QUE FAIRE Valeurs et Actions Républicaines

Propositions pour un projet républicain

Propositions pour le projet républicain

par : Hajoma, avril 2005 

Ce document constitue une base de travail pour synthétiser des orientations déjà développées dans divers textes. Il entend stimuler l'échange et la réflexion théorique pour la poursuite de nos activités (site "Que faire ?", association, campagne pour le non...). Merci à Terouga et à Luthor Lex pour leurs stimulantes critiques des premières versions. À débattre, amender et prolonger donc.


Dynamiques et contradictions du capitalisme

Le bilan du marxisme

Capitalisme productif et capitalisme prédateur

La disparition de la « gauche »

Le naufrage de l’utopie communiste

La « gauche » retournée

Le gauchisme, un libéralisme excité

Que faire ? Esquisse d’un programme

Rebâtir

Propositions pour un programme républicain

1.       Restaurer le rôle économique de l’État :

2.       Faire refluer l’inégalité et la précarité

3.       Remettre sur pieds l’école républicaine

4.       Rétablir l’ordre public

5.       Mettre en œuvre une politique familiale

6.       Organiser l’immigration

7.       Assurer l’indépendance nationale

8.       Développer de nouvelles coopérations internationales


 

Le bouleversement politique des années 1980 a brouillé l’image des enjeux politiques. La vieille droite réactionnaire et ultralibérale s’est approprié le PS, devenu son plus fidèle instrument. La droite traditionnelle est restée semblable à elle-même, mais, face à ces nouveaux convertis, paraît plutôt modérée, le tout il est vrai dans un tourbillon de remise en cause des acquis sociaux et droits démocratiques à l’échelle continentale. La comparaison mérite d’être faite avec 1940, non pas que buts et méthodes de l’Union Européenne soient ceux de Hitler, mais la trahison des élites est la même ; elles vendent sans vergogne la République au capitalisme antinational et socialement prédateur.

Face à ce déferlement réactionnaire, nous participons sans conteste au camp de la Résistance. Résistance au libéralisme débridée, résistance face aux remises en cause de l’égalité républicaine, résistance de l’idéal démocratique. Notre projet de remise à plat des fondements théoriques du combat républicain peut surprendre les lecteurs abreuvés aux sources de la pensée unique et de la caricature pseudo historique des combats passés.

Dans la lutte des classes, nous nous situons avec le prolétariat et les classes dominées contre la dictature du capital, sans pour autant reprendre à notre compte les erreurs et impasses de l’ancien mouvement ouvrier.

Gauche ou pas gauche ? Nous évitons de nous référencer à « gauche » dans la mesure ou nous récusons radicalement la stratégie politicienne que le vocabulaire politique actuel cache derrière ce mot : l’alliance contre-nature avec les Hollande, Jospin, Cohn-Bendit et autres fourriers du néocapitalisme n’a d’autre objet que de nous précipiter dans un libéralisme sans fin. Nous sommes favorables à des alliances politiques nouvelles pour restaurer la République et la démocratie. De même nous combattons pour de nouveaux compromis de classe, arbitrés par un état sous contrôle populaire effectif, qui intègre la bourgeoisie capitaliste et la technostructure, mais en les subordonnant à l’intérêt national.

Souverainistes ou pas souverainistes ? Le vocable n’a guère de contenu. La souveraineté nationale et populaire est le socle de notre programme – c’est justement ce qui nous oppose radicalement à l’oligarchie et à sa haine de la démocratie, transcrite dans la constitution-Giscard. Mais cette souveraineté ne suppose aucune hostilité à quelque autre nation que ce soit, bien au contraire : notre combat rejoint celui des peuples du monde entier. La Nation à laquelle nous nous référons est celle de Valmy [1] : celle du peuple souverain, contre la coterie des émigrés dont les privilèges n’ont pas de frontière. Au stade présent de l’histoire, les nôtres sont celles de la France - mais le combat commun pour les valeurs républicaines peut transcender les actuelles nations et donner corps à de nouvelles. Rien n’est figé par le passé, c’est la communauté d’aspiration et de destin qui forge la Nation [2] !

Les orientations ci-dessous esquissées ne constituent encore que des axes de réflexion, sur lesquels nous voudrions susciter la discussion la plus large possible.

Dynamiques et contradictions du capitalisme

Notre projet se fonde en premier lieu sur deux constats : la limite théorique du marxisme, en tout cas tel qu’il s’était incarné dans les appareils politiques du XXe siècle, et le déploiement d’un « néocapitalisme » accompagné d’une régression sociale sans précédent.

Le bilan du marxisme

Marx avait parfaitement compris la double nature de la bourgeoisie : détentrice du capital, elle accroît son pouvoir en l’accumulant ; les forces productives se développent dans le sillage de sa domination de classe. Mais, poursuit Marx, ce mouvement a un terme historique. Trois contradictions mûrissent par le déploiement même du capital :

*             baisse tendancielle du taux de profit : le poids croissant du capital fixe (« constant », chez Marx) réduit inexorablement la part de l’exploitation directe des prolétaires dans la valeur de la marchandise, et, par là même, le taux de profit ;

*             développement du prolétariat lui-même, et concentration dans les grandes entreprises où l’unit la division du travail : « la bourgeoisie produit ses propres fossoyeurs » ;

*             tendance croissante à la surproduction, de par la pression constante de chaque capitaliste pour comprimer ses coûts salariaux, alors que la production de masse supposerait une demande salariale en perpétuelle expansion – d’où des crises à répétition, de plus en plus menaçantes.

La bourgeoisie ne peut contrecarrer ces tendances qu’en détruisant les forces productives qu’elle a accumulées : finalement son rôle « progressiste » disparaîtra et il n’en restera que la face obscure : une classe dominante réactionnaire et prédatrice.

Disons-le brutalement : Marx s’est trompé [3]. Grâce au progrès technique, le poids du capital fixe n’a pas étouffé le profit, et l’accumulation trouve sans cesse de nouveaux domaines où se déployer ; les luttes du prolétariat ont paradoxalement ouvert au capital de nouveaux débouchés. Loin d’une aggravation permanente des contradictions, l’histoire a mis en scène leur dépassement, chaque crise – 1848, 1884, 1929… - créant les conditions d’un essor ultérieur. Les « Trente Glorieuses » (1945-75) ont été la période de l’histoire humaine où les forces productives (développement économique, progrès scientifique…) ont connu le développement le plus impétueux, et où le progrès social a franchi des étapes décisives (Sécurité Sociale, indexation des salaires sur la productivité…).

Capitalisme productif et capitalisme prédateur

Mais le déclin puis la chute du communisme ont renvoyé le capitalisme à ses vieux démons : seule la « menace communiste » soudait le compromis social d’après-guerre, dans lequel les capitalistes renonçaient à une partie de leur domination sociale au profit de l’État-« Providence », chargé d’organiser la croissance et le plein emploi et ainsi détourner les classes ouvrières de la Révolution. La bourgeoisie (au sens marxiste du terme : détentrice des moyens de production) s’est alors tournée vers les politiques néolibérales concrétisées dès 1979 dans le thatchérisme en Grande-Bretagne, le Reaganisme aux États-Unis et la « construction » européenne (Mise en place du système monétaire européen en 1979, tournant de 1982 en France sous l’impulsion de Delors).

Le mouvement ouvrier s’est au même moment effondré sous les effets combinés de la crise idéologique (échec du communisme), de la montée du chômage et de la recomposition socio-professionnelle du prolétariat (déclin du prolétariat industriel, montée d’un prolétariat tertiaire précaire, dispersé et sans traditions). Devant l’absence de résistance, la bourgeoisie a accentué son offensive et réévalué ses objectifs – jusqu’à cette fameuse « constitution européenne » qui prétend exclure pour l’éternité toute politique économique qui écornerait ses intérêts.

La tendance de fond est à la compression du revenu salarial, au démantèlement des droits sociaux et à la précarisation des emplois – la régression sociale prenant la forme d’une véritable spirale, puisque l’affaiblissement des capacités de résistance des salariés et que la faiblesse du mouvement social en général encouragent hommes politiques et hauts fonctionnaires à accompagner cette libéralisation « irréversible ».

Comme les salaires ont perdu leur dynamisme de l’après-guerre, la reproduction élargie du capital s’en trouve compromise. La vieille contradiction entre les forces productives et les rapports de production resurgit : faute de débouchés, les crises s’aggravent, la croissance économique ralentit, ce qui affecte en retour les profits eux-mêmes [4]. Un examen superficiel pourrait laisser croire que l’austérité salariale et le retrait de l’État sont sans conséquence, puisqu’en gros, le partage de la valeur ajoutée entre salariés et entreprises se stabilise (beaucoup plus favorablement pour les profits que dans les années 70 toutefois). Mais en fait, la dynamique à l’œuvre est très différente de celle du passé. Dans l’après-guerre, la demande salariale et publique « tirait » la production, les entreprises rétablissant leurs profits « après coup » en s’ajustant à cette demande dynamique [5]. Aujourd'hui, l’ajustement est négatif : les entreprises perdent sur des marchés stagnants ce qu’elles ont gagné préalablement par la compression des salaires et des charges. La stabilité du partage de la valeur ajoutée est donc trompeuse, elle résulte désormais des contradictions d’un néocapitalisme prédateur et rentier [6].

Pourquoi le capitalisme dérive-t-il spontanément vers une telle trajectoire qui n’assure même pas la maximisation des profits ?

*             Deux explications structurelles :

*             parce qu’elle résulte du jeu non coopératif de chaque entreprise cherchant à minimiser ses coûts particuliers, sans prise en compte des effets macroéconomiques,

*             parce que le retrait de l’État favorise la « mondialisation » et en particulier son principal effet pervers : l’inexistence d’instance de régulation internationales suppléant les régulations nationales défaillantes ;

*             … et deux explications stratégiques :

*             parce que les institutions régulatrices (État, Sécu, conventions collectives…) érodent le pouvoir social des capitalistes et reportent sur eux une part importante des risques,

*             parce que, symétriquement, la dégradation de la condition salariale ne se mesure pas seulement à la part du revenu national qu’elle capte.

La disparition de la « gauche »

Cette propension non démentie à développer les forces productive a écarté la perspective révolutionnaire, et ceci d’autant plus que le « socialisme réellement existant » (vernis « révolutionnaire » des dictatures bureaucratiques) – un temps utile pour échapper au sous-développement et industrialiser le pays - s’est finalement « perestroïké » en capitalisme sans fard. Le cours réactionnaire du néocapitalisme ne rencontre qu’un mouvement social en déroute organisationnelle et idéologique.

Le naufrage de l’utopie communiste

Contrairement à l’idée reçue véhiculée par la propagande, la chute de l’Union Soviétique ne manifesta nullement une « victoire du capitalisme » mais le seul échec d’une dictature bureaucratique dépourvue des régulations internes nécessaires à sa reproduction. Pour résumer, indiquons que les bureaucrates n’ont pas été « renversés », ils ont simplement réorganisé leur pouvoir autour d’une structure capitaliste, mieux adaptée à leur domination sociale.

Ressors imprévus du capitalisme, faillite de l’ « alternative » communiste – il n’en fallait pas plus pour que les « révolutionnaires » de 1968 se transforment en dévots de ce qu’ils avaient brûlé l’espace d’un Printemps. L’ « intelligentsia », un moment tentée par l’émancipation, s’est vite regroupée sous la bannière de l’ordre dominant – bon prince avec ces « fous du roi » dont l’égotisme forcené rejoignait si bien l’individualisme économique et culturel porté par la marchandise.

La gauche institutionnelle s’abîma dans le tourbillon. Le PCF assista tétanisé à la disparition de sa base sociale (les ouvriers d’industrie). Marginalisation militante, désarroi idéologique et alliances électorales aussi désespérées que compromettantes (diverses « union de la gauche ») le mirent hors-jeu durablement (définitivement ?).

La « gauche » retournée

Quant au PS, sa « résurrection » après Épinay ne reposait que sur la convergence de politiciens étrangers à la vieille social-démocratie et tout disposés à se convertir à la vague libérale. Les Mitterrand, Rocard, Delors, en instrumentalisèrent sans complexe l’étiquette pour promouvoir la réaction libérale d’autant plus efficacement qu’ils prenaient leur électorat à contre-pied.

Les ouvriers se détournèrent assez vite de cette « gauche » des beaux quartiers ; les « classes moyennes » (conglomérat confus de nouveaux métiers, cocus de la promotion sociale n’accédant aux postes convoités qu’à mesure que le néocapitalisme les banalise et les prolétarise) s’accrochèrent plus longtemps à l’illusion « moderniste », au rêve inconséquent d’une égalité par la massification et le nivellement scolaire. Mais le libéralisme conquérant de l’Union Européenne, les précipitant dans la régression salariale et la précarité, amorça leur retournement [7].

Ainsi la « gauche » institutionnelle, réduite au PS et au Parti Vert [8], totalement convertie à la vague réactionnaire, représente désormais le plus solide appui politique de l’oligarchie, disputant même à Chirac la place de meilleurs propagandistes du « Oui ».

Le gauchisme, un libéralisme excité

L’intelligentsia est friande de radicalisme en trompe l’œil. Le verbiage gauchiste réunit les vertus de la soumission à l’ordre établi et de la posture « révolutionnaire ». Qu’importent en effet les références à la dictature du prolétariat ou à la révolution mondiale, désormais équivalents du jugement dernier et autres royaumes de Dieu qui égayent les bancs clairsemés des dimanches chrétiens… Le propre des groupes gauchistes (LCR, LO…) est l’absence de programme véritable, si ce n’est la haine de la Nation. Or sans nation, pas de démocratie, pas de négociation sociale, pas d’autre droit que celui que les oligarques échafaudent dans la pénombre de leur internationale du capital, et dont la constitution européenne n’est que la dernière production. L’antinationalisme, que la fausse gauche confond avec l’internationalisme [9], n’est qu’une forme vaguement excitée du libéralisme madelinesque.

Leur surenchère adolescente aux revendications des mobilisations sociales, avec une prédilection pour les plus périphériques d’entre elles (féministes, homosexuels, lycéens, sans-papiers, etc.), leur ultralibéralisme en matière de mœurs, ne font plus guère illusion.

Au-delà du mince vernis révolutionnaire, ces groupes et comités en tous genres s’accommodent fort bien de la dérive libérale ; ils n’hésitent d’ailleurs pas à lui prêter main forte à l’occasion : souvenons-nous de Lutte Ouvrière refusant d’appeler à voter Non au Traité de Maastricht, ou du rabattage électoral éhonté au profit de la « gauche » institutionnelle [10]

Que faire ? Esquisse d’un programme

Sur les bases que nous venons d’exposer, deux piliers pour le réarmement programmatique : aider le mouvement social à s’émanciper des discours sans contenu, de la « gauche » et de l’ « Europe », et formuler des orientations positives pour réformer la société.

Rebâtir

Les siècles passés témoignent du combat de la société, et en premier lieu du prolétariat, pour domestiquer le capitalisme. Ce mode de production comme les précédents a deux visages : une justification « technique » dans sa propension à développer les forces productives, et un effort permanent de ceux qu’il met à la tête des moyens de production d’accaparer les ressources et le pouvoir, de transformer le mandat « technique » que leur confie la société en privilégiature sans partage. Lorsque la bourgeoisie se libère des contre-pouvoirs – état, morale, syndicats… - elle se détourne de la production et de l’innovation et se tourne vers la rente et l’exploitation.

Des années de bavardage sur « le socialisme que nous voulons », la « rupture avec le capitalisme » et autres proclamations bien sonnantes n’ont débouché que sur l’adaptation la plus sordide aux régressions néocapitalistes. Pour notre part, nous bornons notre ambition présente à définir des digues sociales et institutionnelles pour mettre le capitalisme au service de la société dans son ensemble. Ce modeste programme est toutefois mille fois plus révolutionnaire que les proclamations flamboyantes de notre « gauche » de carton-pâte !

Notre ambition peut sembler ridicule au regards des proclamations de ceux qui prétendent « refaire le monde », mais elle est immense au regard du véritable rythme de l’histoire qui jamais « du passé ne fait table rase ». Il s’agit de renforcer dans nos sociétés post-industrielles les organes autonomes vis-à-vis de la logique marchande (Nation, organisations de masse, famille…) et de canaliser le capitalisme dans sa vocation productive en se donnant les moyens de contenir sa perversion prédatrice. Telle est la vocation de la République, qui par son étymologie même affirme l'existence d'un espace public qui seul donne sens et contenu à la liberté individuelle pour la plus grand nombre. La République, pour être véritable, ne saurait qu'être sociale.

Dans ce contexte, un programme national et républicain doit viser à renverser la séquence mondiale initiée dans les années 80, renforcer les États-nations et le mouvement social – ces deux objectifs étant indissociables : mobilisations et organisations populaires s’adossent aux institutions capables de donner force contraignante aux compromis sociaux qu’ils obtiennent.

Dans cette perspective, les leçons du passé et la tradition du mouvement ouvrier sont précieux, mais nous n’attendons rien de la « gauche » retournée. Quant aux partis de « droite », il n’y reste plus grand-chose de la flamme gaulliste. Là aussi des politiciens gèrent leur carrière sans conviction ni états d’âmes.

Sur les marges des partis oligarchiques frémissent pourtant des tentatives de reconstruction. Nombre de militants tentent sincèrement de reconstruire l’espoir sans oser (encore ?) s’émanciper des vieux partis ou des alliances politiciennes [11]. Les lignes d’un rassemblement républicain et progressiste transparaissent sous la gangue des partis établis, et le « camp du Non », à Maastricht hier et à la constitution-Giscard aujourd'hui, préfigure la nécessaire recomposition en gestation.

La vocation de « Que faire » est d’œuvrer à cette recomposition. Contrairement à beaucoup d’autres groupes, nous nous situons sans ambiguïté en dehors des politiques de replâtrage de la « droite » et de la « gauche ». Sans ambiguïté aussi, nous affirmons que l’Union Européenne ne saurait être « réformée ». Elle s’est constituée par et pour des libéraux, avec des matériaux, des dogmes, des institutions irrémédiablement libéraux. Le temps est venu de REBÂTIR.

Propositions pour un programme républicain

1.       Restaurer le rôle économique de l’État

La vulgate libérale nous a fourvoyés à contresens de l’histoire. Le poids de la recherche scientifique, la multiplication des situations de monopoles ou d’oligopoles, l’extension des besoins collectifs, les nouveaux enjeux écologiques et la mondialisation elle-même nécessitent le renforcement et la redéfinition des tâches de l’État. Loin de s’opposer au bon fonctionnement des marchés [12]et aux libertés publiques [13], un État réorganisé et puissant en est la condition.

*             En matière de régulation macroéconomique : la politique de la banque centrale doit être supervisée par la puissance publique (contrôle de l’activité bancaire, règlementation du crédit, politique de taux d'intérêt, contrôle des changes…) ; le budget de l’État (et éventuellement de la Sécurité Sociale) doit pouvoir jouer un rôle contracyclique (déficit de relance en cas de crise, équilibre ou excédent en temps de forte croissance).

*             L’État doit jouer un rôle de chef d’orchestre dans l’esprit de la planification d’après guerre : coordonner la recherche scientifique, et moduler les conditions de l’activité des entreprises pour des motifs d’intérêt général (politique industrielle, politique d’aménagement du territoire…)..

*             conforter les services publics et les étendre à de nouveaux domaines, en fonction de l’évolution sociale et technologiques. La santé, l’éducation, les infrastructures de transports et de télécommunications, la gestion de l’énergie, l’activité bancaire doivent être considérés comme des bien collectifs et par là même échapper aux critères habituels du profit [14]. La propriété privée des moyens de production ne se justifie que pour autant qu’elle s’accorde à l’intérêt général.

*             Développer les compétences publiques en matière de lutte contre la pollution et l’épuisement des ressources (réglementation, taxation, interdictions… au profit de grands projets de « développement durable » qui supposent une coordination active par les pouvoirs publics [15]

2.       Faire refluer l’inégalité et la précarité

*             Conforter et étendre le domaine de la Sécurité Sociale : la santé doit échapper totalement au marché, et le système de retraites par répartition doit être conforté. De même le droit au logement doit sortir du domaine des slogans pour s’inscrire dans une obligation de résultat (construction de logements HLM ? Garantie publique des loyers ?).

*             Assurer à chacun des conditions d’existence décentes, grâce à l’attribution d’un revenu universel d’existence, attribué à tous et se substituant à l’actuel RMI. Pour éviter la désincitation au travail, tout revenu complémentaire devrait s’ajouter au Revenu Universel (et non s’y substituer comme avec l’actuel système qui multiplie les effets de seuils, le travail se traduisant par la perte de droits et d’allocations !).

*             Renforcer et appliquer réellement le droit au travail : l’ensemble des charges sociales doit être totalement déconnecté des salaires (impôt sur la valeur ajoutée brute ?) de manière à réduire au maximum le coût d’une embauche supplémentaire pour les entreprises et réduire les avantages du travail clandestin. Le plein emploi doit être un impératif politique absolu et permanent ;

*             Renforcer également le droit DU travail : des règles communes et raisonnables doivent s’appliquer à l’ensemble de la main-d'œuvre (durée et conditions du travail, rémunération des heures supplémentaires…), avec des moyens suffisant pour l’inspection du travail et une justice professionnelle rapide et effective.

3.       Remettre sur pieds l’école républicaine

L’école est d’abord le creuset de la socialisation civique : durant des décennies les gouvernements successifs ont tenté de cacher les conséquences de leur politique de croissance faible et de développement du chômage en faisant miroiter le vain espoir de l’ascension sociale et de la sûreté de l’emploi par l’accès aux diplômes. La massification aveugle, la substitution du passage automatique en classe supérieure à la responsabilisation par le travail, la sape sournoise du niveau d’ensemble par la complaisance aux examens nous lèguent une école non pas moins sélective, comme le prétendent les oligarques, mais plus opaque et moins efficace [16].

Le redressement

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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