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Contradictions égyptiennes (nov. 11)
Nouvelles manifestations en Egypte ! La police de l'armée laisse plus de 30 cadavres derrière elle...
Depuis plusieurs jours la place Tahrir au Caire est ocupée par un sit-in. Huit mois après l'éviction de Moubarak des milliers d'Egyptiens sont revenus au centre de la capitale pour exiger la fin du pouvoir militaire et de vraies réformes. Choses promises par l'armée lors du renversement de l'ex raïs.
Or, ce sit-in a dégénéré en affrontements quand des milliers de manifestants sont venus soutenir les occupants de la place : leurs revendications se sont précisé : libération des centaines de détenus opposés à l'armée dont le bloggeur Alaa Abdelfattah enfermé depuis le 30 oct. pour "incitation à la violence contre les forces armées" et jugement des policiers impliqués dans la mort de 850 protestataires en janvier dernier.
Dès lors l'armée a envoyé la police anti-émeutes et les affrontements ont fait au moins 30 morts au Caire et à Alexandrie ! Des scènes dignes des émeutes contre Moubarak.
De plus, dans le reste du pays les grèves se multiplient, les ouvriers égyptiens sont las d'un pouvoir militaire aux mannettes depuis... les années 50 ! Chacun sait que l'armée égyptienne a la main sur les principales richesses du pays.
Contre la junte qui ne dit pas son nom deux forces politiques (opposées) agissent encore de concert pour accéder aux responsabilités :
- Les islamistes. Ils sont très présents et très actifs. Les Frères Musulmans sont hégémoniques chez les islamistes et souhaitent une transition pacifique et progressive entre la junte et eux. Quitte à laisser à l'armée quelques miettes du gâteau. Mais des groupes salafistes, peut-être encouragés par l'armée, s'agitent et servent de repoussoir efficace pour la classe moyenne... Rien ne dit que l'état-major souhaite partager le pouvoir avec les Frères...
- La classe moyenne est impliquée dans les mouvements démocrates et libéraux.
C'est une mouvance floue et désorganisée. Ces gens étaient pourtant à l'origine des premières manifestations contre Moubarak et veulent la fin de l'ingérence politique de l'armée. Comme les Frères Musulmans ils rejettent la corruption et le népotisme de l'institution militaire. Reste qu'ils sont très méfiants vis-à-vis des Frères Musulmans, hostiles à toute liberté individuelle déclinée à l'occidentale.
incarnation de cette classe moyenne occidentalisée, cette bloggeuse qui a posé nue pour dénoncer le manque de liberté dans les écoles d'art en Egypte
C'est là la principale contradiction de la "révolution égyptienne" : si l'armée rentre dans ses casernes que se passera-t-il entre les islamistes plus ou moins durs et les libéraux occidentalisés ?
Les masses égyptiennes, énormes, misérables et rurales sont trop pétries de "traditions" pour rejeter l'efficace organisation des Frères Msulmans... Un épilogue tunisien n'est plus à exclure, mais pour aboutir à quoi ?
Dans une semaine le scrutin législatif s'ouvre en Egypte sur fonds de manifestations de masse contre l'armée et aussi de heurts contre les Coptes, dans le viseur de provocateurs...
Reste que les Frères Musulmans, sûrs de leur victoire électorale, refusent de soutenir le mouvement populaire actuel et préfèrent négocier avec l'Armée. Une preuve qu'ils ne sont pas révolutionnaires, mais bien politiciens.
Quant à l'armée, face aux désordres de plus en plus hostile à son pouvoir elle a maintenu les législatives et nommé un nouveau premier ministre, Kamal El-Ganzouri, un ex premier ministre de Moubarak. Bref, le nouvel ancien régime...
Liens :
L'Egypte ou le chaos du développement
Egypte, la révolution continue ?
Date de dernière mise à jour : 05/07/2021