L'homme qui en savait beaucoup trop
(avec Thierry Gadault) L'homme qui en savait beaucoup trop - Révélations d'un agent au coeur des secrets d'Etat, MASSOT EDITIONS, 2020
Marc Eichinger n'est pas né de la dernière pluie. Il voit le jour en 1962 et a eu plusieurs vies (trader, sécurité privée, enquêteur, etc.) ce qui le rend immédiatement crédible. Or, missionné pour quelques milliers d'euros pour vérifier des opérations financiaro-minières d'Areva il va vite aller de découverte en découverte. Tout son livre est un catalogue des "investissements" catastrophiques d'Areva qui ira jusqu'à acheter pour 1,8 milliards d'euros une société, Uramin, qui ne vaut... rien ! Et cela en connaissance de cause. Pourquoi ? C'est là que l'auteur nous emmène dans le marigot du capitalisme international où États, officines, intérêts, capitaux et personnalités se croisent, se choquent et négocient en permanence pour le business de l’atome.
dans le marigot du capitalisme international où États, officines, intérêts, se choquent
Au niveau mondial Areva cherche à vendre des EPR, or, pour aider à la signatures de pré-contrats et plus encore à la concrétisation des dits contrats des sommes importantes doivent corrompre tel ou tel élu, parti, président, etc. C'est semble-t-il à cela qu'a servi le pactole d'Uramin...
Bien sûr M. Eichinger ne peut prouver cela mais son étude minutieuse des comptes d'Areva ainsi que la destinée de certains responsables étrangers plaident en faveur de cette explication.
Au détour du livre il fait aussi des digressions bien utiles sur l'influence de la Russie dans la politique française ou encore le parcours d'Anne Lauvergeon, l'ex PDG d'Areva, qui est une "femme de pouvoir" toujours en cours malgré le caractère public de sa "gestion". Et que dire d'EDF qui est endetté à plus de 60 milliards et qui est notoirement mal géré ? Subira-t-elle la destinée d'Areva qui décline de jour en jour ?
Quid de la justice ? Des "autorités" ? L'auteur explique comment la corruption en France (et jusqu'en Afrique) est peu ou pas poursuivie. Les gens suceptibles de dénoncer ces méfaits sont notoirement peu nombreux et sous-financés. Même si, pour lui, les USA sont encore le pays qui peut le plus lutter contre ce phénomène via ses lois extraterritoriales. C'est peut-être là la réserve à avoir sur le livre : choisir un impérialisme contre un autre est-ce efficace ?
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Date de dernière mise à jour : 07/04/2021