"Une soirée au Caire" du journaliste et écrivain français Robert Solé c'est avant tout la peinture de l'Egypte par petites touches.
Phrases courtes, intrigues minimales, nombreux épisodes mnésiques... Ce court roman écrit avec simplicté nous plonge dans l'histoire récente de la bourgsoisie égyptienne : la bourgeoisie cosmopolite qui a dû fuir le pays à l'époque de Nasser, la bourgeoisie copte enfermée dans son élitisme, la bourgeoisie musulmane partagée entre bigoterie et frime... Bref, un discours assez indifférent aux dizaines de millions d'Egyptiens modestes ou misérables qui survivent dans l'un des pays les plus tendu du monde.
"Une soirée au Caire" c'est avant tout un roman élitiste sur les petits maîtres de l'Egypte, ceux qui vivent entre eux, dans la nostalgie d'un passé où ils étaient encore plus riches et plus puissants encore, à l'ombre des puissances occidentales et nullement menacés par la populace. On imagine sans mal ces réseaux proces actuellement des USA ou d'Israël pour peu qu'on les aide à mater la populace... Bien sûr la "révolution" nassérienne n'a été qu'un épisode court et surtout navrant, mais le peuple est apparu sur le devant de la scène et son islamisation actuelle n'est peut-être que le prolongement, assez décevant, d'une résistance à ces élites d'un égoïsme et d'une médiocrité confondante. Et, comme souvent, le salafisme ostentatoire des Egyptiens de peu est une raison de plus de les détester dans ces élites faussement modernes.
Avec les meilleures intentions du monde, l'auteur cherche à nous émouvoir d'une situation dont l'émotion n'est que le revers de la tragédie sociale du pays tout entier.