Manifeste républicain pour l'union du peuple de France
Depuis l'effondrement de l'URSS, nous vivons dans un monde unipolaire livré à l'hégémonie d’une seule superpuissance : les États-Unis d'Amérique. Cette situation nouvelle entraîne des conséquences d'une extrême gravité.
Par l'intermédiaire d'institutions internationales placées sous leur contrôle, les États-Unis utilisent à leur seul profit la mondialisation des échanges, qu'ils entendent rendre obligatoire à l'échelle planétaire, pour imposer leur domination, financière, économique, culturelle, linguistique et, finalement, politique.
Le phénomène de mondialisation, amplifié par leur mainmise sur les moyens modernes de communication et soutenu par une idéologie ultralibérale, assure la toute puissance des marchés financiers et prétend réduire à néant l'autonomie d'action des États-Nations, fermement invités à déréglementer, à privatiser et à subordonner l'ensemble de leur politique au seul objectif des marchés, qui est la rentabilité financière immédiate. Une telle évolution conduit à une régression sociale sans précédent.
La classe dirigeante, de gauche comme de droite, sombre dans l'impuissance et la démission, renonce à toute action volontariste, et se soumet au nouvel ordre mondial imposé par les Américains. Quant à la "construction européenne", loin de constituer – comme l'affirment les propagandistes de la pensée unique – un contre-pouvoir à l'hégémonie américaine, elle se met au service de cette dernière en accélérant la perte de souveraineté des États-Nations au profit d’autorités technocratiques hors de tout contrôle démocratique et se montre incapable de créer une identité européenne par le simple fait que les peuples sont laissés à l'écart.
La "construction européenne" se fait actuellement sans les peuples, et même contre les peuples. L'Allemagne entend elle aussi y jouer un rôle hégémonique. Si l'Europe supranationale, fédérale, qui se profile est germano-américaine, des contradictions entre ces deux grandes puissances existent et l'avenir n'est pas exempt de rivalités entre elles et d'une compétition pour la domination du monde. Dans cette Europe, la France ne serait qu'un pays vassalisé.
Les initiateurs du présent manifeste, qui sont issus de familles politiques différentes, notamment : gaullistes, communistes, militants chevènementistes, socialistes, écologistes, militants de la gauche républicaine... invitent en conséquence tous les patriotes de l'arc républicain à les rejoindre en vue de promouvoir une alternative politique et électorale au système aliénant qui nous est imposé de l'extérieur. Ils proposent que ce rassemblement républicain se fasse autour des principes suivants :
1. Rétablissement de la Nation et de l'État républicain dans ses compétences et ses moyens d'action politiques et économiques.
Selon la Constitution et la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, la souveraineté, nationale est inaliénable.
L'État républicain trouve sa légitimité dans le suffrage universel, expression de la souveraineté populaire et permet au peuple français de maîtriser son destin.
2. Opposition résolue à I’ultralibéralisme, expression de l'hégémonie de l'impérialisme américain, et au modèle uniforme de soumission à la loi des marchés qu'il cherche à imposer au travers de la mondialisation des échanges et des institutions internationales qu'il contrôle (Organisation Mondiale du Commerce, Fonds Monétaire International, Banque Mondiale).
En conséquence, affirmation du primat de la politique et de l'État républicain sur L’économie et les marchés financiers qu'il importe de réglementer et de contrôler socialement, tant sur le plan national qu'international.
3. Refus de la «marchandisation» de la totalité des activités humaines. Volonté de placer l'Homme, le citoyen et non le profit au centre de la société. Refus de considérer des activités aussi essentielles que la santé publique ou la culture comme de simples activités marchandes.
4. Réaffirmation des valeurs de la République, une et indivisible, et notamment de la laïcité qui en est l'un des principes fondateurs.
À cet effet, amplification du modèle d'intégration républicaine, lutte contre les sectes, refus du communautarisme et du racisme, mise en œuvre d'une politique d'éducation nationale visant à former des citoyens et non des consommateurs.
5. Construction d'une société basée sur la solidarité et non sur une compétition permanente contraire à la cohésion sociale et à la justice sociale. À cet effet priorité absolue à la lutte contre le chômage, la pauvreté, l'exclusion et les inégalités sociales. Développement de la participation et de l'intervention citoyenne à tous les niveaux, chacun devant pouvoir peser sur son propre destin. Défense et promotion des services publics et des systèmes de protection sociale. Volonté d'assurer la sécurité publique.
6. Retour à une politique étrangère et à une défense nationale souveraine, l'armée devant rester sous le contrôle de la Nation et en dehors de l'OTAN. À cet égard, la France se doit de condamner l'utilisation de l'OTAN par les États-Unis en un instrument militaire offensif, placé sous leur commandement exclusif, destiné à mener les opérations militaires et de police internationales qu'ils estiment nécessaires à la promotion de leurs intérêts stratégiques et à leur volonté de domination mondiale.
7. Attachement au rôle international de la France. Loin de se replier sur l'hexagone ou de se fondre dans un ensemble européen où son identité disparaîtrait, la France doit se faire entendre sur la scène internationale, notamment par le soutien à la francophonie, en renforçant ses liens avec les pays francophones des cinq continents et en assurant le rayonnement mondial de sa langue et de sa culture.
La France doit en même temps agir pour la solidarité entre les peuples et entre les nations, notamment avec les pays défavorisés d'Afrique, d'Asie, d'Amérique latine, aider à leur développement économique. La France doit favoriser une coopération exempte de domination.
Conformément à sa vocation la France doit être le champion du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes contre tous les impérialismes.
8. Construction d'une Europe confédérale des nations reposant sur le respect des peuples et des règles fondamentales de la démocratie. À cet effet, remise en cause du caractère non démocratique et irresponsable des institutions européennes (Banque Centrale Européenne, Cour de Justice, Commission) et donc des politiques, en particulier celle de la monnaie unique, qui en découlent.
Rejet de toute dérive européenne vers le fédéralisme, le régionalisme ou la combinaison de ces deux concepts qui aboutirait à une Europe fédérale des régions, clone de l'Allemagne actuelle.
Les signataires de ce manifeste estiment qu’actuellement, au-delà des divergences entre la gauche et la droite, une ligne de fracture essentielle se situe entre ceux qui estiment que la Nation est une structure dépassée et ceux qui pensent que pour longtemps encore, elle est la seule à permettre aux peuples de disposer d'eux-mêmes, de maîtriser et de construire leurs destins. Ils font valoir que le véritable clivage qui transcende la gauche et la droite se situe dorénavant entre républicains attachés à la citoyenneté et à l'État-Nation et ultralibéraux attachés au seul profit et acceptant la domination des marchés.
Face à cette situation et au vu de la carence généralisée de la classe politique au pouvoir, toute entière ralliée à la pensée unique ultralibérale, il apparaît nécessaire d'appeler à un rassemblement sans exclusive de tous les Français attachés aux valeurs, aujourd'hui en péril, de la République et de la Nation.
Pour une France, libre et de progrès, pour une autre Europe, une nouvelle résistance doit s'organiser.
La victoire de ce combat passe par l'Union du peuple de France.