Le gouvernement le plus capitaliste de l'Histoire ?
Autant sa victoire de 2016 pouvait passer pour un accident de l’Histoire (il était minoritaire en voix) autant son succès de 2024 est net et sans appel. Cette nouvelle victoire du démagogue réactionnaire T***p appelle plusieurs réflexions sur la démocratie ou ce qui en tient lieu :
1. Émotions, pièges à...
L’ère des démocraties médiatiques fait qu’une partie croissante des électeurs votent avec leurs émotions et que les émotions, c’est comme le reste, ça se manipule. Avant la raison, la réaction ! Déjà Le Pen se qualifia en 2002 après un fait divers sordide et Berlusconi en 1994 se vendait déjà comme un produit désirable… Avec deux candidats au service du système économique les mécontents étaient réduits à s’abstenir ou à choisir « le pire », justement par colère. A noter que bien des anciens militants de gauche se transforment en supporters de la droite radicale par dégoût général. C’est le cas du neveu Kennedy, ex démocrate et ex avocat écologiste devenu complotiste anti-vaccins, hier comme aujourd’hui il a la rage. La colère est-elle bonne conseillère ? Quand la gauche n’est plus de gauche et que le dégoût reste, que faire ? Comme la question sociale n’est jamais traitée en tant que telle elle éclate en « ismes » rivaux comme le wokisme, l’écologisme, le masculinisme ou le racisme qui brouillent la question centrale des inégalités derrière le vent de paniques morales quotidiennes (le wokisme veut détruire Noël !). Rajoutez à cela un spectacle médiatique perpétuel (l’alliance hanounesque de la blague et du scandale) et vous obtenez dans l’imaginaire collectif un candidat crédible pour qui préfère ressentir plutôt que réfléchir. Penser, c’est comme lire, ça prend du temps et parfois même ça fatigue ! Et puis le rêve sera toujours plus attrayant que la réalité : voter pour un héritier malhonnête n’a rien de sexy comparé à l’idée de soutenir un tribun courageux. On préfère jouer au loto et perdre plutôt que de se résigner à ne même pas espérer.
donner une ligne de coke supplémentaire
2. Cash express
Le Système a trouvé en T***p l’agent qui va donner une ligne de coke supplémentaire à la machine financière : le bullrun autour du bitcoin illustre cette fuite en avant dans la concentration capitaliste. Quand on a investit dans tout il reste à investir dans rien, car le bitcoin c’est concrètement du « rien » et du « rien » infalsifiable, donc rare, donc potentiellement cher. La dérégulation voulue par le vainqueur n’est pas là pour soulager la classe moyenne mais bien pour accélérer la hausse des profits automatiquement entraînée par la baisse des impôts et des règlements. Wall Street n’a pas besoin d’un génie, seulement d’un maniaque pour amasser plus de cash pour les fonds de pensions respectables comme pour les Madoff qu’on évite de chercher. Bien sûr la bulle finira par éclater comme en 2008 mais en attendant, quelle orgie ! Jouir ou se souvenir il faut choisir !
3. Trous de mémoires
La victoire du populiste en chef -et la mémoire de poisson rouge des électeurs- éclipse les questions vitales pour l’avenir de notre civilisation : quid de la question climatique et environnementale ? Quid des inégalités qui minent les sociétés développées ? Quid enfin du soutien hallucinant à Israël qui nourrit un antisémitisme général ? Rappelons que pour T***p les Juifs qui ne votent pas pour lui sont des « mauvais juifs » (sic). De ces questions d’avenir il n’est nullement question pour l’oligarque de 78 ans qui s’entoure déjà d’une palanquée d'hommes de main qui brillent plus par leur fidelité que par leurs qualifications, Musk seul, fait exception, sa fidelité est intéressée.
Pour Engels l’État apparaît quand des intérêts de classes sont inconciliables, cela n’a jamais été aussi vrai ! Dans les fantasmes de ses électeurs divers T***p est avant tout un pacificateur, une figure autoritaire qui rassure : une incarnation tonitruante du désordre au service de l’ordre rêvé, bref un simulacre de anti-héros bonapartiste dans le plus pur style hollywoodien.
Avec le Boomer l’avenir est au passé et aux sociétés cotées ! Comme souvent dans l’Histoire les foules sont fascinées par leur maître. La Boétie notait déjà au XVI°s dans son Discours sur la servitude volontaire l’étrange attirance des exploités pour leurs exploiteurs. Bien sûr se révolter est risqué physiquement mais s’émanciper demande surtout un effort d’imagination et l’aveuglement est une valeur sûr à Wall Street.
Surexcitée par une actualité sournoisement mise en scène la population perd la mémoire face à un écran programmé pour émouvoir, les émotions court-circuitent souvent la réflexion. Généralement la mémoire politique se transmet via un collectif (famille, travail, amis…), or, on est généralement seul devant son écran. Un hasard ?
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"Les politiques de Trump sont bonnes pour le marché à court terme,
mais dangereuses pour la société dans son ensemble à long terme" J. Bogle 2017
Pour la suite, T***p n'a aucune baguette magique, les vieilles contradictions du capitalisme n'ont pas disparu, par exemple... l'inflation ! La plaie qui a démobilisé l'électorat démocrate pourrait déstabiliser le trumpiste de base. Quant à Kennedy, probable futur minsitre de la santé, il attaque déjà les majors de la pharmacie et de la chimie. Les autres pré-nominations mélangent figures médiatiques clownesques et profils techniques, mais pour la première fois de l'Histoire des USA le gouvernement va réunir toutes les variantes du capitalisme us avec comme objctif la flambée boursière à court terme et comme résultat une inévitable crise. C'est J. Bogle, fondateur de Vanguard, qui affirmait cela lors du premier mandat de T***p. Qui d'autre qu'un maître capitaliste peut mieux apprécier ses collègues ?