- Accueil
- Economie et société
- Le X, un métier comme un autre ?
Le X, un métier comme un autre ?
"Le travail pornographique" une enquête de Mathieu Trachman
Avec quelques années de décalage par rapport aux USA la pornographie est devenue un sujet d’étude (presque) comme les autres en France. Des enquêtes et des études qui se présentent comme sérieuses viennent éclairer d’un autre jour cet univers longtemps confiné aux caricatures. De plus, des réalisateurs sérieux s’y réfèrent explicitement comme Lars Von Trier dans son prochain film Nymphomaniac.
Les acteurs X sont-ils des vrais acteurs ? Au sens général du terme -jouer la comédie-, non. Le X est juste de la prostitution filmée. Rien de plus, rien de moins.
Le « métier » d’acteur X est la quintessence du travail déréglementé
Pourtant, on se pose régulièrement la question : le « travail » d’actrice ou d’acteur X est-il donc une activité comme les autres ? Ce thème a de l’importance à l’heure où tout le monde ou presque, quelque soit les âges, les milieux et les opinions consomment des produits « pour adultes ». Et cela de plus en plus jeune. Et le phénomène va en s’amplifiant : les flux prostitutionnels, le tourisme sexuel et le marché du X croissent rapidement depuis la chute de barrières politiques (mur de Berlin) ou l’affaiblissement réel d’organisations à même de « moraliser » la société (religions). C’est proportionnel au commerce international.
Image du film de L. Von Trier "Nymphomaniac", le X au service du cinéma normal ?
Dans une société médiatique où le paraître est une valeur en soit (plus on est vu plus on gagne de l’argent) la location des corps se veut un marché comme les autres (les mères porteuses sont à rajouter à cette catégorie). Le « métier » d’acteur ou d’actrice X est même la quintessence du travail à l’heure du libéralisme déréglementé : les films X ne connaissent ni frontières, ni barrières fiscales, ni limites indépassables. Internet a même ruiné les sociétés « à l’ancienne » qui proposaient peu ou prou des contrats relativement légaux. A présent, mise à part quelques majors le business du X est « amateur » ou « underground » et échappe davantage aux contrôles des autorités. Comme les banques d’affaires, elles aussi sans frontière. A la moindre critique on parle d'autorégulation…
Fréquemment et contrairement à une idée de reçue (une femme fait du X par plaisir et curiosité) la causalité première du passage à l’acte est systématiquement financière : les terres d’élection du porno sont toujours des pays en difficulté plus ou moins marquées (la Hongrie actuellement), quant aux paradis du tourisme sexuel ils se développent dans des zones anciennement sous-développées (Maroc, Thaïlande, Rep. Dominicaine…). Et les mères porteuses n'échappent pas à la règle.
Le ou la volontaire-type travaille au mieux en CDD, payé à la scène, à la tâche et nullement à l'heure ; généralement moins de 200 eur. et sans aucun intéressement à la diffusion sinon dans une certaine « célébrité ». La carrière dépasse rarement les 2 ans avec une multitude de demis-soldes du coït qui subissent une image publique dégradée pour seulement quelques minutes de vidéos accessibles… par tout le monde ! Le net ayant entraîné un changement radical par rapport aux années 70-80 quand le X circulait en circuit fermé ou sur une télé cryptée.
Le corps jeune et en bonne santé a une valeur en hausse dans une société vieillissante
Aujourd’hui le "travail du sexe" (prostitution, X, tourisme sexuel, "massages", etc.) se généralise du fait de la précarité des carrières professionnelles et surtout du fait que le corps jeune et en bonne santé a une valeur en hausse dans une société vieillissante, polluée et hantée par son propre déclin. C’est d'ailleurs le moteur de la pornographie japonaise, or le Japon est l’exemple abouti de société post-industrielle à la recherche de sa jeunesse perdue.
Le Japon, exemple d'une société où la jeunesse est une valeur
Sans droit du travail, délocalisé, sans aucun syndicat, sans aucune cotisations sociales (retraites, maladie…) la prostituée ou le professionnel du X est devenu LE salarié idéal du libéralisme du XXI°s. Utilisé -exploité- et prisonnier de son choix il disparaît du système du fait de la concurrence libre et non faussée. Un métier comme un autre donc.
Liens :
- De quoi le gonzo est-il le nom ?
- Hypothèse sur le sexualité humaine
Date de dernière mise à jour : 05/07/2021