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Capitalisme ou féodalisme ?

406638430 683003390631934 6777885884816246367 nsi vous lisez cela c'est que vous êtes capitaliste !

Au milieu du siècle dernier certains résumèrent le monde post 45 au choix suivant : « socialisme ou barbarie ? ». C’était simple : soit on passait au socialisme à la suite des Russes et des Chinois soit on (re)tombait dans les horreurs des guerres mondiales. Un peu partout l’opposition des colonisés, des ouvriers ou de n’importe quel exploité se drapait dans les oripeaux du « socialisme ». L’orient était rouge disait-on… On connaît la suite : des expériences de « socialisme réel » il ne resta souvent que de vastes cimetières, des classes ouvrières domestiquées et des tyrans poilus inamovibles. Bien sûr Guevara fut sincère, Castro charismatique et Allende martyr mais après 1991 le « socialisme » ne fut qu’une énorme coquille vide liquidée par ses ex zélotes (Eltsine ou Mitterrand).

Qu’on l’accepte ou pas il ne reste plus devant nous, sur nos mille-et-uns écrans fabriqués par des multinationales, que le capitalisme. Tempéré ou sauvage, propre ou sale, polluant ou green, le Capital seul règne. Les anticapitalistes sont un peu comme les athées dans une société religieuse : des exceptions qui confirment la règle.

il n’y a jamais eu que deux systèmes : le féodalisme et le capitalisme

Avec un peu de recul historique on constate aussi que dans l’histoire de l’Humanité il n’y a jamais eu que deux systèmes, deux fonctionnements sociaux : le féodalisme (après la révolution néolithique) et le capitalisme (après le XV°s).

Après la grande sédentarisation il a bien fallu gérer la société et ses nouvelles richesses autrement : nombreux ou pas, avec un roi ou un empereur, les Humains ont été aussi attachés à l’agriculture que des moules à leur rocher : de cette révolution agricole émergea le logiciel féodal. A toutes les échelles une minorité armée émergea pour à la fois protéger et exploiter une énorme masse rurale. Dans un monde basé sur la production agricole et peu innovant il n’y eu jamais d’autres fonctionnement : en Afrique, en Asie comme ailleurs des empires entiers reposaient sur cette pyramide : à la base des travailleurs soumis plus ou moins esclaves, une poignée de domestiques plus ou moins qualifiés et au sommet une petite élite jalouse de ses privilèges. Marx et Engels analysèrent avec brillo l’échec de toutes les révoltes féodales : sans changements techniques, aucun changement politique. Rien n’était possible sinon choisir la décoration des châteaux et des cathédrales. Dans le système féodal les biens servent à faire d’autres biens : on sème du grain pour récolter plus de grains, on achète un château dans l’espoir d'en acheter un autre, etc. On quête le Graal et la quantité. Point. Au moindre incident c’est la famine. Jamais aucun seigneur n’a cherché à innover sinon pour être plus titré que son cousin… La société était organisée sur la base de l’inégalité « naturelle » des choses et des gens. Les dominants y exercaient une violence à la fois protectrice et prédatrice sur les inférieurs qui supportent parfois mal leur sort mais n’en imaginent aucun autre : paysans, enfants, femmes ou prisonniers de guerre sont des « dépendants » rançonnés et leur travail extorqué ne sert pas à innover mais à reproduire le système. Sous le féodalisme aucun « nouveau riche » n’est possible, les coups de chances comme les coups du sort ne changent rien à la hiérarchie générale. Ainsi les pestes ravageuses du Moyen-Âge n’ont-elles jamais eu un effet politique ou social car les mêmes causes produisaient toujours les mêmes effets avant comme après la catastrophe.

dans la bourgeoisie des villes on réalise que l’argent peut servir à gagner… plus d’argent !

Toutefois, parfois, certains individus finissent par innover : dans la bourgeoisie commerçante des villes on réalise que l’argent peut servir à gagner… plus d’argent ! Heurtée l’Église, arbitre du logiciel féodal, tenta de bloquer cette innovation révolutionnaire en interdisant le prêts à intérêts. Mais passé Luther il fut impossible d’empêcher le capitalisme de lentement contaminer le monde avec une nouvelle figure : l’entrepreneur dont le but n’était plus la stabilité mais la rentabilité en profitant littéralement des variations de l’offre et de la demande. Et n’importe qui pouvait désormais théoriquement investir et triompher. Faut-il rappeler les origines modestes de Jacques Cœur en France ? La noblesse débuta alors son lent effritement alors même que personne ne théorisait le changement. Dans les romans arthuriens les commerçants (qui n’apparaissent pas dans la trifonctionnalité dumézilienne) sont méprisés, nullement analysés. L’avarice est un péché, rien d’autre. Le bon chrétien doit payer et le noble dilapider, jamais investir.

La France de Napoléon III montre bien comment

le féodalisme disparaît au profit du capitalisme

Le nouveau système fabrique de nouveaux esclaves ? De nouvelles injustices ? Qu’à cela ne tienne l’idée que cela peut changer servira durablement de drogue anesthésiantes. La France de Napoléon III par exemple montre bien comment le féodalisme disparaît complètement au profit d’un capitalisme basé sur l’innovation, le machinisme et la banque : l’argent ne sert qu’à faire de l’argent via des innovations. Nous en sommes encore là.

Il y a sûrement dans la loi du marché quelque chose de « naturel », comme la loi de la jungle. Le Marché est un mur impossible à ignorer sauf à produire des catastrophes, les pays dits « communistes » évitèrent la chute finale précisément en tolérant une forme de marché (Chine, Vietnam...).

Le capitalisme est comme l’océan : il est fascinant et meurtrier si on ne fait pas collectivement des aménagements. Ainsi le coût écologique du système financier est-il une menace permanente sur notre présent : la généralisation des polluants divers est la conséquence de notre mode de vie consumériste et nous menace tous, or, peu s’active contre cette menace car elle est consubstantielle à notre quotidien. Comment se passer de téléphones portables ? C’est pourquoi le capitalisme s’effondrera plus ou moins vite tout seul, peut-être faute d’énergie, comme le féodalisme jadis périclita dépassé par la productivité des Bourgeois. Or là où le marché est faussé c’est le modèle féodal qui revient à toute vitesse. Narco-maffias, Taliban ou groupes armés sans boussole sont comme les chevaliers de l’an mille : ils rançonnent et exploitent les autres à leur profit sans autre projet que l’immobilité. Comme à l’époque des croisades une religion sert de discours et la violence remplace toute culture.

Les communismes étaient mauvais, les néo-féodalismes seront pires.

Mais quid de la social-démocratie ? En effet on a put rêver qu’un capitalisme tempéré par l’intervention de l’État était la solution, un juste milieu : au Marché la vente de voitures, à l’État l’école. Dans mon monde techniquement figé cela eut été possible comme au Moyen Age quand un semblant d’équilibre existait parfois entre la rente seigneuriale et une certaine aisance agricole, mais l’innovation rebat en permanence les cartes et alors malheur aux vaincus ! C’est du reste les progrès de la productivité qui mirent à mal le consensus social-démocrate de l’après-guerre et plus encore les grandes découvertes qui ruinèrent l’équilibre incertain de la fin du Moyen-Age. Dès lors il n’y eu jamais d’autres modèles : les expériences socialistes modérées de l’Europe de l’Ouest comme le bloc de l’Est ne furent jamais que des variantes du capitalisme. S’en éloigner c’est se ruiner. Les témoignages sur l’URSS des années 30 montrent un capitalisme d’État aux méthodes plus qu’autoritaires : les travailleurs étaient des exploités terrorisés qui ployaient sous le joug d’un "capitalisme féodal" : ils ne possédaient rien et sûrement pas les moyens de production. La troisième voie est donc une fusion improbable des deux modèles.

Dès lors le capitalisme est comme une machine qui avance. Nés à l’intérieur on ne peut ni ne veut en sortir. On a le choix dans sa vitesse. Nullement dans sa direction.

Date de dernière mise à jour : 29/12/2023

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