque. Le second « dialogue » fait échanger la même Fanchon et Suzanne chargée avec succès par le soupirant de convaincre Fanchon de se donner à lui.
Outre le côté guide pédagogique de l’ouvrage le livre a aussi un fond philosophique qui préfigure le libertinage du XVIII°s et aussi la révolution sexuelle ultérieure.
La connaissance érotique supplante la morale publique
Ainsi est-il expliqué que la sexualité et son art est à la fois un moyen de contenter le mari mais aussi, pour mes filles, de « couler en plaisir votre jeunesse ». La connaissance érotique supplante la morale publique et tout est bon pour avancer dans cette connaissance y compris de cacher la perte de sa virginité, une précaution obligatoire alors que toute « faute » féminine est sanctionnée au bas mot par l’éloignement définitif.
Cet ouvrage a un caractère métasexuel car il va au-delà de la franche pornographie et explique quelles étapes suivre pour aboutir à la jouissance avec comme idée de départ que « la cause de l’amour est le plaisir des corps », cette primauté du corps sur l’esprit, ce matérialisme sensualiste est la marque actuelle de la métasexualité : le plaisir sexuel et son cheminement sont le signe sinon le but de la valorisation sociale. En nommant de multiple façons les organes sexuels ce livre élève le sexe au niveau littéraire, phénomène qui se développera davantage encore au siècle suivant.
le plaisir sexuel et son cheminement sont le signe
sinon le but de la valorisation sociale
Vu comme une menace le livre est saisi, brûlé et les « auteurs » condamnés. Il n’en demeure pas moins qu’il formalise la future métasexualité car il explique comment la valorisation de l’individu passe non plus par la morale catholico-lignagière mais par la connaissance et la maîtrise de pratiques sexuelles, sources uniques de l’amour nous dit-il...