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Sur les origines du totalitarisme
Hannah Arendt dans les années 60
En 1951 Hannah Arendt publie aux USA Les origines du totalitarisme, une somme monumentale qui fera date dans l'analyse du phénomène totalitaire. Le livre est traduit et publié en France dans les années 1970.
Son anlyse repose sur l'idée que l'antisémitisme mute au XIX°s, le judaïsme n'est plus un "crime" comme au Moyen-Âge mais une tare raciale pire encore. Ce changement rend possible in fine le génocide des Nazis.
l'impérialisme préfigure aussi le totalitarisme car il animalise les peuples soumis
Elle précise aussi que l'impérialisme -qui se développe au même moment- préfigure aussi le totalitarisme car il animalise, sous-humanise les peuples soumis qui ne sont pas gérés comme les autres territoires plus classiquement conquis.
Ce chef d'oeuvre d'analyses est tout de même à actualiser en rapport avec les autres expériences totalitaires postérieures aux années 1950.
En effet la Chine de la "révolution culturelle" comme la Corée du Nord des années 60-90 complètent le tableau d'Etats qui se sont métamorphosés en machines à contrôler toute leur population comme tous les aspects de leur vie.
seule l'Allemagne nazie sera à la fois antisémite ET impérialiste
Or l'antisémitisme (ou le racisme biologique en général) n'est pas un élément de l'idéologie de ces pays : cette dimension n'est même que indirectement présente dans l'Italie fasciste ou l'URSS de Staline. Finalement seule l'Allemagne nazie sera à la fois antisémite ET impérialiste. D'autres nations longuement coloniales (France, Grande Bretagne, Belgique...) demeureront des démocraties en Europe et auront une politique très variables dans les colonies... avant de décoloniser généralement sans violence !
Les Etats totalitaires ont pourtant un point commun qui explique davantage leur tyrannie que le caractère impérialo-raciste.
un exemple de traumatisme constitutif du totalitarisme
des pays profondément stressés par des contraintes intérieures et par un evènement extérieur
En effet l'Allemagne des années 30 comme l'URSS des années 20 ou la Chine des années 60 furent des pays alors en développement profondément stressés à la fois par des contraintes intérieures (modernisation rapide et brutale) mais aussi traumatisés par un evènement extérieur : la première guerre mondiale pour l'Allemagne et l'Italie et la seconde guerre mondiale et la guerre civile postérieure pour la Chine. La Corée du Nord ayant été bouleversée à la fois par la colonisation japonaise (modernisation brutale) et ensuite par la guerre de Corée.
Le totalitarisme (essai de contrôler complètement l'intérieur du pays et sa population) est donc un stress, une fièvre idéologique d'Etats en développement suite à un traumatisme extérieur (guerre mondiale) qui a eu un effet déstabilisant supplémentaire sur des sociétés déjà secouées par des mutations internes de long terme (urbanisation, recul des religions traditionnelles).
le totalitarisme peut déboucher sur des Etats stabilisés
et modernisés où le totalitarisme s'évapore de lui même
Ces réactions totalitaires peuvent être fatales (nazisme) mais aussi être transitoires (maoïsme, stalinisme...) et déboucher sur des Etats stabilisés et modernisés où le totalitarisme s'évapore de lui même comme dans la Chine des années 80. Encore faut-il que les contraintes de départ soient soldées, n'est-ce pas le cas en Chine aujourd'hui ? En effet la chaotique fin du XIX°s (impérialisme, invasion, guerre civile, famines...) qui a vu naître le maoïsme n'a plus rien à voir avec les défis de la Chine d'aujourd'hui.
Même commentaire pour l'Allemagne des années 1950 où le nazisme a disparu suite à la fin de ses sources (traité de Versailles, crise économique, sortie du féodalisme agraire, etc.).
L'analyse d'H. Arendt est donc datée des années d'après guerre quand le totalitarisme était encore réduit aux années 30 européennes.
Date de dernière mise à jour : 19/05/2019